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Conférence inter-religieuse ET citoyenne

Alain Juppé organise ce soir à Bordeaux une « conférence inter-religieuse et citoyenne ». En dehors de l’aspect électoraliste de cette manifestation comme de tant d’autres en ce moment, Alain Juppé est-il dans son rôle ?

C’est la question d’un lecteur de Sud Ouest dans ce journal. C’est aussi la mienne.

Et d’ailleurs, quel rôle ? Bien sûr, pas celui de Ministre. Il existe un Ministre des cultes qui s’appelle pour l’heure Claude Guéant et qui est comme tous les autres assujetti à la loi et dans ce cas en tout premier lieu à la loi de 1905. « La République ne reconnait, ne salarie et ne subventionne aucun culte ». Pas non plus me semble-t-il celui d’un Maire dont la conception de la (ou des) religions doit demeurer du domaine privé.

Il m’apparait que c’est aux religieux eux-mêmes d’être à l’initiative de ces rencontres qui, en elles-mêmes, me paraissent positives. Le dialogue des religions me parait indispensable, moniteur de réflexion, de sagesse et de modération mais la présence d’Alain Juppé, moins encore l’invitation en son nom et en son double titre de maire de Bordeaux et 1er vice-Président de la CUB, ne me parait pas opportune.

Pas davantage le cocktail qu’il organise à la suite de la manifestation dans les salons de l’hôtel de ville.

Et moins encore, la collusion entre les deux mots « religion » et « citoyen » qui sonne comme une excuse et démontre au contraire que toutes ces questions doivent être posées.

Bordeaux-ghetto

L’hôpital est un lieu de diversité sociale et d’égalite. Egalité devant l’épreuve de la maladie, sentiment d’égalité aussi et de partage entre les professionnels qui savent tous pourquoi ils travaillent et que ce « pourquoi » est le même pour tous.

C’est une grande force et pendant les 45 années que j’y ai passé, je n’ai eu à aucun moment ni le sens, ni la conscience d’une ghettoïsation sociale. Oui c’est vrai, une proportion importante des étudiants en médecine viennent d’un milieu favorisé –majoritairement médical- mais la matière sur laquelle ils travaillent évite l’esprit q caste, qui est d’ailleurs beaucoup moindre que dans certaines grandes écoles.

Depuis dix ans, j’ai pénétré dans la vie publique et depuis cinq je m’y suis consacrée. Cela m’a donné l’occasion de pénétrer aussi –si l’on peut s’exprimer ainsi- notre ville, ses rues, ses résidences, ses barres et ses tours, ses maisons insalubres, où des appartements minuscules s’entassent autour de paliers branlants, ses entrées remplies de poubelles débordantes, ses hautes portes à cuivres rutilants devant lesquelles je fais quelquefois du « délit de sale gueule » en me retenant d’y sonner…

J’y découvre, chaque année davantage la ghettoïsation, cette ghettoïsation redoutable qui finira par précipiter notre société dans le mur, qui fait que plusieurs mondes s’ignorent et finissent pas se craindre puis se haïr.

Hier dans un quartier que je ne veux pas nommer, connu pour le nombre de ses belles résidences modernes, j’ai eu l’impression d’un clônage. Mêmes personnes, mêmes âges autour et au delà du mien, mêmes appartements extrêmement soignés, dont un seul meuble signe le niveau social, même tenue « casual chic » de ceux qui m’ouvraient la porte, mêmes paroles, pas une note discordante et je l’avoue, pas non plus le plus petit signe d’intérêt pour le très beau document en forme de lettre que je leur apportais de la part de François Hollande. Politesse, quelquefois même courtoisie, mais cette distance des sachants et des entre-soi.

Je suis imperméable à toute forme de haine sociale dans quelque direction qu’elle s’adresse. Je comprends parfaitement qu’un couple aisé ou très aisé, une veuve du même métal, souhaite vieillir dans un cadre confortable à l’abri du bruit et des nuisances. Ce que je ne comprends pas, ce que je déteste même, c’est l’absence de curiosité de l’autre, l’absence de connaissance de l’autre, que finit par produire l’isolement dans des cocons sociaux. Relativement véniel à la fin de la vie (encore que), il est dramatique au début. Les ghettos de riches sont presque plus dangereux que les ghettos de pauvres. Que deviendront des enfants qui n’ont rien vu d’autres que leurs semblables, rien connu d’autres que les problèmes, les aspirations, les limites, les vices comme les vertus d’une caste alors que cette caste est une minorité et, malgré tout, une minorité menacée ?

Notre ville ne fait rien contre cette ghettoïsation. Des quartiers sont à l’abandon (cours de la Somme et de l’Yser), d’autres sont négligés, traités chichement, mal nettoyés au profit des plus riches. Cet été, la Mairie avouait qu’elle avait concentré les moyens de nettoyage dans les « zones touristiques », ce qui est une manière habile de dire la même chose.

Au dernier conseil de quartier qui se tenait au Grand Parc, on est passé assez rapidement sur la « réhabilitation » du cours Xavier Arnozan. J’invite les Bordelais à s’y rendre et à comparer l’état de son allée centrale, considérée comme indigne, avec celle comprise au Grand Parc entre le centre social et les barres GHI. L’indignité a Arnozan n’est pas mesurée à la même aune qu’ailleurs.

Plus gravement encore, les logements sociaux (trop peu nombreux) sont construits… dans les quartiers sociaux. Et au même conseil de quartier, a été présentée la construction de nouveaux logements par in Cité là où ils ne sont déjà que trop nombreux. Ceci alors même que l’Etat a vendu un bien de grande surface rue du jardin public à des promoteurs privés. Hélàs, François Hollande n’avait pas été élu encore : ces biens seront s’il est élu demain donnés aux collectivités à condition qu’y soient construits dans les 5 ans des logements sociaux.

Tout cela n’est pas seulement négligence : les plus pauvres maintenus entre eux se contrôlent mieux. Une habitante de la Bastide venait me voir il y a quelques jours pour me mettre au courant de la mobilisation de la communauté maghrébine par l’adjointe de quartier pour « récupérer le poste ». Récupérer le poste dans son langage, c’était bien sûr rendre à Alain Juppé le mandat qu’il considère de sa propriété. Et on lui demandait pour cela d’organiser des réunions où l’on viendrait expliquer, promettre et d’une certaine manière acheter.

Sauf que… Cette ghettoïsation tolérée, favorisée, non combattue, est mortelle. Elle est génératrice de haine, de violence et même de la part des plus pacifiques dont je suis, de révolte. Comment peut-on naître si égaux et mourir sans l’avoir jamais su ?

La douloureuse bouffonisation du pouvoir

Coeur étreint en regardant tout à l’heure un court extrait des voeux de Sarkozy à la presse. J’ai, dans un sous-entendu presque insconscient, cru voir un des ses princes à ce point tout puissants de s’amuser à jouer les bouffons devant leur peuple, un peu comme on lui jetterait des miettes pour le plaisir de le voir courir pour les ramasser.

Spectacle douloureux de ce monarque qui se contorsionnait pour paraître (faire) rire d’une situation tragi-comique dont il tente de reprendre le contrôle. Oui, malgré les contraintes économiques et financières, plus lourdes que la plus lourde des censures, la presse n’est plus ce bloc monolithique et hagiographique que Sarkozy à tenté d’imposer.

Rictus forcé, voix trafiquée comme celle d’un mauvais acteur, le Président avait échappé au contrôle botoxé de sa prestation de dimanche dernier. C’était, pour un spectacteur tant soit peu pénétré de ce que peut être l’Etat, la France, et tous ces grands mots qui ne sont bien souvent plus utilisés que comme des éléments de propagande, presque insupportable.

Je regarde peu, fort peu, la télé. J’en sors une fois de plus meurtrie. Pas de sa faute pour une fois, mais de la faute de son objet, si éloigné de son rôle et de sa fonction que la blessure se retourne contre nous (je ne parle pas individuellement) qui l’avons élu pour ce rôle et cette fonction.

Brève de campagne

Sur le terrain. Un notaire de mes amis, raisonnablement de droite comme sont tous les notaires, voire un peu au delà, m’accoste dans la rue :

-« Mais, Madame Delaunay, il est fou (sic), le Président ! Augmenter de 30% la surface constructible, c’est la mort de Bordeaux, tout le monde va rajouter un étage et vendre son bien à prix d’or ! ».

J’ai trouvé prudent d’opiner sans un mot, pour ne pas le blesser par un accord trop manifeste et voir où il allait aller.

– « Diminuer les loyers ! Tout au contraire ! Pour les travaux engagés, ll faudra un rendement. Qu’est-ce qu’on va faire ? Renchérir les logements, augmenter le prix des biens, vouloir du rendement… »

Je me suis dit que finalement, j’étais de son avis, et que peut-être dans une autre vie j’aurais pu faire Notaire et en même temps demeurer socialiste.

Une circonscription n’est pas une propriété foncière

Notre excellent quotidien Sud Ouest attribue une fois encore ce matin la propriété de la 2ème circonscription de la Gironde à son précédent locataire : Alain Juppé.

Combien de fois déjà, dans ce quotidien comme dans d’autres, désigne-t-on cette belle circonscription à laquelle je tente si fort de donner une identité et un nom « Bordeaux-2rives » qui la matérialise aux yeux des Bordelais, comme « la circonscription d’Alain Juppé ».

L’affaire n’est pas vénielle : elle accrédite l’idée que l’admirable députée (ma pomme) qui y a été élue en 2007 ne l’a été que « par effraction », selon l’expression malheureuse du Ministre Baroin.

Non, le pouvoir n’est pas la propriété de la droite comme l’ump en demeure persuadée. Non, malgré le record de ringardise de notre ville d’avoir élu 80 ans durant le Maire comme député du territoire dont je suis actuellement l’élue, celle-ci n’est pas le pré carré attitré et durable d’Alain Juppé.

Avant même que la loi sur le non-cumul des mandats parlementaires ne l’impose, j’ai très fort l’intention de le démontrer, une fois encore, en juin 2012.

Merci à tous ceux qui partagent ce désir de liberté, et aussi d’identité du mandat parlementaire, de m’y aider !

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel