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Mettre la campagne en ville

En mai 68, fleurirent des slogans merveilleux dont l’un fait aujourd’hui bon office, en le modifiant tant soit peu : « Mettre les villes à la campagne ».

C’est aujourd’hui « Mettre la campagne en ville » qui peut rendre nos cités vivables et leur permettre de conjuguer santé et agrément. Les efforts de « densification urbaine » des procureurs de l’écologie sacrifient bien souvent les espaces végétalisés à l’appétit des promoteurs. Exemple à Bordeaux dans le quartier hier bien nommé du « Grand Parc » où se concentrent les efforts de rattrapage du retard de la ville en logement social, au détriment de l’aération et de la belle disposition « sans vis-à-vis » du bâti.

Le projet de végétalisation urbaine que j’ai présenté à l’occasion des élections législatives à la fois dans mon bilan (pour les propositions déjà faites à Bordeaux) et dans mon programme  fait aujourd’hui des émules sur les médias sociaux : la canicule de la semaine qui vient de s’achever a rappelé brusquement les avantages de l’ombre. Qui dit « ombre » dit de préférence « arbre » à « mur » et la fraîcheur ne se trouve guère dans la minéralisation urbaine dont le Maire de Bordeaux n’a que trop abusé. La place Pey Berlan, minéralisée jusqu’aux bans publics est plus propre l’été à la cuisson des oeufs  qu’au bol d’air dont les citadins ont besoin…

La santé a aussi beaucoup à voir avec les espaces naturels et les scientifiques ont démontré que vivre à leur proximité était facteur de longévité et de santé. Outre l’ombre, arbres et arbustes oxygènent l’air, reposent la vue, amortissent les bruits, apaisent et rafraîchissent. Les arbres multi-décennaires invitent à la réflexion et à la rêverie. Le jardinage, pour tous ceux qui ont la chance d’un jardin ou même d’une terrasse, a été identifié* comme une activité décisive contre le vieillissement, à la fois par l’activité physique qu’il procure mais aussi parce qu’il est un investissement sur l’avenir, lequel protège du repli et du désarroi.

La nature est aussi une grande enseignante : elle élargit le vocabulaire, apprend le cycle des jours et des saisons, fait découvrir le jeu fugitif des couleurs et des odeurs. Pas d’artiste, qu’il soit peintre, musicien ou écrivain, qui n’ait trouvé en elle son fond de connaissances. Je plaide pour une ville qui soit non seulement verte mais botanique, où l’on indique le nom des plantes, des arbres le long des rues. On n’aime bien que ce qu’on sait nommer et le goût de la nature se développe en en apprenant le langage. Je préfère une « avenue des micocouliers » à une « place Stalingrad », tout en rendant hommage au poids de souffrances que porte le nom de cette ville.

Agriculture et jardinage urbains, récupération des eaux pluviales, compostage public, végétalisation des voies et des rues, murs de lierre accueillants aux oiseaux nicheurs, fontaines et bassins .. Et si la politique retrouvait la fraîcheur des slogans d’il y a 50 ans ?

*par les travaux de l’@ispid_bordeaux et l’équipe du Pr Dartigues

Mais que vient faire la corrida dans l’écologie ?

Le nouveau Ministre d’Etat, Nicolas Hulot, vient de donner sa première grande déclaration programmatique : pollution, boues rouges et … Corrida !

Mais que vient donc faire la corrida dans les compétences de son Ministère et dans les siennes ? Les grandes prairies andalouses où sont élevés les « toros » de corrida sont elles moins écologiques que les étables XXL où sont condamnés à vivre les bovins des élevages français ? Et quand bien même, la question du bien être animal relève me semble-t-il du Ministère de l’agriculture.

Le débat que j’ouvre par cette question n’est pas « pour ou contre la corrida » mais bien celui des attributions du Ministre-reporter vedette de la télévision. L’intitulé exact de son Ministère est « Ministère de la transition écologique et solidaire », ce qui mériterait précision. J’ai pensé d’abord à une solidarité inter-humaine, laquelle manque beaucoup dans ce gouvernement (familles, âge, exclusion..) mais peut-être s’agit-il d’une solidarité plus cosmique entre  règne animal et végétal.

 

Et toujours pas de Ministères des personnes âgées, fragiles ou vulnérables ….

Le nouveau gouvernement, joliment appelé « Philippe II » me laisse consternée par l’absence de Ministère « des personnes âgées et de la transition démographique ». Cette double appellation pour souligner un double manque : celui de la question du grand âge et de la perte d’autonomie, celui de la prise en compte de la transition démographique qui fait qu’aujourd’hui 30% des Français ont plus de 60 ans et vivent plus de trente ans à la retraite.
Un ministère transversal -ou pour le moins un secrétariat d’Etat, comme c’est le cas pour le handicap-, eût été indispensable : pratiquement 100 % des familles françaises sont concernées et tous les secteurs (santé, logement, urbanisme, fiscalité…) de notre vie en société par cette « transition » si profondément humaine.
La nomination de ce gouvernement s’est par ailleurs faite par temps de canicule. Osons un faible jeu de mots : est-ce que cela n’aurait pas du rafraîchir la mémoire du jeune Président de la République ou de son premier Ministre ? Qui pour porter ces jours-ci la voix bienveillante de l’Etat auprès des personnes fragiles et isolées, et en premier lieu bien sûr des grands âgés ?
C’est d’ailleurs cette absence de prise en compte de la fragilité, de l’exclusion, de l’isolement, qui frappe en ce début de quinquennat. Gouvernement comme Parlement font une large place aux beaux, aux blancs, aux forts, aux bien nés et aux urbains.
Puissè-je me tromper…

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