Billet d’humeur sur l’actu parlementaire
Chaque mois de juillet, depuis le début de cette législature, nous avons droit à l’examen d’un projet de loi aux lourdes conséquences, que le gouvernement préfère passer en catimini pendant les vacances de nombreux Français.
L’année dernière, il faisait passer les droits et devoirs des demandeurs d’emploi (à savoir plus honnêtement : leurs devoirs et les sanctions avec peut-être de futurs droits dans une éventuelle prochaine loi).
Cette année, après le travail le dimanche, nous abordons un texte non moins pervers et dangereux en commission des finances : l’ouverture à la concurrence et régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne. Les opérateurs de jeux se sont empressés de solliciter les députés pour féliciter le gouvernement français de ce qu’ils considèrent comme une « avancée majeure ».
Si les jeux d’argent et de hasard en ligne ont été exclus de la directive services jusqu’à aujourd’hui, c’est au nom de l’ordre public et social. Le PMU et la Française des Jeux conservaient donc un monopole pour des raisons d’intérêt général.
Aujourd’hui, l’offre illégale s’étant développée sur la toile, le gouvernement veut légiférer à tout prix et les opérateurs (y compris les illégaux) se régalent déjà du projet auquel ils ont fortement contribué :
des taux de prélèvements plutôt cléments de l’Etat sur les gains,
des mesures de prévention inexistantes ou sans moyens clairs au regard des dépendances aux jeux déjà constatées,
une amnistie pour certains sites illégaux qui seront les premiers à avoir un agrément,
la création d’une haute autorité de régulation noyautée par les opérateurs de jeux, sans pouvoirs réels de contrôle et de sanction.
Ce projet, c’est, et je ne cesse de le dénoncer, l’acceptation d’une société atteinte par des formes nouvelles d’addiction.
L’augmentation de l’offre de jeux en ligne entraînera inévitablement une augmentation de la demande, et cela en période de crise économique et sociale, à l’heure où de nombreux Français sont endettés et vulnérables. La dépendance à l’écran n’en sera que plus forte et les effets colatéraux que plus graves (alcoolisme, tabagisme, dépressions…).
Alors pourquoi un tel projet de loi maintenant ?
Parce-que la Commission Européenne nous presse de légiférer ? FAUX.
Elle n’a émis qu’un avis motivé qui n’obligeait en rien le gouvernement à prendre cette direction. Il fallait simplement instaurer des garde-fous légitimant le monopole du PMU et de la Française des jeux au nom de l’ordre public et social.
Alors, je répète, pourquoi un tel projet de loi maintenant ? A vous de cocher la réponse qui vous semble la plus pertinente :
parce-que les intérêts financiers passent aujourd’hui avant l’être humain,
parce-que le lobbying des opérateurs de jeux a été très efficace,
parce-qu’on nous parle matin, midi et soir de développement durable et d’espèces en voie d’extinction, mais qu’on oublie trop souvent ce que l’on fait de l’Homme et de la société dans son ensemble.