m

Circoncision et prépuce : on n’en parle jamais assez

L’Islande veut interdire la circoncision (ablation totale ou partielle du prépuce qui transforme un champion à volve en un champignon de Paris. Que les non-experts en mycologie se renseignent).

Mais je reviens au très sérieux de cette annonce, venant d’un petit pays de 350 000 habitants, dont un sur deux a écrit (et publié) un livre. Qu’est-ce qui leur prend ?

La circoncision ne connait aucun risque secondaire, tant du point de vue fonctionnel que du point de vue strictement médical. Ce dernier, au contraire, va en sa faveur : la circoncision réduit le risque local de cancer. De plus, l’épidémie de SIDA a permis d’identifier qu’il réduit le risque de contamination de la maladie dans les rapports hétérosexuels. Enfin, des pays anglo-saxons, au premier rang desquels les Etats-Unis, pratiquent la circoncision de manière de plus en plus systématique pour des raisons d’hygiène.

Rien à voir donc avec l’excision que de très nombreux pays ont interdit (dont le nôtre) car il s’agit d’un mutilation majeure, sexuelle, physique et fonctionnelle, des femmes. Je ne sais comment « excision » et « circoncision » se disent en islandais, je voudrais presque croire que l’interdiction de la circoncision ne relève que d’une confusion de mots.

Deux points, pour autant, méritent qu’on s’y arrête :
-la circoncision doit être pratiquée dans des conditions chirurgicales d’asepsie, sinon elle peut être à l’origine d’infection. Ceci au moins doit être imposé.
– sa pratique pose la question des « droits de l’enfant ». A quelle âge peut-on la pratiquer pour recevoir le « consentement éclairé » de l’enfant ? Y en a-t-il besoin si un bénéfice de santé est attendu ? On ne demande pas de consentement éclairé de l’enfant quand il s’agit d’une amygdalectomie : les parents seuls sont appelés à souscrire à l’intervention.

Mais le prépuce n’est pas les amygdales : l’un est chargé d’un contexte culturel et religieux dont les autres sont totalement dépourvues. Juifs et musulmans pratiquent à ce titre la circoncision multiséculairement. Y a-t-il dans la proposition islandaise d’interdiction quelque sous-entendu?

Ce petit pays, fort combatif, fort sympathique, s’est jusqu’alors distingué dans le monde par son combat pour conserver sa langue. Combat, ô combien identitaire pour une langue parlée par moins de 500 000 personnes où écriture et lecture sont des sports nationaux. Mais, sans savoir comment se dit « prépuce », ni « circoncision » en islandais, j’espère que la proposition de loi que j’ai évoquée trouvera le sort, assez banal, de la tiroirisation et de l’oubli.

Hommage à Dominique Ducassou

Il fut mon copain, mon confrère et mon collègue. Dominique Ducassou est mort ce matin d’un infarctus cardiaque et j’ai envie de parler du jeune homme plein de talents multiples avec lequel j’ai partagé les bancs de la faculté de médecine. Il était Navalais, dans le groupe de ceux qui figuraient en tête de tous les classements (ce qui était très irritant..), mais plus encore, c’était un copain joyeux et passionné de musique. Nous avons tous les deux animé une soirée dans une maison de retraite : il jouait de la trompette et avec deux ou trois étudiantes je dansais le french cancan..
Trente ans plus tard, nous nous sommes retrouvés sur les bancs du Conseil Municipal et du Conseil d’administration de l’Opéra. Il était moins joyeux mais toujours passionné d’art et de musique, ce qui lui valut d’être adjoint à la culture, où son authentique connaissance des oeuvres lui donnait une grande crédibilité. Il a quitté la politique me semble-t-il un peu déçu par elle. La médecine mène à tout, mais sans doute eût-il voulu que le chemin allât plus loin.

Mettre le SMIC horaire en face du coût de l’heure de stationnement

(Monsieur le Maire*), les Bordelais, dans leur grande majorité, désapprouvent à la fois la méthode et les termes de votre politique de stationnement ; Et d’abord, parce qu’ils ont compris que les enjeux écologiques et la pollution constituaient pour vous un écran de fumée et que votre enjeu était d’abord budgétaire

 C’est la raison pour laquelle j’aborde ce sujet dès l’étude du budget de la ville. Deux preuves:      -la mise en place du stationnement au quart d’heure, faite pour améliorer le pouvoir d’achat des Français, n’a amélioré que celui des délégataires qui en avait certainement bien moins besoin. Le coût horaire a en effet augmenté de 8 à 10%. Reconnaissons que Bordeaux n’est pas seule en ce cas : ce n’est pas étonnant, les délégataires sont bien souvent les mêmes

-vendredi dernier, 23 mars, au conseil de Métropole, vous avez fait voter une augmentation des tarifs de parkings au delà de l’augmentation contractuelle, alors que ces parkings étant largement amortis, ces tarifs auraient dû diminuer. Pas de surprise : là, aussi, c’est au bénéfice des mêmes

Mais le plus choquant, c’est que toutes les mesures sont prises sans aucune vision d’ensemble. Nous aurions attendu une stratégie globale, examinant ensemble le stationnement de voirie et le stationnement en ouvrage, mais aussi les offres de stationnement privé (à la place ou non) ainsi que le prix des locations et des ventes de garages. Ajoutons-y les parkings de proximité malgré leur manque criant et les parkings de diverses structures dont on attend toujours qu’elles puissent être mises à disposition gratuitement le week end et hors des horaires de travail.

Et pour tout cela aussi votre règle : la concertation vient après la décision, pas avant, avec une conséquence assez délétère : votre politique se fait selon le rythme « deux pas en avant, un en arrière et l’autre de côté. Au total : 100% de mécontents . Vous avez beaucoup raillé notre demande de moratoire,  pour autant, une remise à plat et en cohérence, une concertation soutenue après analyse des impacts sociaux et économiques de chaque décision était et reste indispensable.

La colère des habitants de Cauderan ou de saint Augustin a donc eu plus de poids que celle de la Bastide, de Bordeaux sud ou du Grand parc. La colère de ces derniers, les habitants du Grand Parc, a toutes raisons : est-il moral d’imposer un même tarif dans les quartiers « politique de la ville » que dans ceux qui ont le plus haut revenu par tête ?

L’incompréhension des Bordelais, comme la nôtre vient du fait que vous imposez des coûts qui ne sont pas en proportion du service rendu. Et plus encore que vous ne mettez pas non plus en regard de l’heure de stationnement le montant du SMIC

L’incompréhension des Bordelais vient du fait que vous imposez des coûts qui ne sont pas en proportion du service rendu. Et plus encore que vous ne mettez pas non plus en regard de l’heure de stationnement le montant du smic horaire (9,88 euros au premier janvier 98) faisant, de plus en plus, de la mobilité et du stationnement, un discriminant social. Au passage vous m’avez assuré que notre ville était la moins chère pour les tarifs de parkings : première heure de nuit à Camille Jullian : 2 euros le quart d’heure. Au parking de la cathédrale, à Nantes : 0,2 euros soit dix fois moins

Plusieurs d’entre nous souhaitent une gestion métropolitaine de la politique de stationnement : pour ma part, je comprends les municipalités qui la refusent : ils ne veulent pas se voir imposer une politique brutale et incohérente. Ont-ils pour autant moins de besoins financiers ou d’ambitions environnementales ?

Un autre point : le coût des différents modes de stationnement fait exploser le coût du foncier dont vous plaignez régulierement. Examinons par exemple le coût des amodiations, c’est à dire de la propriété transitoire d’une place de parking : 43 000 euros pour une proprièté de 15 années. Les prix des garages privés ont déjà fait la culbute, ils vont continuer.

Votre souci majeur est la rentabilité financière, l’horodateur joue le rôle de machine à sous, laquelle ne profite on le sait bien qu’au directeur de casino. Huit millions en 2017, et les nouvelles mesures qui devaient porter ce chiffre à 11 millions, et la promesse que cela ne fera qu’augmenter. Ce n’est certainement pas là une manière de faire aimer la bataille environnementale en lui donnant toujours et partout le gout et la couleur d’un impôt nouveau.

Et ne méprisons pas les effets secondaires de ces décisions : les jardins qui se transforment en parcs de stationnement dès qu’on peut leur faire une ouverture sur la rue, la moindre des cours que l’on offre à la location en place de stationnement…

Parmi les raisons de la croissance continue de l’absentéisme, il y a de plus en plus les difficultés de déplacement et de stationnement. Vous nous avez dit vendredi que vous étiez très soucieux des conditions de travail de vos salariés. Eh bien ces difficultés en font désormais partie. Et la pénalisation du travail va au delà : c’est aussi celui des artisans et des commerçants, des étudiants qui venant de loin , ne peuvent se garer à la Bastide. Tant d’autres..

(Chers Collègues*) , ayons ce réflexe à la fois éthique et pragmatique de mettre en face d’un coût que nous imposons, le service que nous rendons mais aussi la valeur intrinsèque de ce coût en le transformant en biens indispensables et en salaire. Ce doit être la base d’un nouvel examen et je l’espère d’une refonte de notre politique de stationnement.

*texte, tel que prononcé, en Conseil Municipal, le 26.03.2018

 

 

Augmentation des prix des parkings. bxmetro 23 mars 2018

 » Il y a un moment, Monsieur le Président, chers collègues, où les délégations au secteur privé, de même que les partenariats et autres formes de collusion d’intérets, atteignent à l’immoralité et ceci, pour n’avoir pas mis le coût que nous imposons au service que nous rendons.

Nous sommes dans un de ces moments et je voudrais l’illustrer par une brève anecdote. Récemment, j’assistais à une réunion avec plusieurs habitants de la métropole  qui pour des raisons différentes avaient peu de facilités à se déplacer la nuit autrement qu’avec leur véhicule.

La réunion se tenait à la lisière des quartiers Saint-Pierre et tous s’étaient garés au parking Camille-Jullian : un peu plus d’une heure de réunion, un diner rapide, leur facture de stationnement a dépassé 13 euros et.. le prix de leur repas. Première immoralité que de considérer que 2 h d’occupation de 10 m2 de ciment valent plus qu’un repas. Si nous multiplions par 12h ces 13 euros, cela équivaut à une nuit dans un hôtel de très bonne qualité. Je propose qu’ hôteliers comme restaurateurs réfléchissent à une reconversion

Ce parking, comme les autres, a depuis 20 ou 30 ans été largement amorti et le secteur privé empoche depuis lors des bénéfices exponentiellement croissants alors que les métropolitains doivent assumer un coût qui ne cesse d’augmenter.

Sans doute, ici et aujourd’hui, trouvons-nous ces bénéfices insuffisants et les habitants bien propres à être taxés davantage, puisque vous nous demandez de voter des augmentations allant au-delà de ce qui est établi comme « maximal » dans les contrats de concession, dont on connaît pourtant le caractère léonin. Deuxième immoralité, deuxième injustice

Troisième immoralité, la rédaction et l’hypocrisie de ces délibérations. Par exemple, l’affirmation que l’on n’augmente pas les 5 premières heures du jour (pour la majorité des parkings de 8h à 13h) « pour ne pas nuire à l’attractivité du centre ville ». Mais l’attractivité du centre ville pour les commerces, les restaurants, les cinémas, les activités culturelles, elle n’a pas majoritairement lieu dans la matinée mais au contraire de 13 h à 23 heures. Des dizaines de phrases relèvent de cette même hypocrisie et de cette même duplicité. Le résultat est inéluctable : l’assèchement progressif du cœur de notre métropole.

Quatrième immoralité en effet : vous imposez en même temps un alourdissement du coût et des règles du stationnement de surface. Tout au contraire, n’étions-nous pas en droit d’attendre de notre métropole une vision globale de la question, incluant le stationnement privé (location de places, garages privés). Et comme toujours : nulle concertation avant les décisions.

Et puis des « immoralités de forme », apparemment secondaires, mais destinées à rendre les modifications des tarifs incompréhensibles des utilisateurs. La nuit par exemple commence et finit à heures différentes selon le délégataire et selon les parkings. Cela ne relève pas d’une vision poétique du couchant et du levant, mais des moments d’affluence autour de tel ou tel parking* . C’est vrai que par exemple, on dîne moins souvent à Stalingrad qu’à Saint-Pierre, c’est vrai aussi qu’une uniformité des règles, des prix et des horaires, aurait constitué une faiblesse permettant aux Bordelais de comprendre et donc de pouvoir contester, au lieu de n’avoir qu’à payer..

En ce moment nous sommes nombreux à avoir ces jours-ci un peu honte de la politique, honte de toutes les formes de collusions d’intérets, Honte de l’apparente bienséance de tant de déclarations, alors qu’elles ne sont que l’utilisation d’une novlangue incompréhensible et trompeuse. Honte que nous soient présentées des délibérations qui en réalité démontrent que cette politique locale en lesquelles les Français croient encore,  peut , elle aussi, et à ce point « etre faible avec les forts et forte avec les faibles ».**

 

*Alain Juppé, qui m’interrompait toutes les deux phrases pour me désarçonner, a eu à ce sujet une remarque admirable « Mais Madame, c’est tout à fait normal, on doit payer d’autant plus cher qu’il y a de monde.. ». Voilà une idée qu’elle est bonne, et qui pourrait inspirer par exemple, les urgences des hôpitaux. La facturation à l’affluence serait susceptible de renflouer grandement les budgets hospitaliers.

 

** Ce texte correspond à la rédaction écrite de mon intervention. Elle est parfaitement fidèle au prononcé, sauf pour quelques membres de phrases que j’ai du modifier au fil des saillies du Maire. Sa conclusion a été : « vous n’êtes capable que de populisme ! ». La définition du « populisme » est donc : préférer défendre les intérets des citoyens que les sur-bénéfices des grands groupes du BTP. Les Bordelais qui auront pris la peine de lire ce texte jugeront. Quant à la presse, elle est restée muette sur ces augmentations outrepassant les limites légales..

 

 

 

 

« Mon frère ce héros »

Dans l’Aude, ce 23 mars, un jeune gendarme s’est substitué au dernier des otages retenu par un groupe terroriste. Il est maintenant, après trois heures de face à face avec ceux qui le retenaient, grièvement blessé et je ne peux que profondément souhaiter que mes confrères médecins le sauvent.

Cette histoire m’a fait souvenir d’une autre. Dans un camp nazi, un jeune résistant, père de famille, avait été condamné pour je ne sais quelle raison (mais y avait-il alors besoin de raisons ?) à mourir de faim et de soif dans un cachot.

Un prêtre de son âge, a proposé aux autorités du camp de le remplacer dans le cachot comme dans ce terrible destin. Les chefs du camp ont accepté et, pire du pire, comble du dédain envers toute grandeur, ils l’ont laissé mourir, jour après jour.

Cette histoire ne m’a jamais quittée. Le Lieutenant-Colonel Beltrame la ravive : ainsi l’héroïsme n’a pas disparu dans les conditions de vie émollientes de la plupart d’entre nous. Puisse-t-il être ramené à la vie pour que nous puissions lui en faire l’hommage.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel