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Absentéïsme des députés : parole d’expert

Le projet de loi Hadopi a été rejeté en dernière lecture. Ce n’est ni la faute du texte (bancal, déjà dépassé et inapplicable), ni la faute des divisions de la droite, c’est la faute de ce vieux serpent de mer « l’absentéïsme-des-députés ». Au passage, on en met une couche côté démagogie et anti-parlementarisme primaire. Même technique qu’avec le projet Balladur : « vos élus locaux vous coûtent trop cher ».

La loi reviendra à l’Assemblée, contre tout principe démocratique, et, foi de Sarko, elle sera voté. Même si l’on doit pour cela menacer les députés récalcitrants comme ce fut le cas pour le dernier congrès de Versailles. Voilà, à coup sûr, une manière décisive de motiver les députés : balayer leur vote d’un revers de main et remettre le couvert.

Disons-les choses simplement : je ne suis pour ma part pas opposée à ce que l’activité des députés soit évaluée, comme c’est le cas au Parlement européen, ne serait-ce que pour montrer que la très grande majorité des députés travaille beaucoup. Pas non plus opposée que cette évaluation, si le résultat est médiocre, se traduise non pas par une « sanction » (le mot est en tous points malheureux) mais par une retenue sur indemnités. C’est là aussi le cas au Parlement européen : personne n’en est mort même si les députés les plus actifs n’en ont reçu aucune récompense.

Un point pourtant est essentiel : la définition des bases de l’évaluation. La présence aux séances n’est qu’un élément parmi d’autres. Pourquoi un député totalement non engagé sur un texte, sur lequel il n’a pas de compétence particulière et qui concerne pas ou peu son territoire, devrait-il être présent sans mot dire tout au long de 100 ou 150 heures de débats ? Il est impossible d’être à fond sur tous les textes et ce serait d’ailleurs contre-productif : il vaut mieux bien préparer ceux sur lequel on s’engage.

Doivent s’ajouter à cela : la présence en commission, la participation, voire la direction de groupes de travail, les auditions, les réunions thématiques, la participation à son groupe politique et le travail interne au parti. Ceci pour le seul travail parisien, auxquels s’ajoutent les rendez-vous et le courrier sur place. Et bien sûr, le travail en circonscription, que je ne détaille pas ici.

Est-ce à dire que les députés sont des anges, que tous travaillent également et constituent des moteurs de l’Assemblée ?

Que nenni, bien évidemment, mais ceux-là sont de très loin minoritaires et je n’ai aucune opposition à ce que les Français puissent au contraire apprécier le travail des plus nombreux.

Dire que la présence et le travail à l’Assemblée ruine tout avenir à la tête de notre pays, serait mensonge. Un expert en absentéïsme, constamment remarqué et brocardé pour cela, est aujourd’hui Chef de l’Etat. Alors que son groupe vient de déposer une motion de censure (25 mai 99), il déclare sentencieux « En démocratie, le Parlement est le lieu où s’exprime tous les différends ! »

Le Ministre Kofi Yamgnane lui répond sobrement « Vous n’y êtes pas souvent ! »

Las, notre honorable Président a oublié, outre son absentéïsme, que devaient en effet s’exprimer à l’Assemblée, jusque dans le vote, « les différends ». Réduction du temps de parole et du droit d’amendement et maintenant distribution de mauvais points. Sarkoy sait, non seulement de quoi il parle, mais de quoi il veut que les autres se taisent.

Grippe aviaire, vache folle, cancer, sida : mais que fait l’Europe ?

Voilà une bonne question !

Nous la poserons, avec quelques autres,

vendredi 17 avril, à 20 h 30

au Connemara, 18 cours d’Albret à Bordeaux

Remboursement des soins pour tous les Européens, validité des diplômes pour toutes les professions de santé, recherche, lutte contre les épidémies, collaborations transfrontalières, l’Europe est très impliquée dans la santé de chaque Européen, mais elle manque gravement à faire de la santé un sujet d’union et d’ambition commune.

Je vous invite à venir en débattre ensemble.

Pipolisation ou personnalisation ?

Ce sont bien souvent les commentateurs de ce blog qui en font l’actualité et l’énergie. Sous les pas du billet précédent est apparu, non pas un contre-sens, mais un sens à double entendement. La « personnalisation » flirte très fort avec la « pipolisation », mais elle ne lui est pas synonyme.

La première est, comme le disent Clem, Asse42, d’autres, inhérente au(x) régime(s) présidentiel(s) ; inhérente, probablement, à notre société d’images et de médias. Obama en est, non pas l’avatar, mais l’apogée. Comment pourrait-il en être autrement ? Physiquement, essentiellement, il représente par sa seule apparence, par sa seule personne, un tournant de l’histoire des Etats-Unis. Il le fait avec un exceptionnel talent, et si un psycho/démo/socio/ethno/anthropo/logue décortique un jour son image, on verra combien elle est transitionnelle en même temps que profondément US. Les Américains de pouvoir étaient autrefois (hier matin) des « WASPS » (White Anglo-Saxons Protestants). Ils sont aujourd’hui autorisés à être des « Black Cosmo-Saxons Protestants ». Malgré son immense talent, Obama n’aurait pas pu changer tous les paramètres d’un seul coup, mais il a déjà fait beaucoup. L’allitération par contre est impossible. Les initiales BCSC ne sont promises à aucun succès !

Je me suis laissée éloigner, comme bien souvent, du corps de mon sujet. La « personnalisation », défendue par Asse42 à propos de Ségolène, répond en effet à une nécessité du temps, mais elle n’est pas nouvelle. Sans avoir besoin de s’enfoncer dans l’histoire, Pierre Mendès-France (avec parcimonie), de Gaulle (avec faste) l’ont utilisée et ils ont eu raison. Pour cela, ils ont marqué notre histoire et notre inconscient.

Elle connait aujourd’hui d’autres exigences. La prééminence de l’image impose aujourd’hui à celui/celle qui a du charisme d’être une star. Obama ressemblerait-il à Idi Amin Dada, il ne serait pas Président des Etats-Unis et il ne serait pas Obama. Il dit lui-même qu’il s’est fait une règle « de ressembler à celui que l’on croit qu’il est ». Tout est dit, dominé, avoué. Oui, la personnalisation est nécessaire, même si elle est vulnérable et toujours menacée du culte de la personnalité ou de la grosse tête.

La pipolisation, j’oserais dire que ce sont les miettes de la personnalité, qu’on laisse volontairement tomber de la table pour les donner au peuple, pour fabriquer une image dont on puisse parler sur les marchés.

« Fabriquer » est bien le mot. Si la « personnalisation » ne peut pas vivre sans un fondement de vérité, la pipolisation n’en a rien à faire. C’est « le misérable petit tas de secrets » que dénonçait Malraux vendu à vil prix, et produit par un faussaire. Il s’agit de créer une image, de l’adoucir, de la rendre plus compliante aux circonstances et plus complaisante au public. C’est constamment, de la fausse monnaie et les femmes y sont toujours perdantes car elles y sont bien souvent utilisées selon des schémas réactionnaires qui ajoute au peu de goût que j’ai de ce mauvais commerce. Elles mêmes d’ailleurs, quand elles ont le premier rôle, s’en gardent avec prudence.

La pipolisation n’est pas mon fort

Je repense à un commentaire de « mon oeil » au billet précédent. En réalité, je n’y repense pas, la pensée a fait son chemin souterrain alors que j’étais occupée de beaucoup d’autres choses. Tant et si bien, m’y voilà.

Je déteste la « pipolisation » parce qu’elle est toujours, quelque part, instrumentalisation. Tel qui dit « Pierrette -ou Paulette, ou Denise- est si discrête, si dévouée aux autres (c’est à dire à moi) » instrumentalise une image de la femme fondamentalement réactionnaire, ringarde, à l’opposé de tout ce que je souhaite dans les liens d’affection, d’amour, de tout ce qu’on veut ou de tout ce qu’on peut.

L’image de l’homme est mieux préservée de ce point de vue. D’abord, parce qu’il y a moins de femmes « aux commandes », mais aussi peut-être parce qu’elles ont une sensibilité beaucoup plus grande dans ce domaine. Je n’ajouterai pas « comme dans bien d’autres » bien que cela soit venu sous mes doigts et qu’il m’arrive, avouons-le, de temps à autre de le penser. Angela Merkel a-t-elle jamais raconté sa flamme pour son Angelo ? Détaillé sa première rencontre avec lui, dans l’idée de casser son image de femme forte ? Et Angelo lui-même a-t-il jamais fait la récit de ses « jours heureux » au Budeskanler Amt (la résidence des chanceliers) ?

Jamais. Angelo ne s’appelle pas Angelo mais Joachim Sauer. Il ne porte pas le nom de Merkel. Il n’en a pas besoin. Il mène sa carrière scientifique indépendamment d’Angela, publie livres et articles sans référence aucune à sa chancelière. Il Existe.

Zapatero n’a pas besoin non plus de Zapatera. Pas besoin, plus justement, de la mettre en scène, de la faire vivre dans son orbite. Il n’y a guère qu’en France que l’on convoque les conjoints dans les campagnes électorales ou les déclarations de candidature. Ai-je besoin de citer des prénoms ?

La modernité de la vie politique, à tous les niveaux, impose la liberté, l’expression et la responsabilité personnelles. Homme ou Femme, quels que soient l’optique ou le regard, je bataillerai toujours pour cela.

Je reviens au titre de ce billet, décalqué de Valéry (Paul, pas Giscard) : « la bêtise n’est pas mon fort ». Il me semble y avoir un lien très direct entre les deux formules.

Les journées babygros

Le luxe de trois journées babygros d’affilée n’a d’égal que leur brièveté : deux déjà sont passées et la troisième est saisie de la même hâte. Beau ou mauvais temps, les heures courent et les minutes ressemblent à des secondes. Toutes à la fois occupées et libres, c’est à dire occupées de nulle autre urgence que celle qu’on veut bien appeler telle.

La journée babygro se définit par l’excellent vêtement qui l’accompagne : doux, mou, confortable, généralement large, souvent fatigué par un long usage, insoucieux en tout cas de bonne apparence comme de minimale séduction. Le babygro est libertaire en même temps que casanier. A défaut de plaire, il sied, il entoure, il réchauffe, il réconforte.

Les esprits fins en même temps que géomètres qui honorent ce blog de leur fréquentation auront compris que le vêtement n’est ici que l’apparence d’une disposition de l’âme (rien de moins) assez éloignée des joutes, griefs, noirs desseins et autres médiocres divertissements que méprise le philosophe. Le battement sur le parquet de la queue du chien, les premières ponctuations rouges d’une aubépine trentenaire, le « merle moqueur » et la concurrence des moineaux autour d’une colonne de graines y trouvent meilleure grâce que les échos des gazettes. Avouons pourtant qu’ils n’en sont pas absents, mais qu’ils y sont reçus avec la distance qu’ils méritent.

Le petit trottinement guilleret des touches de l’ordinateur et, derrière lui, sa respiration rassurante vont bien à la fois avec la course et le calme des journées babygros. En réalité, la magie, c’est qu’on prend le temps de les entendre et de s’en réjouir comme d’une présence familière.

On voudrait que tout cela, non pas dure toujours, mais ne s’arrête que quand on le désire.

Un soleil attendrissant de fragilité répond à ce voeu. Je le rejoins dehors.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel