Régularisation des immigrés qui travaillent : une occasion à ne pas manquer
Eh oui, pour Nicolas Sarkozy, une occasion unique de mettre des faits en face des paroles. Dans son allocution du 24 avril, il a été plus que discret sur « le Président du pouvoir d’achat », mais a répété plusieurs fois qu’il voulait être le Président de la revalorisation du travail.
Peut-on imaginer meilleure occasion de le montrer ? Des immigrés sans papiers qui travaillent, se lèvent souvent tôt et se couchent tard pour assurer des métiers exigeants, qui bien souvent payent des impôts, comment peut-on imaginer de les laisser « sur le bord de la route », pour reprendre l’expression dont se gavent les ministres ?
J’ai écrit au ministre de l’Immigration le jour même où l’on a appris qu’en Ile-de-France des guichets allaient être ouverts pour envisager concrètement la régularisation des sans-papiers grévistes, afin que cette mesure de bon sens soit étendue à tous les départements, et bien sûr, au nôtre.
A ce propos, une interrogation. « Le Monde » donne dans son édition du 26 avril les propos exacts du Président sur le sujet que nous évoquons. « J’ai vu un certain nombre de déclarations hypocrites dans ma vie politique, mais alors, au bal de l’hypocrisie, il y avait du monde (sur ce point, le fait que les patrons ne savaient pas que leur employés n’avaient pas de papiers en règle, il n’a peut être pas tort à 100%..) « Je rappellerai un chiffre. Il y a 22% de chômeurs chez les immigrés réguliers… » »
Vingt-deux pour cent ? D’où sort ce chiffre ? Des journalistes curieux ont interrogé ici et là. « De l’agence nationale pour l’emploi » a répondu le ministère de l’immigration. Hélas, pour Brice et Nicolas, l’ANPE a aussitôt démenti. « Nous ne faisons pas ce genre de statistiques, voyez plutôt l’Insee.. ».
Hélas encore, l’Insee ne s’est pas montré plus compliant. « Il y a bien une étude de 2006 montrant que le taux de chômage dans la population immigrée est de 15,5%, mais attention, cela recouvre toute personne résidant en France mais née étrangère dans un pays étranger ». Un exemple : un retraité britannique ou allemand résidant dans notre belle Aquitaine est légitimement un immigré. Dans cette même belle Aquitaine, 6 immigrés sur 10 sont en effet des européens.
Une approximation de plus … La plus grave a sans doute été la confusion entre « naturalisation » et « régularisation ». Tout cela me fait souvenir des réponses catégoriques de Juppé ou de ses colistiers chaque fois que, dans des débats lors de la campagne municipale, nous énoncions un chiffre. « C’est faux… ». Le ton était toujours si péremptoire que beaucoup d’auditeurs ont dû le croire. Comme beaucoup d’auditeurs ont dû croire aux 22% de Sarkozy.
Bon, soyons beaux joueurs. Si Brice Hortefeux répond favorablement à mon courrier, et régularise les immigrés qui travaillent, nous passerons sur ces chiffres hasardeux.
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