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Katyn : la tragédie sonne deux fois

La tragédie qui vient de frapper la Pologne a une dimension historique qui explique que ce pays soit aujourd’hui en état de sidération. Les médias ont insuffisamment éclairé les circonstances de l’accident dramatique qui vient de décimer le pouvoir polonais.

Les 96 personnes qui viennent de mourir dans l’avion présidentiel se rendaient à Katyn, lieu emblématique d’une des plus grandes tragédies de l’histoire polonaise qui pourtant n’a pas été chiche en drames du fait de la situation géopolitique du pays. Cette tragédie a constitué aussi, pendant plusieurs décennies, la plus grande supercherie de la période de la guerre.

Le massacre de 22000 Polonais (officiers, responsables politiques, médecins, étudiants).., dont 4000 officiers tués un par un d’un coup de revolver dans la nuque dans la forêt de Katyn, a eu lieu en Avril-mai 40 pour décimer l’élite polonaise et briser la résistance du pays. Goebbels a été le premier à accuser les soviétiques, alors qu’au contraire ceux-ci mettaient le massacre sur le compte des nazis. La détestable personnalité du Ministre de la propagande a malheureusement servi les soviétiques qui ont maintenu leur position d’accusateur pendant des décennies. Le gouvernement russe n’a renoncé à nier qu’en 1990 et il venait, ces derniers mois, de reconnaître sa pleine responsabilité.

C’est à cette cérémonie de reconnaissance et de commémoration par les deux pays que se rendait avant hier l’élite politique polonaise : comment chaque Polonais peut-il ne pas recevoir ce drame comme une nouvelle sonnerie du glas de Katyn ? Même lieu, même date 71 ans après, mêmes acteurs (les Russes et les Polonais), même décor (la forêt), même conséquence (la décapitation de l’élite du pays), en nombre heureusement moindre.

Ce qui a changé, c’est que le peuple Polonais n’a à aucun moment pensé que les Russes pouvaient être à l’origine de ce dramatique remake de Katyn. Quant aux Allemands, moins encore : ils aident au contraire à développer le pays.

L’histoire tourne et le glas de Katyn ouvre peut-être un temps nouveau.

Santé navale : l’adieu aux armes

Nous avons baptisé hier la dernière promotion de l’Ecole de Santé Navale de ce seul et beau nom : « Santé Navale ». « Nous », ce sont tous les Bordelais, attachés à cette école comme à une partie de leur histoire et de leur avenir.

Ce sont d’ordinaire les noms de parrains de chair qui accompagnent les élèves d’une promotion tout au long de leur carrière et leur servent de modèle. Ce sera pour la promotion 2008, l’esprit de l’Ecole, sa tradition, son exigence, et ce viatique n’est pas le plus léger. Ils en ont conscience.

L’esprit de l’Ecole : la camaraderie, la fidélité aux valeurs et un peu de cet esprit frondeur qui fait qu’un médecin militaire n’est jamais un militaire qui est médecin. L’ordre des mots..

Ce sont 120 ans d’histoire bordelaise qui vont quitter notre ville. C’est son rayonnement de par le monde, porté par 9000 élèves depuis 1890, dont on savait qu’ils avaient appris à Bordeaux la manière dont ils soignaient, dont ils bâtissaient et dirigeaient des hôpitaux, dont ils fondaient des instituts de recherche, à Bamako, à Saïgon, à Gorée où un monument rend hommage à tous ceux qui sont morts de la fièvre jaune, à Madagascar, dans le plus petit des villages comme sur le théâtre des opérations militaires. Partout on savait que leurs maîtres et leur Ecole étaient à Bordeaux et certains y revenaient pour contribuer au prestige de son Université. Tout cela a été clos par Alain Juppé d’un lapidaire « Santé Navale est morte, vive Santé Navale ! » qui a glacé la nouvelle promotion à laquelle le discours était destiné.

Santé Navale n’est pas morte, mais « elle a été sabordée et, depuis deux ans, elle se meurt dans le silence des institutions ». Cette fois ce sont les mots du Président de l’ASNOM, l’association qui réunit les anciens élèves répartis de par le monde. Beaucoup étaient présents hier (près de 3000), retrouvant la complicité des promotions et l’amitié des familles matriculaires.

Les Navalais, bien souvent bretons, sont peu expansifs. Ils se sont exprimés sous la forme d’un film qui mélange avec pudeur document de l’histoire de l’Ecole depuis 1940 et petites scènes contemporaines d’une apparente légèreté. Tout le monde, dans le grand amphithéâtre du Palais des Congrès, avait le coeur qui lui poignait.

« It’s not an error, it’s a mistake » , dirait-on dans la Royale. Laisser partir Santé Navale de Bordeaux est une faute. Pourquoi, alors que tout était possible, y compris la réunion dans notre ville de l’Ecole de Lyon et de celle de Bordeaux ? Le Maire de Lyon n’a pas spécialement bataillé pour l’emporter : il savait sa ville moins liée à cette Ecole que ne l’est la nôtre.

Pourquoi ? Pourquoi en effet ? Pourquoi, ce que Chaban avait obtenu en 1980, réunissant les élus de toutes sensibilités pour défendre sa ville, n’a-t-il pas été possible en 2007, n’a-t-il pas même été tenté ?

La réponse est-elle peut-être contenue dans les projets du futur Président de l’EPABE (l’Etablissement Public d’Aménagement Bordeaux-Euratlantique) qui va transformer le quartier de la gare en une petite « Défense »? La faute ne serait que plus lourde et notre « Adieux aux armes » plus douloureux.

Aux Navalais eux-mêmes, nous disons ce que Jean d’Ormesson, a dit à Simone Veil, en l’accueillant sous la coupole :
-« Messieurs, nous vous aimons . »

No comment

Je me suis faite une règle de ne jamais regarder le journal télévisé.

C’est encore trop : un moment de faiblesse ce soir sur l’une de nos trois grandes chaines et je verse dans cette humeur acariâtre où la télévision a le don de me mettre.

Première séquence : une commandant(e) de commissariat est intervenue dans un établissement scolaire où sa fille vient d’être insultée. Mine pincée de ses supérieurs « il ne faut pas mélanger les genres et la commandant(e) aurait du s’en tenir à son rôle de parent d’élève ». Ton moins amène encore du journaliste et des enseignants prêts à morigéner la commandant(e) coupable d’agir hors de ses prérogatives.

Sujet suivant, sans transition. Le Président de la République diligente urbi et orbi, avec tous les moyens de nos forces de renseignement et de justice, une enquête pour identifier l’origine des fuites concernant « sa vie de couple ». Les têtes menacent de tomber; Plusieurs déjà sont courbées.

No comment. J’ai éteint le poste, furax comme d’hab.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel