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Loi Évin : un vote inutile, dommageable et décrédibilisant

Communiqué de presse de Michèle Delaunay – 25/11/2015


Bordelaise, fière de mon territoire, de sa réputation multiséculaire et universelle, j’ai appelé hier à ne pas voter, dans une loi de santé publique, un affaiblissement de la loi Évin, texte fondateur de nos politiques de santé.

Avec l’arrivée dans l’hémicycle de nombreux députés repartis sitôt après le vote, ce sont des intérêts commerciaux qui ont contrecarrés nos efforts pour lutter contre les dégâts sanitaires et sociaux des addictions de toutes sortes, alors même que la loi Évin, parfaitement équilibrée, permet déjà une large publicité que chacun peut constater tous les jours, sur les affiches dans les journaux et les magazines, comme dans nos boîtes aux lettres.  L’amendement voté hier déverrouille, de plus, la publicité à la télévision et ouvre de nouveaux champs, où s’engouffreront bien davantage les alcooliers que nos vini-viticulteurs, en raison du coût exorbitant de ces vecteurs publicitaires.

Le vote d’hier, et celui du Sénat précédemment, ne plaident pas pour l’indépendance de jugement du Parlement.

 

Loi santé : intervention en discussion générale

Monsieur le Président, Madame la Ministre, Mme la Présidente, chers collègues,

 

Permettez moi tout d’abord de rendre hommage à toutes les victimes des jours tragiques que la France a vécu et de saluer  mes confrères et l’ensemble des soignants pour leur engagement , puis leur fierté d’avoir sauvé des vies, évité des amputations et des drames plus grand encore. Non, les métiers du soin, du secours et de l’aide ne sont pas des métiers ordinaires comme ne l’est pas non plus la santé sans laquelle aucune de nos valeurs ne trouve son plein exercice.

Le texte que nous allons de nouveau examiner a un caractère décisif dont aucun article, aucun amendement n’est indemne

–       décisif pour tous les Français, pour leur qualité de vie à tous les âges, pour leur longévité. La santé est notre meilleur outil et notre meilleur atout dans toutes les circonstances de la vie. A nous tous d’être à la hauteur de ce grand rendez-vous qu’est une loi de santé publique

–       décisif pour l’avenir de notre système de santé et de notre sécurité sociale, unique trésor de ceux qui n’ont rien, allié du nouveau-né comme du grand vieillard

Trois clefs et seulement trois pour nous garantir de pouvoir assumer autant le coût de ce formidable cadeau qu’est la longévité que les remarquables progrès technologiques et thérapeutiques que connaît la médecine, en particulier dans le domaine du cancer :

1-la prévention,

2-la prévention

3-la prévention c’est à dire la réduction des maladies et des évitables et de leur formidable coût sanitaire et social

Je veux dire : une politique de prévention ferme, assumée dans ses objectifs ce qui n’est pas toujours le cas, convaincue pour avoir quelque chance d’être convaincante ; bien au delà de celle, trop souvent incantatoire, que nous pratiquons depuis des décennies dont les résultats sont maigres, sinon d’augmenter la fracture entre ceux qui y sont le plus accessibles et au contraire ceux qui y ont culturellement, matériellement le plus éloignés. Leur santé doit être pour nous une priorité plus grande encore ;

Faisons un rêve : celui de voir proposé à notre ambition et à celle de tous les Européens, au lieu du CAC 40, du DAX, du dow jones, ou du nikkei, un barometre de la santé sociale, taux de mortalité prématurée, taux de suicide, prévalence du tabagisme, alcoolisme des jeunes, couverture vaccinale..  Les Européens auraient plus de fierté à les voir réduits de moitié que de n’entendre parler que de leurs dettes et de la notation de l’agence Moody ou de standard & poors

Le renforcement de la prévention, qui constitue l’un des piliers de ce texte, est cependant fragilisé par des initiatives visant à satisfaire à des intérêts autres que la santé publique : mes chers collègues, dans une loi de santé, il s’agit de santé, rien que de santé pas d’œnotourisme, et pourtant vous savez à quel point je suis attachée à ma région ; pas non plus de défendre des intérêts financiers de toutes sortes pas même d’accompagner les buralistes dans l’évolution de leur métier, comme nous le souhaitons tous, sans qu’eux-mêmes acceptent de décrocher leurs revenus tabac des volumes vendus. Sans cela, nous ne parviendrons pas.

 

Ayons une vision politique de la santé !  Demain, si nous faisons rien, tous nous serons comptables des dégâts sanitaires causés par les  drogues de toutes sortes : 220 morts par jour du tabac en France ; 130 de l’alcool et des milliars de jeunes qui entrent chaque jour en addiction.

Nous savons, comme nous savions hier pour l’amiante, ne laissons pas dire demain ni jamais que nous n’avons rien fait.

 

« Soyons unis, soyons libres, soyons forts »

Le voeu doublé de volonté qui a accompagné toutes mes campagnes n’a jamais été aussi fortement d’actualité. Notre union est la condition de notre force et celle-ci est la condition de notre liberté.

Cela vaut pour chacun de nous. Hommes et femmes politiques bien sûr, qui à l’approche des échéances électorales ne donnent pas toujours un spectacle à la hauteur de la gravité des enjeux pour notre pays. Pour ma part, je fais la plus grande attention à donner des signes de cette unité, au quotidien sur le terrain mais aussi dans les réseaux sociaux où je relaye volontiers toutes les paroles de concorde d’où qu’elles viennent.

Mais chaque Français doit aussi se sentir comptable de cette unité. Tous les mots capables d’engendrer la haine, la division ou l’exclusion, doivent être bannis. Nous devons retrouver la fierté d’appartenir à une communauté nationale solide et contribuer chaque jour à cette solidité.

Soyons unis donc. Jacques Chaban Delmas avait l’habitude de dire à ses interlocuteurs en les quittant « soyez heureux ». Je reprends volontiers à mon compte cette formule : soyons heureux et continuons à vivre !

Temple des Chartrons – financement de l’étude de restauration en Conseil Municipal

Emmanuelle Ajon est intervenue en Conseil municipal cet après-midi en nos deux noms sur la délibération autorisant le financement de l’étude de restauration du Temple des Chartrons. J’étais absente car retenue à l’Assemblée nationale par le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale.

Ci-après notre intervention :

Michèle Delaunay comme moi-même nous réjouissons de voir inscrit à l’ordre du jour le financement du diagnostic et de l’étude de faisabilité de la restauration du Temple des Chartons.

Michèle DELAUNAY tient particulièrement à vous remercier, Monsieur le Maire, de votre écoute lors de l’entretien que vous avez eu à ce sujet le 16 février 2015, peu après les attentats de janvier dernier.

La marche qui s’en était suivie avait, comme celle de vendredi dernier, montré l’absence de lieu susceptible de réunir et de rassembler – ce qui est l’objet même de la laïcité – « ceux qui croyaient au Ciel, ceux qui n’y croyaient pas ».

Par sa noblesse, par sa vocation première, culturelle, spirituelle et sociale, comme par sa situation au cœur de notre ville, le Temple des Chartrons, fermé et désaffecté depuis 1985, est particulièrement adapté à remplir ce rôle. Michèle Delaunay avait auparavant consulté différents membres de Bordeaux Partages, comme des représentants des groupes philosophiques, lesquels avaient accueilli favorablement cette proposition avec cependant des nuances montrant qu’il fallait engager un travail commun d’élaboration de ce projet.

Désaffecté depuis trente ans, ce monument patrimonial de notre ville et emblématique de son histoire, sert actuellement d’entrepôt au CAPC et au Musée des Beaux Arts. Cela ne peut durer plus longtemps et les événements que nous traversons démontrent l’urgence de matérialiser les liens entre les Français dans toute leur diversité.

Le Temple des Chartrons doit redevenir un lieu de spiritualité, de dialogue entre les cultes et les mouvements philosophiques mais aussi de cérémonies républicaines strictement laïques ou au contraire multi-confessionnelles.

Une dimension supplémentaire pourrait être celle d’un lieu commun de célébration, situant Bordeaux à l’avant garde d’une laïcité de dialogue et de concorde.

Ce type de lieu manque cruellement dans l’ensemble du territoire de notre pays et répond pourtant à une attente fréquemment exprimée.

En ces lendemains de jours où le fanatisme et l’obscurantisme ont une fois encore pris le visage de la barbarie, la France et les Français ont choisi de ne rester sans réagir, de protéger leurs valeurs et leur liberté.

Nous vous remercions de la mise en route d’une étude de faisabilité sur le sujet et espérons qu’elle prendra forme avec le concours de tous.

Billet du 20 févr 2015

 

Les morts indues

Je les porte en moi comme une vieille rancoeur, une sourde haine, une vraie révolte. Les morts inutiles (mais toutes le sont), les morts évitables, les morts provoquées, les morts qui sont des vies assassinées.

De ces vies assassinées, ces derniers jours n’ont pas été avares. Mille au Niger, tant d’autres dans tant de pays, que nous ne saurons même pas ; chez nous, dont la proximité, le vécu presque en direct concentre la douleur comme un fer rouge qu’on approche et que l’on peut toucher.

Mais aussi, comme un fil continu, toutes ces morts évitables que l’on ne veut pas voir, que des mesures politiques pourraient réduire : tabac, alcool, autres drogues.. Tous ces tueurs de masse qui n’ont d’autres mobiles que l’argent.

Il nous a été donné, en échange de la conscience, un affreux privilège : savoir que nous mourrons. Notre mort, un jour que nul ne sait, est un du. Non pas un devoir, rien de cela, pas une obligation, personne que nous puissions identifier ne l’impose, tout simplement un du, inscrit dans le contrat qui nous a donné en échange la capacité de comprendre et la faculté de savoir, le libre arbitre et en fin de compte la liberté tout court. Cette mort là, toujours en apparence lointaine, concernant toujours les autres tant que nous vivons, ni nous n’y sommes accoutumés, ni nous ne l’acceptons, mais nous la savons.

Je ne l’ai su que peu à peu, peut être mieux maintenant dans mon métier d’aujourd’hui que dans celui d’hier, mon rôle assigné, assumé, je ne sais, c’est de faire prendre conscience et d’aider à combattre toutes ces autres morts qui s’accumulent corps sur corps, jour après jour, milliers de corps, millions de corps privés de milliards d’années de vie, d’intelligence, d’émerveillement et de la liberté d’être.

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