Ou les Bordelais sont en plein accord avec Clemenceau (« la tolérance, il y a des maisons pour ça ! »), ou ils sont plus intelligents encore et soucieux de perpétuer Montaigne et Montesquieu que ne l’espérait le Maire de Bordeaux : le fait est qu’ils ont boudé « le grand rassemblement pour la tolérance » où les invitait Alain Juppé.
Je viens de voir les images de ce monumental événement : un large éventail de conseillers municipaux et autres élus ump, quelques affidés, quelques obligés, et comme l’a dit TV7 « quelques anonymes », au total un maigre bouquet de 150 personnes (chiffre de l’AFP).
Rien, ni pluie, ni orage, pour expliquer cette absence d’affluence qui n’avait d’égale que les plus ratés de nos « parrainages républicains » dans le même lieu. Une comédienne (et sans doute sa famille, pour grossir les rangs) lisant l’introduction de la déclaration des droits de l’homme, les cameras incapables de trouver un plan faisant effet de masse, et le soleil au dessus, rond et rieur, qui avait l’air de déclamer du Valéry :
« Midi le juste (…)
Beau ciel, vrai ciel, regarde moi qui change
Après tant d’orgueil… »
Tant d’orgueil, si peu de courage et de capacité à s’interroger sur sa responsabilité.
Si le rassemblement n’a pas été silencieux comme annoncé, il a été pire : la consécration de l’omerta politique de la majorité à Bordeaux.