les jeux en ligne pour les nuls (II)
Le débat est entamé et, très honnêtement, je pense qu’il n’est pas mauvais qu’il y ait une gauche pour s’inquiéter de la distance qui s’élargit tous les jours dans notre pays entre les patriciens de l’argent et les plébéiens que l’on voue aux jeux, non du cirque, mais du casino.
Poursuivons nos questions …
– La « légalisation » est-elle rendue obligatoire par les directives européennes ?
Pas le moins du monde ! En juin dernier, c’est ce qu’a avancé le Gouvernement pour justifier son projet. Malencontreusement (pour le dit gouvernement) cet été, la Communauté européenne a rendu un avis qui a clos définitivement le débat. Il s’agit de l' »arrêt Santa Casa », autorisant le 8 septembre dernier l’Etat Portugais à maintenir comme il le désirait le monopole des jeux, en considérent qu’il ne s’agissait aucunement d’une activité économique comme une autre et qu’au contraire, il s’agissait d’un enjeu de société où chaque pays doit être en concordance avec ses choix, ses traditions et ses valeurs.
Tout est dit.
– Le projet ne sera bénéfique ni pour les conditions des parieurs, ni pour leur santé, et moins encore pour leur pouvoir d’achat. Au moins sera -t-il bénéfique pour le budget de l’Etat qui en a grand besoin ?
Pas du tout. Le Ministre l’a dit et redit : il n’en attend aucune rentrée fiscale supplémentaire. Les dispositions très favorables faites aux opérateurs légaux, les « ristournes » anticipées faites aux opérateurs de casino, dont la clientèle fléchit, effaceront le supplément potentiel de bénéfices.
Pas davantage, la loi si elle est adoptée ne créera pas un seul emploi ; elle ne relancera pas la consommation, tout au contraire, elle ne participera en rien à la vie économique du pays.
– Au moins, elle ne coûtera pas ?
On est malheureusement de répondre : « Si ». Certains estiment à 10 à 15 euros par Français le coût prévisible des soins des joueurs pathologiques ; sans compter le coût social des vies professionnelles brisées, des familles explosées. Pour ne pas avoir à l’apprécier, le Gouvernement n’a demandé aucune étude d’impact de ce texte, alors que la révision constitutionnelle l’impose. Une sorte d’aveu…
– A qui bénéficiera ce texte ?
Exclusivement, au gros opérateurs qui nous pressent depuis des mois de légiférer, car ils veulent que la publicité soit pleinement opérationnelle au moment de la coupe du monde de footbal dont ils attendent de gros profits. Au passage, ils seront ammistiés pour leur activité illégale antérieure.
J’ai évoqué dans un précédent billet les connivences de ces opérateurs avec le pouvoir.
Ceci explique cela.
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