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La vulnérabilité, enjeu politique déterminant

C’est pour moi une inquiétude littéralement essentielle que la prise en compte de la vulnérabilité dans l’action politique.
Nous partageons aujourd’hui à la fois un grand défi et une immense chance, ceux de la longévité. Celle-ci implique qu’un nombre toujours plus grand d’entre nous abordera au champ du grand âge et de la moindre autonomie.
Voilà qui concerne au premier chef la politique : quelle place pour les personnes hors de l’activité, quel soutien pour celles en état de fragilité (l’un et l’autre représentant 14 millions de Français) ?
 
Aujourd’hui, vient d’être nommée présidente de la Caisse Nationale pour la Solidarité et l’Autonomie (CNSA), ma « collègue ex ministre », Marie-Anne Montchamp, fervente soutien de l’assurance privée envers la perte d’autonomie. Hors de ce sujet qui nous sépare, nos relations et nos débat furent toujours cordiaux et respectueux et je la salue au passage.
 
L’assurance privée est plus coûteuse et plus aléatoire que l’assurance publique que représente la Sécurité Sociale. Est-ce à dire que c’est aujourd’hui le choix du gouvernement ?
Après la décision de ce même gouvernement de ne pas nommer de Ministre des personnes âgées, que devons nous penser ou craindre de ce nouveau signe politique ?
 
Dans ce domaine surtout, je ne me suis jamais située dans le manichéisme. Examinons ce qui sera fait en face de la détresse de nombre d’ EHPAD et de leur personnel. Soyons vigilants sur l’utilisation des finances de la CNSA. Et espérons que cet enjeu humain et politique majeurissime soit défendu et relevé.
 

« Mon ennemi, c’est la finance ! »

En matière de santé, pas de doute, l’ennemi c’est bien la finance. Nous sommes aujourd’hui en train de faire exploser les progrès médicaux du siècle dernier par des addictions et des maladies comportementales qui sont pour une très grande part causées par des groupes financiers cyniques qui sacrifient des générations de jeunes gens sur l’autel de leurs bénéfices.

En tête de peloton: les cigarettiers et les alcooliers. Parlons ici des seconds, à la lumière de plusieurs publications alarmantes*.

Ce sont aujourd’hui 6% des élèves de 11 ans et 41% des élèves de 15 ans qui déclarent avoir été ivres au moins une fois dans le cours de leur vie. Parmi les ados de 17 ans, ils sont 58,9% à avoir été ivres, dont 25,3% plus de trois fois pendant la dernière année.

Ces états d’ivresse découlent de la pratique de plus en plus fréquente du « binge drinking » (« biture express » ou « défonce alcoolique ») et, grossièrement, plus de la moitié des jeunes avouent s’y adonner, et pour la plupart, continuer à le faire ; avec pour conséquences à court terme des difficultés de concentration et des troubles de l’attention et de la mémoire. Les effets à long terme seront d’autant plus graves que l’alcoolisation a débuté tôt.

Même gravité pour le tabac, et derrière, finalement, la même cause : des puissances financières considérables et d’un cynisme à la mesure de leurs moyens ; des Etats et leurs banques qui ne méprisent pas le fait d’abriter ces puissances financières et, à l’occasion, de les protéger ou de les favoriser. Et bien sûr, des lobbies puissants et des stratégies de communication visant volontiers le public vulnérable des jeunes (par exemple par le biais du cinéma).

« Mon ennemi -notre ennemi- c’est la finance », en matière de santé, et il faut l’expliquer : les jeunes qui pensent s’émanciper en fumant ou en buvant tombent dans les rets d’un pouvoir économique qu’ils contestent par ailleurs,  les « libertaires » qui traitent d’ « hygiénistes » ceux qui dénoncent ces pratiques font le jeu de ces mêmes financiers. Et, toujours davantage, ce qui était un  comportement à risque devient une addiction, cette addiction se propage de manière épidémique (et en premier lieu, parmi les jeunes) et nous nous trouvons aujourd’hui en face de « pandémies financières » qui touchent à des degrés divers tous les pays et contre lesquelles nous butons.

*Amine Benyamia et Marie Pierre Simatier « Comment l’alcool détruit la jeunesse », ed. Albin Michel; Martine Daoust, Mickael Naassilia « Prévention de l’alcoolisme, l’Ecole doit se réveiller ».  Tribune dans « Le Monde », suppl. Science et médecine, 19 octobre 2017

 

Certains y voient la vierge et d’autres le démon..

Jean-Luc Mélenchon a vu la vierge dans le drapeau européen et a demandé pour cela sa suppression des estrades. Bien qu’un peu tardive, JLM ayant été député européen, cette révélation témoigne d’une spiritualité exigeante et ouverte à toutes les clartés, ce qui ne doit jamais manquer d’être salué.

De spiritualité, non plus que de symbolisme, on ne discute point. Un mien ami, au demeurant très spirituel et trouvant en toute chose une dose salvatrice de dérision, voyait dans tous les panneaux routiers triangulaires une allusion au sexe de la femme et appelait pour cela à les supprimer radicalement du bord des routes.

A la suite de JL Mélenchon, cette même radicalité se porte aujourd’hui sur la question de la laïcité. Selon @le_gofira (site moins connu mais également impartial que son presque homonyme), c’est aujourd’hui plusieurs députés d’opposition, pas les mêmes, qui s’élèvent au Parlement contre les sous-entendus maçonniques du panneau « Attention Ecole ». Sa forme triangulaire, déjà dénoncée de longue date par mon ami, associée à des silhouettes d’enfants, serait insidieusement propre à influencer de jeunes cerveaux et à les détourner de l’enseignement confessionnel, voire à les conduire à dénier les racines chrétiennes de la France.

Les uns voient la vierge, les autres le diable, les troisièmes ne voient rien. D’autres enfin, comme Vaclav Havel ne voient dans le drapeau européen, comme dans l’hymne européen, que la capacité des hommes à s’unir et, à l’occasion, à regarder les étoiles.

 

 

 

Logement social : un modèle au coeur du progrès social et de l’emploi

Le logement est notre place sur la terre, comme l’emploi notre place dans la société. Le «logement social » institution modèle est au cœur de l’un comme de l’autre. Cent cinquante ans d’âge mais toujours au cœur de l’innovation, de l’anticipation et, ce qui n’est pas négligeable, d’une gestion saine et responsable, sans actionnaires à satisfaire et avec une pleine conscience de son utilité.

Hier à Bordeaux, les débats économiques de @sudouest ont été l’occasion de décliner à l’échelon régional, l’inquiétude de l’ensemble des acteurs du secteur. Des interventions brillant par leur solidité et leur complémentarité auxquelles je rends hommage.

Cinquante pour cent des locataires du logement social appartiennent à la tranche des 25% les plus pauvres de notre pays. Sans lui, 11 millions de Français seraient à la rue, privés d’une part de leur identité et de leur dignité. Dans la région NouvelleAquitaine, ce sont 600 000 locataires qui comptent sur leur bailleur pour le présent comme pour l’avenir. Ce sont ces locataires qui seront les premiers pénalisés  par la décision subreptice, venue brutalement et sans concertation de faire payer au secteur la baisse de 5% des APL. Une facture de 1 milliard 800 0000 euros pour l’ensemble du secteur qui le prive, si rien n’est fait, de toute capacité d’investissement (réhabilitation, construction) alors que rarement le besoin n’a été si grand sur l’ensemble du territoire.

Bordeaux en est l’exemple, qui tarde à progresser pour atteindre le seuil minimal de 25% de logements sociaux, mais aussi les territoires ruraux ou semi-ruraux avec l’urgence de la réhabilitation des petits bourgs.

L’emploi est lourdement concerné par cette décision que l’on espère non définitive ; emploi dans le bâtiment puisque l’habitat social représente globalement 12% de toute l’activité du secteur (30% en nouvelleAquitaine) ; emploi aussi de l’ensemble des Français, car il ne peut y avoir de mobilité, si l’on n’a aucune chance de trouver un logement accessible dans la zone où l’on déniche un emploi.

C’est un effet domino lourd d’inquiétudes que provoque cette mesure : moins de construction, monisme réhabilitation, moins d’innovation, moins d’emplois dans le bâtiment qu’il s’agisse de grosses entreprises ou de PME), moins de mobilité… Et Hélas les effets dominos ne se font jamais que dans un sens et les pièces ne remontent jamais.

Le débat a été focalisé sur cette mesure hâtive du Gouvernement et ces effets, alors que nous aurions aimé mettre en valeur les avancées du logement social en matière de prise en compte de la transition démographique, du numérique et des économies d’énergies. Notons que cette mesure vient dans le projet de loi de finances (PLFSS) et qu’elle sera en contradiction totale du plan logement annoncé pour le printemps, lequel repose sur le « choc de l’offre » pour contrer l’enchérissement du foncier. Le choc sera pour le logement social, à l’inverse : ce sera celui du manque, particulièrement lourd et injuste pour ces 50% de locataires qui n’ont pas d’autre perspective, sinon des logements injustes dans le privé.

Collectivités, entreprises du batiment, PME, bailleurs et locataires, espérons que l’unité dont tous ont fait preuve hier à Bordeaux, comme la semaine dernière au congrès de l’ union HLM de Strasbourg,  fera positivement avancer le dossier.

 

 

Verte ou pas mûre ?

En Bavière l’écologie naît de l’amour et de la mise en valeur de la nature. Nulle surface bétonnée à outrance pour renvoyer la chaleur de mur à mur, pas ou peu de séparations entre les maisons pentues, si ce n’est des barrières très perméables d’arbustes fleuris, des arbres à profusion jusqu’aux abords de la ville et de larges tapis de gazons rustiques, si bien respectés, si bien entretenus qu’ils paraissent peints sur le brun des sols.

C’est cette écologie que j’aime et qui me fait parfois moquer des procureurs d’une écologie de contraintes et d’amendes. Certes, il faut des régles, il faut des lois, et ce n’est pas à « nos amis allemands » qu’on apprendra cette volonté d’ordre. Eux-mêmes disent volontiers « qu’en Allemagne, tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire, et inversement ». Ce qui d’ailleurs met à mal le préjugé qui affirme « que le livre de l’humour allemand est le plus court du monde ».

De ma fenêtre, le temps d’un week-end, à 15 kilometres du centre de Münich (2,5 millions d’habitants, c’est à dire plus de deux fois la métropole bordelaise), des champs, des prés, des sapins et naturellement posées au milieu d’eux, des dizaines de maisons, individuelles ou collectives, homogènes dans leur style traditionnel, bien que pleines de fantaisie et de modernité. Sur les toits pentus pour que la neige ne s’y amasse pas par trop lourds paquets, des panneaux solaires si nombreux, si bien logés, qu’ils paraissent déjà appartenir à la tradition locale.

Modèle allemand ? Bien sûr que non, pas partout, pas pour tout, mais modèle écologique sans aucun doute. Munich est en tête pour nombre de ses performances en ce domaine comme pour ses ambitions. Preuve que  l’écologie peut n’être pas une écologie de « Feldwebel » (caporal chef) et s’installer aussi efficacement dans la vie et la politique d’un territoire qu’une écologie de contraintes et d’interdictions.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel