Tous les modes d’habitation des âgés à risque de perte d’autonomie, sont et doivent être des « domiciles », c’est à dire des lieux où l’on est « chez soi », au sens légal, comme au sens simplement humain. la gamme est immense des possibilités selon le choix de chacun, son contexte familial, ses moyens et son degré de déficit d’autonomie. Ce mot de « domicile » est fondamental et il ne faut pas le noyer derrière un vocabulaire technocratique ou compulsionnel (lieux de vie, habitats alternatifs…). Du domicile où l’on a passé une partie de sa vie, à la chambre d’EHPAD et à l’EHPAD lui-même, l’ambition doit être que l’on s’y sente chez soi, conservant au maximum les droits imprescriptibles que sont la liberté individuelle et le droit à l’intimité.
Le choix, le désir de la personne ou de son couple, pratiquement dans tous les cas constitue l’élément majeur, mais il doit être envisagé très tôt et principalement au moment de la retraite. Choix d’abord du territoire : où l’on a vécu, à proximité de ses enfants, loin au contraire de là où l’on résidait, ailleurs, avec son conjoint ou en « refaisant sa vie »… Bien des éléments entrent dans le choix (dont les revenus) mais il ne doit négliger ni la possibilité d’épreuves (deuil, soucis majeurs de santé..) et donc la nécessité de soins et d’appuis, ni la capacité à poursuivre ou à établir des liens sociaux.
Les possibilités sont très nombreuses, j’en ai recensé plusieurs dizaines et ne les détaillerai pas toutes ; Elles se restreignent en proportion du niveau de dépendance quand celle-ci est présente.
1 – le domicile et ses variantes
domicile individuel de la personneou du couple : son lieu, ses liens, son aménagement. Les solutions suivantes s’interpénètrent et se complètent. L’important est de l’adapter, d’en prévoir les pièges, les incommodités, éventuellement avec l’aide d’un ergothérapeute. L’adaptation bénéficie grandement des dispositifs de la silver économie qui demande à être mieux connue et par exemple à s’exposer dans des appartements témoins.
-à proximité ou en contiguité de celui de ses enfants
C’est un sujet qui reste non exploité et qui pourrait l’être bien davantage dans des territoires où l’habitat n’est pas irrémédiablement dense. Des aides à l’aménagement ou à l’agrandissement du domicile des proches pourraient faciliter cette solution positive pour les âgés comme pour la famille. Cela devrait entrer dans cette politique de « facilitation de la vie » qu’exige la situation d »aidants. Ici, la famille comme la personne ^gée conserve son indépendance mais bénéficie de services réciproques comme par exemple l’accueil des enfants au retour de l’école ou d’autres moments de garde.
-avec location à un étudiant (location intergénérationnelle), très positive, en particulier dans les villes comme Bordeaux qui sont en lourd déficit de logement étudiant
-avec ou sans l’appui d’aides à domicile et aidants fami
-en favorisant les solidarités de proximité : comme au Japon, des domiciles ouverts aux solidarités de voisinage.
-Dans des immeubles HLM, des initiatives d’inclusion d’étudiants bénéficiant d’un loyer modéré sous réserve d’une attention régulière à leurs voisins âgés se révèlent très positives. Ces étudiants font par exemple une visite hebdomaire aux âgés qui l’ont souhaité et dans certains cas, les réunissent pour des goûters.dans habitations HLM . Certains immeubles bénéficient d’une pièce commune où des activités peuvent être partagées. De nombreuses initiatives se mettent en place. Les bailleurs sociaux constatent en effet que 25% de leurs locataires ont plus de 60 ans et qu’il est important de les inclure dans la vie des immeubles. Malheureusement, ces initiatives ne sont pas favorisées par les difficultés financières qu’ont entrainé les récentes dispositions légales.
NB La question des « non-parents »(plus de 10% de la population âgée) concerne aujourd’hui 10 à 15% des personnes vieillissantes, ce qui est considérable. Elle ne connaît cependant aujourd’hui ni réflexion, ni solutions particulières alors qu’elle va se poser de maniere de plus en plus aigue.
2 – les habitats regroupés
Là aussi, les solutions sont multiples ; elles constituent une alternative très positives à l’habitat individuel, qui est quelquefois isolé, mal commode ou difficile à chauffer.
Elles ne constituent pas une alternative à l’EHPAD comme on le dit, car elles ne concernent pas la grande perte d’autonomie mais peuvent concourir à retarder ou à éviter l’entrée en établissement.
–les résidences avec services et lieux communs, résidences services, résidences autonomies, résidences seniors, marra (en milieu rural) béguinages…
-nature des services : conciergerie, animation, restauration commune… . La loi ASV a permis de dissocier prix de location ou d’achat et coût des service
-des limites au degré d’autonomie
–les colocations réunissant plusieurs âgés
–les résidences affinitaires :la maison des babas yagas en est l’exemple. L’initiative est marquée par le grand nom de la féministe Clerc aujourd’hui décédée ; citons dans la même perspective affinitaire les projets de « maisons de la diversité » portées par des communautés en fonction de préférences homosexuelles.
2- les structures médicalisées
-EHPAD (qqf en continuité avec résidences avec services) qu’il faut envisager de faire évoluer vers des établissements plus ouverts (ce que la possibilité de géolocaliser les résidents par le seul port d’une montre connectée permet sans perte notable de sécurité)
-les unités de soins de suite et de rééducation (séjours temporaires ouvrant soit sur un retour au domicile soit sur l’entrée en EHPAD
-l’accueil familial d’une personne âgée dépendante dans une famille agréée.
-Unités ou villages Alzheimer
***
Elément clef de l’accompagnement de la longévité, le choix du domicile est déterminant. Les décisions prises dans l’urgence (par ex à l’issue d’une hospitalisation) sont toujours moins bonnes, plus brutales et difficiles à accepter, que celles auxquelles on s’est familiarisé.
Cette rapide revue a été discutéé lors du dîner débat orgranisé par le cercle vulnérabilité et sociète le 12 septembre à Bordeaux).