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Tabac : l’Afrique contre-attaque

Les industriels du tabac, dont on connait la puissance financière, sont convaincus (avec raison) que le consommation diminuera à relativement court terme dans les pays occidentaux et ils redoublent de moyens et de stratégies diverses pour contrer cette évolution. Entrisme à l’occasion des réunions scientifiques sur le sujet (comme récemment à New Dehli), rachat de l’industrie de la vape, promotion du tabac chauffé sous le prétexte qu’il serait moins nocif .. Leurs stratégies sont multiples et leurs lobbyistes aguerris. La plus redoutable de ces stratégies, est l’inondation de continents nouveaux et en premier lieu de l’Afrique.

Les pays africains commencent de s’organiser, créent des associations de lutte, adhèrent aux organismes internationaux et mettent en chantier des lois de protection des populations, de contrôle des produits et de réduction de ce fléau qui s’il n’est pas nouveau dans ces pays prend des dimensions épidémiques.

C’est dans cette dynamique que le Bénin, pays assez remarquable par ses structures démocratiques, a tout d’abord signé la Convention Cadre pour la Lutte Anti-Tabac de l’OMS, a voté en 2006 une première loi sur la production et la commercialisation du tabac, et élabore une nouvelle législation « plus dissuasive » à laquelle j’ai été invitée, avec le Ministre Claude Evin, à collaborer. Nous serons les 26, 27 et 28 juillet à Cotonou pour cela, ce dont je me réjouis.

La prévalence du tabagisme au Bénin est aujourd’hui estimé à 16% (près du double en France) dont 25% chez les hommes et 6,7% chez les femmes, chiffres en constante augmentation. J’ai beaucoup à apprendre sur les modes de commercialisation et les possibilités de réglementation de la fiscalité, les possibilités de contrôle et le mode d’action des lobbies.

Et bien sûr, je vous raconterai et je rendrai compte à notre nouvelle Ministre de la Santé.

 

L’opposition parlementaire pourra-t-elle retrouver force au Sénat ?

Et si le Sénat devenait le lieu de la contestation ? Traditionnellement plus calme, plus pondérée, la « chambre haute » va peut-être lors de son prochain renouvellement partiel bénéficier du grand chamboulement de l’ère macroniste.

En bénéficier, mais à l’envers. Le « godillotisme assumé » des députés LREM commence à donner des idées à l’opposition, de droite comme de gauche. Le corps électoral du Sénat n’étant pas celui de l’Assemblée (il est constitué d’élus), il ne suffira par à « En marche » de présenter de nouveaux visages, d’autant que la « conférence des territoires » a fait comprendre aux votants potentiels que leur avenir était lourdement en jeu.
Tout cela risque de dépendre du nombre de candidats sénateurs qui tourneront casaque (car ils ont été élus avant la création de la République en Marche) et de sénateurs en place qui rejoindront le groupe qui s’est créé depuis lors.

Les uns et les autres risquent d’être moins nombreux qu’espéré par le Président de la République : sa popularité faiblit comme prévisible, mais surtout l’opinion et les élus LR comme PS commencent de se demander si être dans l’opposition n’est pas plus utile que d’applaudir en cadence à chaque projet de loi du Gouvernement…

A suivre, la rentrée n’ira pas sans surprises.

Moralisation de la vie politique

Je proposais, dans mon programme pr l’élection législative, 2 mesures que je souhaitais porter l’occasion de la loi de moralisation de la vie politique .

La première : le non cumul d’un mandat de parlementaire et d’un emploi. Parlementaire est en soi meme un emploi à plein temps, il n’est pas sain qu’on occupe un autre poste, alors que tant de Français sont en recherche d’un emploi). De plus, c’est augmenter le risque de conflits d’intérêt.

La seconde : l’assermentation des parlementaires, pour le service de la République, l’absence de conflits d’intérêt et.. Le respect de la confidentialité quand elle est requise.
C’est le cas des commissions de la Défense qui se déroulent à huis clos. Si aucun député n’avait divulgué les paroles du Gal de Villiers, une affaire très fâcheuse aurait pu être évitée et les parlementaires (et eux seuls) auraient été informés comme il se doit des inquiétudes du chef d’Etat Major.
L’une et l’autre de ces mesures finira peut-être un jour par s’imposer…

Ballottage à risque pour les élus locaux

L’intervention du Président de la République à la Conférence Nationale des Territoires, mais plus encore ses décisions, suscitent bien des interrogations. J’en évoquerai principalement une, explicitée par le Ministre en charge de la cohésion des territoires, l’ex-sénateur radical Jacques Mézard : l’acte I de la réduction des élus locaux devrait frapper en tout premier les élus municipaux.

La première de ces interrogations : est-ce là que l’on trouvera des économies significatives ? La réponse est : non. S’ils sont nombreux, leurs indemnités sont modestes à très modestes (voire absentes), surtout au regard du temps passé, bien souvent du travail effectué et plus encore du symbole de l’investissement des citoyens dans la gouvernance locale et à l’intérêt collectif.

Et l’on en vient à la seconde interrogation : pour quel bénéfice, si celui n’est pas financier ? Si l’on interroge les Français, prompts à la défiance envers l’ensemble des élus, ce sont les élus locaux qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Peu soupçonnés d’avidité, pas davantage d’une recherche inconsidérée de la gloire, leur action de terrain leur vaut estime et soutien. Tel s’est battu des années pour bâtir un EHPAD dans sa commune, sachant que sans cela, le pharmacien, voire le médecin, quitterait la place et que les grands âgés seraient beaucoup plus rarement visités s’ils résidaient à plusieurs dizaines de kilometres. Tel autre a obtenu un terrain de sport, un troisième une desserte d’autobus ou s’est battu pour le maintien de la poste. Même s’ils n’appartiennent pas au même parti, ces élus -souvent des retraités- sont des défenseurs de leur territoire et sont fiers de le représenter et de participer, même tant soit peu, à sa renommée.

Sabrer dans ces bataillons de fantassins améliorera-t-il la situation de la France et plus encore la cohésion , les initiatives, la fierté, l’identité de nos territoires ruraux ? Rapprochera-t-il les zones rurales, qui se sentent « décrochées des zones urbaines ? Je fais plus qu’en douter.

De la même manière, l’excessive réduction du nombre de députés, envisagée à court terme, risque de développer  l’impression de compter pour bien peu de ces mêmes territoires ruraux. Si un député peut représenter l’ensemble d’une ville, c’est à dire étendre son territoire en pouvant cependant le parcourir aisément, la députée d’un territoire comme le Médoc, qui doit parcourir des kilometres chaque jour pour se rendre dans ses multiples communes, ne peut pas élargir son périmètre sans y perdre beaucoup de représentativité et de possibilités d’action locale.

Alors supprimer 200 députés (et non 50 à 100), quitte à leur donner plus de moyens, est-ce raisonnable ?

Il parait évident qu’à plus long terme le Président pense à la suppression du Conseil Départemental ou pour le moins à la réduction de son périmètre d’action par l’exclusion des métropoles, comme c’est déjà le cas à Lyon. Le précédent de Manuel Valls qui avait annoncé en prenant ses fonctions de Premier Ministre, la suppression pure et simple des  Conseils généraux (c’était alors leur nom) pour rétrograder peu après, a certainement refroidi l’ardeur du Président Macron, mais le dossier s’il est momentanément rangé n’est sans doute pas oublié.

Victor Hugo qualifiait Bonaparte de « jeune Général qui a besoin d’une victoire ». Macron tient cette victoire, mais c’est après que les difficultés empirent.

 

 

 

Droits du Parlement contre obligation de silence des armées

Les commissions de la défense ne devraient plus être publiques (c’est à dire retransmises en direct). Un Général doit pouvoir s’y exprimer librement devant le Parlement, sinon point n’est besoin qu’il s’exprime. Mais on comprend que cette expression ne doit pas faire la Une des journaux. La « grande muette » n’a vocation qu’à s’exprimer dans un strict cadre républicain.

La réponse du Président de la République aux déclarations du Général de Villiers n’est en tout cas pas la bonne. Humilier ce haut gradé devant ses pairs (lors de la garden party du ministère de la Défense) et devant la France toute entière est malencontreux alors que notre armée est sollicitée sur et en dehors du territoire . Le Président de la République est le chef des armées et cette hiérarchie doit être respectée. Mais de la même manière, le Parlement est le Parlement et cette dyarchie doit aussi être respectée.

La solution la plus opportune eût donc été un strict l huis clos des commissions de la défense, permettant que les Parlementaires qui auront à voter le budget soient informés et que l’autorité du Chef de l’Etat sur les armées ne soit aucunement remise en cause.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel