La démocratie bordelaise demeure un rêve inatteignable, et le conseil de quartier Grand Parc-Paul Doumer du 24 novembre l’a éloignée plus loin encore d’un début de concrétisation.
La soirée entière a atteint l’exemplarité de ce qui ne devrait être en aucun cas un Conseil de quartier : rangée stalinienne d’élus ump (11 sur l’estrade, plusieurs dans la salle), contrefort de 17 employés des services ou de la police, donnant à l’ensemble l’aspect avenant du politburo quelque part en Askazie occidentale du temps de Brejnev.
Cette impression plaisante ne manquait pas d’être renforcée par la présence du commissaire Doutre, en cœur d’estrade. Cet éminent fonctionnaire d’Etat est semble-t-il considéré désormais comme faisant partie des services de l’ump puisqu’il ne manque aucun conseil de quartier, où il est convié à un petit couplet sécuritaire qui montre la belle continuité de l’Etat ump du national au local.
La composition de la salle n’est pas davantage laissée au hasard : rang compact en première ligne de militants d’âge certain, aguerris à des années d’applaudissement depuis les riches heures du RPR ; appel massif à un complément de forces quand, après une demi-heure, on s’est aperçu que la salle était loin d’être pleine.
Je ne retiendrai ici qu’un moment, particulièrement affligeant ou savoureux, comme on veut. Symptomatique en tout cas.
J’ai proposé, il y près d’un an au Maire de Bordeaux et à SA municipalité, de financer grâce au Fonds Départemental d’Equipement des Communes (90 000 euros) mis à disposition de celles ci par le Conseil Général un projet de jardins partagés sur le territoire du Grand Parc.
Au Grand Parc, où les âgés sont nombreux et où est implantée une RPA, ces jardins partagés sont susceptibles de constituer un lien intergénérationnel dont toutes les expériences déjà réalisées démontrent l’intérêt et l’agrément pour grands et petits.
Ce projet de jardins partagés ayant été évoqué à plusieurs reprises lors des ateliers de quartiers comme lors du forum social, j’ai renouvellé ma proposition au Maire pour l’année 2010 .
Lors du Conseil d’hier, l’adjointe de quartier, aidée d’un fonctionnaire, a présenté ce projet de jardin partagé, non au Grand Parc, mais au parc Rivière. Les Bordelais savent que l’un et l’autre sont voisins mais séparés par un mur de verre qui fait que les habitants du Grand Parc ne se rendent jamais au parc Rivière qui demeure tout entier réservé à la bourgitude de bon aloi des quartiers Tivoli et Labottière.
Je me suis alors permise de me réjouir que mon projet soit repris, en regrettant toutefois qu’il ne soit pas localisé là où il serait beaucoup plus nécessaire, et j’ai manifesté mon étonnement que ma proposition n’ait jamais reçu la moindre réponse du Maire.
Absence de réponse n’est pas méconnaissance ! L’adjointe a sorti ma lettre de mars 2009, en a lu un paragraphe mais n’a pas jugé nécessaire de s’excuser de l’absence de réponse, non plus que d’expliquer le motif du rejet du financement du Conseil Général.
Ce motif est simple : empêcher la Conseillère Générale de pouvoir se prévaloir d’une réalisation identifiable et appréciée des Bordelais. La Mairie de Bordeaux appelle volontiers le Conseil Général a contribution mais à la condition stricte que le Maire et le Maire seul pourra porter le projet à son crédit.
Les jardins du parc Rivière n’auront donc de partagé que le nom : le Prince en aura seul le bénéfice.
‘Voir aussi sur le sujet le contenu de mon intervention au Conseil de quartier en page « Bordeaux »