Grande cause nationale ou OPA politique ?
Il est quelquefois difficile d’adhérer à des propos que pourtant, fondamentalement, on partage. C’est le cas quand les faits et les bouches qui les prononcent sont en totale contradiction avec ce qu’ils signifient.
Hier, lors de la manifestation de lancement de « Solitude, grande cause nationale de l’année », le Maire de Bordeaux et Roselyne Bachelot, ont appelé à quelques grands principes : reconnaître à chacun son rôle et sa place, agir en réseau de solidarité, mettre en valeur chacun des acteurs, inciter chacun à se sentir responsable et reconnu… Je pourrais faire plusieurs lignes de ces phrases bénévolentes que l’on voudrait pouvoir croire.
Comment, en effet les croire, quand l’acteur principal de la Solidarité dans notre Département, le Conseil Général était exclu de la tribune ? Et quand le Maire de Bordeaux, dont les Associations partenaires avaient reçu l’engagement qu’il s’en tiendrait à accueillir la Ministre et les participants n’a parlé que de l’action de sa ville, n’a cité que ses adjoints, n’a rendu hommage qu’à lui-même.
Cette première séance était focalisée sur la solitude des SDF. Nous avions, avant les discours d’ouverture, visité le centre Tregey mis à disposition par le Conseil Régional pour accueillir et accompagner vers la réinsertion 60 SDF. Le Maire a-t-il rendu hommage à ce partenaire, a-t-il mis en valeur les contributeurs, a-t-il évoqué l’action du Diaconat dans ce centre ?
Que nenni évidemment. Tous l’ont noté, tous l’ont regretté. J’ai eu un serrement de coeur particulier d’entendre le Préfet annoncer à la Ministre qu’il avait activé le niveau II du plan grand froid et pour cela loué 40 chambres d’hôtel supplémentaires, ouvert un gymnase, après la salle municipale Gouffrand dont l’inadéquation à cette fonction a amené la croix rouge qui s’occupait des lieux à jeter l’éponge.
Pourquoi ai-je été choquée : parce que toutes ces dispositions sont moins appropriées et plus coûteuses que l’utilisation des 22 places du bâtiment Alizée de l’Hôpital Charles Perrens, que nous mettons à disposition et qui sont utilisées chaque année depuis 2007 à la satisfaction de tous. Pourquoi leur préférer un gymnase, des chambres d’hôtel, un salle municipale ? Parce qu’en ma qualité de Conseillère générale je suis présidente du CA de Perrens et qu’il y a des élections cantonales.
J’ai beaucoup hésité à écrire ce billet. Les réactions des militants associatifs qui sont restés des heures durant dans leur stand dans un froid ardent m’y incitent. Ils m’ont tous accueilli en se félicitant que je rééquilibre un peu le poids de la présence bi-ministérielle. Tous connaissent la part du Conseil Général dans leurs actions, à un degré bien moindre puisque je ne dispose que de ma réserve parlementaire, la mienne.
Qu’ils soient avant tout remerciés de leur action pour pallier aux insuffisances de l’Etat et rétablir du lien social là où il est, chaque jour davantage rompu. Qu’ils sachent que nous demeurons prioritairement à leurs côtés.
Brève de campagne
Conversation ce matin, dans ce que les Bordelais considèrent comme un « très grand froid », doublé par un vent paralysant, place Pey Berland. On en arrive à évoquer les élections cantonales.
– « C’est vous qui avez cette grande affiche sur un magasin, cours de Verdun ? »
Un peu penaude, je réponds que non, ce n’est pas moi justement, mais ma concurrente ump. Et mon interlocutrice, militante associative me fait ce cadeau :
-Ah, eh bien je vous remercie ; ça m’aurait tellement décue !