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Deux ou quatre grains d’Ellébore

Ce ne sont pas des grains mais bien quatre élabores en pot qui viennent de rejoindre mon jardin. Un peu tard peut-être car ce n’est qu’en hiver que l’éllébore fleurit ce qui lui vaut le nom ravissant de « rose de noël. Mes quatre nouvelles venues portent encore leurs fleurs, blanches ou très légèrement rosées. Bref, je les aime depuis plusieurs générations et s’ajoute à leur aimable présence le souvenir de celles qui ont rejoint la maison chaque année.

Les grains d’Ellébores sont depuis le XVII ème siècle réputés tout pour leur bénéfice sur la sagesse et la clarté d’esprit. Dans « le lièvre et la tortue » Lafontaine, via le lièvre, tente d’amener la tortue à la raison quand elle prétend que le lièvre « n’atteindra pas la destination fixée sitôt qu’elle »

« ma commère il faut vous purger avec quatre grains d’hellébore.. »

La dose est forte : le bon sens de l’époque n’en recommandait que deux aux fous et aux présomptueux. L’efficience devait être incertaine car la pharmacopée n’en a pas conservé l’usage.

Revenons à la plante : discrète, si ce n’est en hiver où elle est presque seule à fleurir ; résistante et sans prétention autre que son nom d’origine grecque qui fait que mon correcteur automatique veut à chaque formulation m’imposer « Hellébore » qui est au demeurant correct. Est-ce que tout cela mérite dissertation ? Non, mais je n’avais de coeur qu’à ces petits réconforts et mes éllébores ne sont encore pas en graine.

Chiffres de mortalité dans les EHPAD : meilleurs que quand ils étaient pires

C’est bête à dire, mais dans la profusion d’informations sur le covid (le virus) et la covid (la maladie), j’ai consacré la moitié de l’après-midi à la recherche des chiffres actuels de mortalité dans les EHPAD.

Dans la presse : rien. Ni grand quotidien, ni journal local, pas davantage autres médias, ne s’interrogent. Autant les résidents d’EHPAD ont fait la Une lors de la première vague de l’épidémie, autant ils ont brutalement disparu. Deux explications : soit tous sont morts, soit tous ressuscités. Pour mémoire, au cours de cette première vague, ces résidents qui correspondent à 1% de la population nationale ont été à l’origine de 50% des décèsdus au covid (deux tiers morts dans l’établissement, un tiers transféré à l’hôpital). Ces chiffres laissaient espérer un suivi pour répondre à la question posée plus haut.

Me voilà donc engagée dans la lecture, crayon en mains, du dernier point épidémiologique  (en date du 7 février) de « Santé publique France », institution d’une grande rigueur et d’une grande précision dans la communication des données.

Ce n’est qu’à la page 31 de ce point épidémiologique qui en compte 60 que j’ai trouvé trois lignes consacrées aux « établissements de soins du secteur médico-social » (ESMS), vocable qui n’est pas connu de l’entièreté de la population à l’inverse de l’acronyme « EHPAD », lequel avait pourtant bien mal commencé.

Bref, je me suis sentie rassurée : tous les résidents d’EHPAD qui constituent la grande majorité de ces bénéficiaires d’EMS n’étaient pas morts lors du premier mauvais vent. 

De ces trois lignes ressortent quelques chiffres. Entre le 1ermars 2020 et le 7 février 2021, 

23 499 résidents d’EHPAD sont morts du covid au sein même de leur établissement. S’y ajoutent 9180 autres résidents qui ont été transférés en service de réanimation où ils sont morts, soit un total de 32 679 décès de résidents dus au covid.

Rapporté au nombre total de morts du covid à même date , ce sont 40% des victimes de la pandémie qui sont des résidents d’EHPAD.

Incontestablement, ces chiffres sont meilleurs que s’ils étaient pires, comme ils le furent lors de la première vague (50%)  ; ils ne sont cependant pas insignifiants et qu’ils ne soient évoqués par personne (ni élus, ni ministres, ni médias) peut interroger.

« Quand on s’interroge, c’est bien souvent qu’on s’est déjà répondu ». Et je suis dans ce cas. Il y a une claire volonté de ne pas alarmer et de ne plus poser la question de la surmortalité épidémique des EHPAD. 

Mais la question n’est que repoussée : pourquoi ?

Un solide coup de pouce

En Allemagne vient d’être conclus, entre un syndicat important (VERDI) et le patronat un accord salarial majeur. Comme en France, les aides-soignant(s) sont mis à lourde épreuve par la pandémie et l’augmentation continue du nombre de grands âgés. Le métier est peu attractif et la première raison en est la faiblesse des salaires ainsi que leur manque de progressivité.

A Berlin, une augmentation du salaire minimum horaire vient d’être conclue et garantie jusqu’à 2023.

-salaire de base 14 euros 40

-en cas de formation supérieure à 1 an : 15 euros 2

-en cas de formation spécialisante : 18 euros 75

Ce qui correspondra pour un temps de travail de 39 h semaine en juin 2023

à 2440 euros mensuel pour la 1ere catégorie

2580 euros pour la deuxième catégorie

3180 euros pour la troisième

Je retranscris ici strictement les données qui viennent d’être publiées par la Suddeutsche Zeitung. Ceci pour aider les aides-soignant(e)s de France à exercer une douce pression sur les décideurs de leur progression salariale.

Une inquiétante rencontre

En France aujourd’hui deux chiffres se rencontrent de manière douloureuse et inquiétante. Ce sont en effet 75 000 décès qui sont dus cette année respectivement au tabac et au covid.Ce devrait être un électrochoc pour chacun de nous.

Le premier chiffre est le moins coûteux à réduire puisqu’il dépend en tout premier lieu de la volonté de ne plus fumer. Le second dépend de notre respect des mesures barrières, du taux de vaccination et de notre volonté/possibilité de limiter les contacts sociaux.

Au final, les deux dépendent en grande partie de nous et notre belle espérance de vie, gagnée par les progrès médicaux des 50 dernières années marquera, sans je l’espère trop de marche arrière, le résultat de nos efforts.

Les crayons

J’ai une grande et longue amitié pour les crayons, ces simples et honnêtes outils de tout travail d’écriture. Ils ont la noblesse de la modestie et du faible coût et surtout, à leur actif, des années et des pages « noircies » par petits et grands, depuis des siècles. Aussi vieux que la plume métallique, solide et écologique, le crayon je l’espère n’est pas prêt de disparaître.

Cette longue amitié m’a conduite à une action que l’on ne peut vraiment qualifier de délictueuse, car son objet était mis à disposition et généreusement offert à celui que l’on invitait à s’en servir.

Sur la table du Conseil des Ministres est en effet chaque semaine déposé à la place de chacun un solide crayon en bon bois que je croyais alors venir de nos forets.

Je dois l’avouer, à chacune de ces séances, j’ai fait définitivement mien le crayon qui m’était attribué. Une manière simple et durable de compter le nombre de Conseils auxquels j’aurais l’honneur d’assister. Marque française en lettres dorées ( « Gilbert ») et gravé en plus petits caractères « BIC » : l’honneur de l’industrie française paraissait définitivement sauvé, ce qui était bien le moins puisque l’acquéreur était l’administration française et plus précisément celle de l’Elysée. Un regret cependant : la dénomination de tradition « Gilbert et Blanzy Poure » était partiellement escamotée.

Mon demi-forfait a fait école et je connais plusieurs ministres qui ont également conservé et réuni leurs crayons. Les miens siègent dans un petit vase rectangulaire en simple verre, sur le rebord de ma bibliothèque, comme s’ils étaient mis à disposition de chacun des auteurs des rayons supérieurs.

L’histoire est édifiante et pourtant elle vient de connaitre un douloureux écueil. Une équipe de télévision qui s’était installée dans les lieux m’interrogea sur ma crayonnophilie et je racontai l’histoire. La journaliste plus facétieuse que la moyenne, s’empara de l’un des crayons, l’installa sous la lampe et à son courroux comme au mien dévoila une minuscule gravure juste enfoncée dans le bois « made in China »…

Ma fierté et celle de mon bouquet de crayons en prit un coup. Imaginait-on Voltaire, installé dans le plus haut rayon, s’emparer d’un crayon fabriqué en Chine ? Pas davantage, Chateaubriand et Mauriac, installés à plus grande proximité sur les rayons du bas, n’auraient accompli ce parjure. Tous les deux pourtant ont connu et utilisé le crayon, mais ni l’un ni l’autre n’auraient accepté qu’il ne vînt pas de la forêt bretonne ou des pins des Landes.

J’avoue avoir conservé quelque rancoeur à François Hollande de n’avoir pas veillé à la nationalité des crayons élyséens. Lui-même -comme après lui Emmanuel Macron- disposait à sa place d’un crayon plus majestueux et plus volumineux : il s’agit d’un crayon à deux bouts s’ouvrant sur une mine rouge à une extrémité et une mine bleue à l’autre. Ce type de crayon a été utilisé pendant des décennies par maîtres d’école et professeurs pour souligner les fautes et annoter les cahiers de leurs élèves : il est incontestablement la marque de l’autorité.

Hélas, ce crayon présidentiel n’a jamais été mis à ma disposition pour que j’en puisse vérifier l’origine. Puisse mon histoire monter jusqu’aux grandes oreilles de l’Elysée et l’honneur de la patrie être enfin rétabli si, par une coupable faute, le crayon du Président de la République était, comme le virus, originaire de l’Empire du milieu.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel