Bordeaux doit sortir de l’ambiguïté
Nous atteignons aujourd’hui un point d’irrévérence envers les Bordelais qui n’est plus tenable. Il nuit à la politique et aggrave la piètre idée que certains s’en font, les rejetant dans un désarroi qu’ils appellent de la colère. Il nuit à la cohésion des équipes qui entourent les candidats potentiels, déclarés ou non, aux prochaines municipales, et partant à la gestion de notre ville. Il nuit au respect que doivent avoir d’eux-mêmes ceux qui depuis des années proposent ou s’opposent en conscience aux décisions prises dans les instances municipales et métropolitaines.
Vendredi 23 novembre a eu lieu un colloque autour de l’idée « Métropole, assez ou encore ? ». Etait-ce une initiative de la Métropole elle-même ou une initiative individuelle ? Il s’agissait de réunir des experts dans des sujets variés pour apporter des éléments de réponse à cette question en effet majeure, particulièrement dans le contexte actuel très clivant du transfert des compétences du département à la Métropole. Neuf thèmes étaient pour cela proposés à la réflexion. Ce fut pour moi une surprise de constater que ces « experts » étaient pour une bonne part des élus Les Républicains, LREM, EELV et Socialistes, et que la conclusion serait faite par Alain Juppé, ce qui ajoutait un sommet à l’ambiguïté ambiante.
Quelle ambiguïté ? D‘abord celle d’Alain Juppé qui retarde le moment de se déclarer candidat tout en multipliant les interviews dans la presse pour évoquer le sujet ce qui ressemble fort à une déclaration. Pendant le même temps, le Maire multiplie les signes de rapprochement avec le Président de la République, même si c’est bien souvent sur le thème «Si Macron se plante, qui ? », interrogation qui, entre nous, ne constitue pas la meilleure manière de soulever l’enthousiasme. Bref, si nous devinons son intention de briguer un
cinquième mandat, nous ne savons pas avec qui.
L’ambiguïté de Vincent Feltesse également. Actuelle présidente du Groupe municipal des élus socialistes, je vois mal un de ses membres partager la même politique que Virginie Calmels mais celle-ci a peut-être d’autres intentions et les élus RN ne manquent aucune occasion de lui rendre hommage. Il me paraît temps que Vincent, comme Alain Juppé, s’exprime en toute clarté. Il est apprécié par beaucoup d’entre nous qui reconnaissent sa compétence d’ancien Président socialiste de la CUB, mais ont besoin de mieux comprendre à quoi il se destine et où il se situe.
Je ne multiplierai pas les exemples d’ambiguïté : ils ne sont que trop nombreux et le temps viendra de les dénouer. Le désarroi et, pour certains, le désappointement des Français après les premiers 18 mois du quinquennat se nourrissent aussi de cela. Le « en même temps » ne fait plus recette, les colères se dispersent, les pulsions remplacent les convictions, les cortèges mêlent dangereusement les extrêmes à un sourd mécontentement de fond. Notre ville est une ville de raison : elle a besoin de clarté et de responsabilité, pas d’attendre de connaître le sens du vent.