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Chute record du tabagisme en Grèce

Ce qu’aucune campagne de prévention n’aurait pu réussir, la crise économique grecque l’a obtenu. S’il ne faut pas se réjouir de la cause, la conséquence constitue une démonstration remarquable des facteurs de prévention.

Les Grecs, il y a dix ans, tenaient le pompon européen et même au- delà, de la consommation de tabac, nous devançant largement avec un taux dramatique de 36,7% de fumeurs. La crise économique advint et les pressions européennes de réduction des dépenses. En 2017, ce taux n’est plus « que » de 27%.

Vingt-sept pour cent de trop, mais c’est la chute spectaculaire de dix points en cinq ans qu’il faut saluer : dans aucun pays, aucune politique, aucune campagne de prévention n’a fait aussi bien. Dans le pays même, la loi anti-tabac n’avait eu aucun véritable effet.

C’est bien sûr l’augmentation du prix relativement aux moyens financiers qui est le fait déterminant. Mais ce n’est pas tout à fait aussi simple : ce sont chez ceux qui gagnent le moins mal leur vie que l’on enregistre la plus forte diminution. Autrement dit: les plus informés ont été les plus diligents à percevoir la double dimension de la réduction de leur moyens financiers : pour les individus et pour le système de santé qui les prive aujourd’hui de l’accès aux traitements coûteux des cancers du tabac.

Cette complexité entre peut- être aujourd’hui dans la volonté très forte des pays africains de « décrocher » du tabac et surtout de ne pas se laisser harponner par les efforts considérables de l’industrie du tabac pour envahir ce continent prometteur. J’étais il y a quelques mois au Benin pour participer à la rédaction d’un projet de loi anti tabac. Comme je m’émerveillais de l’engagement des députés, l’un d’eux m’expliqua sobrement : « On a la pauvreté, l’absence de matières premières, à peu près toutes les grandes pandémies … On n’a pas besoin du tabac en plus ! »

Philosophie grecque ou bon sens multi-séculaire des peuples, nous ne sommes en réalité pas très loin de devoir nous y résoudre : si nous ne réduisons pas drastiquement les maladies évitables (celles dues au tabac en premier lieu), nous n’avons aucune chance d’assumer le coût des progrès technologiques et thérapeutiques de la médecine.

 

 

 

 

 

Ayons du panache !

Extrait des  « Conseils aux élèves du collège Stanislas », par Edmond Rostand, et spéciale dédicace à Stephane le Foll qui vient de déclarer « Le renouveau, c’est le panache ». Je ne sais s’il pensait au Parti Socialiste, ou plus généralement à la Politique. Mais je confirme : les nécessiteux, en la matière, sont nombreux.

 

L’Idéal est fidèle autant que l’Atlantique ;

Il fuit pour revenir, – et voici le reflux !

Qu’une grande jeunesse ardente et poétique

Se lève ! On eut l’esprit critique ;

Ayez quelque chose de plus !

 

Ayez une âme ; ayez de l’âme ; on en réclame !

De mornes jeunes gens aux grimaces de vieux

Se sont, après un temps de veulerie infâme,

Aperçus que, n’avoir pas d’âme,

C’est horriblement ennuyeux.

 

Balayer cet ennui, ce sera votre tâche.

Empanachez-vous donc ; ne soyez pas émus

Si la blague moderne avec son rire lâche

Vient vous dire que le panache

À cette heure n’existe plus !

 

Il est vrai qu’il va mal avec notre costume,

Que, devant la laideur des chapeaux londoniens,

Le panache indigné s’est enfui dans la brume,

En laissant sa dernière plume

Au casoar des saint-cyriens.

 

Il a fui. Mais malgré les rires pleins de baves

Qui de toute beauté furent les assassins,

Le panache est toujours, pour les yeux clairs et graves,

Aussi distinct au front des braves

Que l’auréole au front des saints.

 

Sa forme a pu céder, mais son âme s’entête !

Le panache ! et pourquoi n’existerait-il plus ?

Le front bas, quelquefois, on doute, on s’inquiète…

Mais on n’a qu’à lever la tête :

On le sent qui pousse dessus !

 

Une brise d’orgueil le soulève et l’entoure.

Il prolonge en frissons chaque sursaut de cœur.

On l’a dès que d’un but superbe on s’enamoure,

Car il s’ajoute à la bravoure

Comme à la jeunesse sa fleur.

 

Et c’est pourquoi je vous demande du panache !

Cambrez-vous. Poitrinez. Marchez. Marquez le pas.

Tout ce que vous pensez, soyez fiers qu’on le sache,

Et retroussez votre moustache,

Même si vous n’en avez pas !

 

Ne connaissez jamais la peur d’être risibles ;

On peut faire sonner le talon des aïeux

Même sur des trottoirs modernes et paisibles,

Et les éperons invisibles

Sont ceux-là qui tintent le mieux !

 

3 mars 1898.

« Qui suis-je pour juger ?

Qui suis-je pour juger ce que, par deux fois, la Justice a jugé ? Ce que plusieurs décisions ordinales ont elles-aussi jugé ? »

Je parle ici du nouveau rejet par le Conseil de l’ordre national des médecins de la réintégration du dr Nicolas Bonnemaison au sein de la communauté médicale, et plus précisément de celle du centre hospitalier de la côte basque.

J’ai été appelée comme témoin à chacun des deux procès du dr Bonnemaison. Non pour quelque lien professionnel ou personnel, mais en ma qualité de Ministre déléguée en charge des personnes âgées et de l’Autonomie ; ceci pour avoir suscité et défendu un rapport sur la « fin de vie en EHPAD »* qui mettait en lumière le caractère inadéquat du transfert des grands âgés aux urgences pour leurs dernières heures de vie ; de plus, en ma qualité de médecin hospitalier ayant accompagné nombre de malades jusqu’à ce que leur souffle me signifie leur mort.

Lors des commissions de bioéthique et de la discussion des lois qui en relevaient, la modération, la réflexion, la crainte de voire de grandes causes portées en étendard par de petites consciences, m’ont à chaque instant écartée de toute prise de position dogmatique ou moralisatrice. Ce fut le cas par exemple à l’occasion de la loi Claeys-Léonetti, dont j’étais responsable au nom de mon groupe.

J’ai ce privilège d’avoir deux titres ne bénéficiant d’aucune date de péremption : Médecin et Ministre. Tous deux me sont chers, le deuxième  eu égard au domaine qui m’avait été imparti. Le dr Bonnemaison, 57 ans, ne retrouvera sinon la paix, nul pas même lui même n’en peut décider, mais son identité d’Homme le jour où il pourra user, et avec lui ses proches et ses patients, de ce mot si simple : médecin.

« Se battre ou se parler »

Rarement, les médias, quelle qu’en soit la nature, nous ont donné mieux qu’hier la démonstration que  l’on pouvait s’adresser à une large audience et pour autant penser avec hauteur et en avance sur le temps.

Il s’agit du couple d’émissions d’Arte sur « les chrétiens d’Orient » et « la Diplomatie du Vatican ». Ces deux émissions se complétaient, car l’histoire de l’Orient chrétien ne peut laisser sans prise de conscience et interrogations, mais en très peu de mots et de phrases prononcés par le Pape comme par ses diplomates, c’est la seconde qui a renversé spectaculairement les quilles.

Le sujet est religieux mais il n’est ni un sujet de foi, ni un sujet de dogme. Pour ma modeste part, je considère les religions –toutes- avec le plus grand respect car je pense qu’elles sont l’émanation du sacré consubstantiel de la nature humaine, ce sacré qui imprègne aussi bien les murs d’un hôpital, que ceux d’un cloître ou d’une cellule de prison. Qu’on pense ces religions révélées,  ne gène en rien cette idée car c’est bien à l’Homme que toutes les formes de cette révélation furent faites. « Les religions sont le propre de l’Homme »,  que celui-ci soit agnostique, athée, fidèle, saint ou martyr. Mon respect s’arrête cependant net quand quelque religion que ce soit, hier comme aujourd’hui, fomente la haine, pratique le crime, ou enseigne quelque supériorité que ce soit d’un humain sur un autre.

Certaines religions me sont un plus connues, voire plus familières que d’autres. Je connais de grands noms qui les illustrent, des épisodes de leur histoire mais, fondamentalement, je les ressens  comme des langues différentes d’une même expression. La nature des hommes est variée comme l’est leur histoire, un Italien ne parle pas comme un Chinois mais tous je pense ont expérimenté leur part de sacré et l’ont porté à différentes hauteurs.

Je m’exprime un peu abruptement. Grâce au ciel, c’est le cas de le dire,  je ne suis ni Pape, ni grand(e), ni petit(e) mufti(e)* et c’est ce fait de n’être rien qui me permet de tenter d’exprimer ce que je crois entendre. Le Pape François quand il appelle les Chrétiens à ouvrir partout leur porte aux réfugiés n’est pas toujours bien compris, y compris parmi les siens, et un soupçon va vers lui d’accepter que l’Eglise qu’il a mission de conduire puisse perdre de son rôle, de son audience, et, pour certains, de sa puissance. Voir pourtant embarquer, comme Arte nous l’a montré, dans l’avion papal un groupe pressé de réfugiés de tous âges afin d’être accueillis au Vatican m’a paru un message d’une force indépassable.

Le message est double : ouvrez votre cœur et votre porte à ceux qui souffrent  ET au monde qui vient. Le monde qui est (aujourd’hui et plus encore demain) pour partie « sécularisé », pour partie en train de se battre, de s’exclure, de se chasser d’ici ou de là, quand ce n’est pas de s’exterminer. Il est chaque jour composé d’humains plus nombreux, aux conditions de vie plus difficiles, quand elles ne sont pas misérables et surtout tellement injustes.

Ce Pape infiniment concentré dans son expression n’a dit sur le sujet qu’un mot : «Ou on se combat, ou on se parle ». C’est une règle de peu de mots dont chacun a pu faire l’expérience au propre ou au figuré, mais elle vaut plus que jamais pour les religions.  La question dominante n’est plus des différences de dogme, d’interprétation de mots ou de textes ; la Question est bien  « nous combattre ou nous parler » quand il s’agit de la responsabilité de porter, de représenter aux yeux de tant et tant « la part de sacré qui est en l’Homme ».

 

*Concession à l’écriture inclusive en forme de clin d’œil souriant pour rappeler que si les femmes sont juste un peu moins égales dans presque toutes les religions, ce n’est pas ici mon sujet,

NB Ces 2 émissions peuvent être revues pendant toute la semaine. Elles le méritent

 

Un SDF sur 4 a été placé

Un SDF sur 4 à été un enfant placé. Ce chiffre est accablant et d’une infinie tristesse. Peut-on concevoir qu’une vie soit ainsi gâchée, douloureuse, sans lumière, de la première heure à la dernière. Le Département de la @gironde s’y engage pleinement en la personne d’ Emmanuelle Ajon, ceci à la fois sur le plan humain et financier.
C’est l’éternelle question du déterminisme qui se pose et je refuse de croire que les clefs ne nous en soient pas encore -ou en tout cas insuffisamment-, connues, ni que nous n’ayons pas les moyens de les mettre en œuvre. Un enfant peut-il être «cassé » dès le départ et irréparable par un meilleur entourage, des preuves d’estime qui lui soient données, une éducation et un enseignement, ce qui n’est pas pareil. Je sais que des pathologies peuvent être favorisées par l’hérédité, mais si toutes ne sont pas curables au sens simple que l’on donne à ce mot, toutes sont soignables.
Je n’ai de réponse à rien. Je n’ai jamais travaillé spécifiquement ces derniers points pendant mes études médicales. Une étude a-t-elle été faite sur ce que deviennent les 3 autres enfants placés et quels sont les facteurs qui differencient leur développement ? Voilà en tout cas un champ pour une grande étude de santé sociale (curieusement ce double terme n’est pas usité en France, alors qu’il existe des chaires de « social health » dans toutes les grandes universités américaines).

S’il existe de telles études, merci de me le signaler.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel