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Education : l’alerte rouge !

Le classement des lycées publié par « Sud Ouest » dans son édition du 9 avril et par « L’Express » du 9 au 15 avril ne sonne peut-être pas le glas de l’Ecole publique mais constitue une alerte, une sorte de carton rouge, peut-être même une dernière chance, pour qui voudrait sauver les principes de l’éducation publique et républicaine.

Mais n’est-ce pas, au contraire, le propos de ce gouvernement de dissoudre ces principes et d’entériner désormais que, ce qui fut le ministère de l’instruction publique puis de l’éducation nationale, devienne définitivement celui de la ségrégation sociale et de l’inégalité des chances ?

Classement national des lycées : 16 établissements privés parmi les 20 premiers.
Classement girondin : 6 établissements privés parmi les 8 premiers.

Le classement prend en compte, non seulement le taux de réussite au bac mais la capacité à faire progresser les élèves et le caractère « sélectif ou accompagnateur des établissements ». A ma connaissance, rien n’est dit de son recrutement social. Le jour où le lycée Saint Genès (quartier à 0% d’habitat social) sera situé aux Aubiers (100%), cela se saura. Ce n’est qu’à moitié une boutade : pourquoi ne pas implanter les établissements d’excellence dans les quartiers sociaux ?

Devant de telles données, que devrait faire un Ministre de l’Education, avec un grand « E », nommé par la République, héritier de Jules Ferry, dont on attend, non qu’il fasse du Jules Ferrry « dans le texte », mais qu’il applique le logiciel « Jules Ferry » aux données du XXIème siècle ?

Il devrait
– mettre les moyens humains là où ils sont indispensables : petite enfance, quartiers fragiles ..
– imposer une mixité scolaire intelligente, bien dosée, stimulante ; et ceci par des méthodes nouvelles (les enfants des Aubiers distribués dans trois ou quatre établissements différents plutôt que d’être concentrés dans un seul)
– mettre de l’élitisme républicain là où il n’y a plus qu’absentéisme, désintérêt, désespoir et décrochage. Et si les meilleurs profs (disons : les plus expérimentés, les plus désireux d’y aller), la meilleure section d’allemand étaient au lycée du Grand Parc ? Et si les écoles bilingues (comme ce fût le cas) étaient à Schweitzer et à Condorcet ? Et si, tant de possibles, tant d’inédits, tant d’impératifs !..
– rendre aux enseignants la force, le prestige, l’esprit pionnier des « hussards noirs de la République » ? Là aussi, en gardant le logiciel mais en changeant les données. Il y a tellement à inventer, non pas pour redonner la foi aux enseignants (la plupart l’ont gardée), mais pour leur redonner la visibilité et la force de cet enthousiasme.

Que constatons-nous en réalité ?

L’inverse ! Menaces sur l’école maternelle, régime maigreur pour les RASED, l’orientation, la médecine scolaire (liste non close), abolition de la carte scolaire sans mesures novatrices de substitution, suppression des options attractives dans les lycées « des quartiers », diminution des postes là où ils devraient être renforcés …

J’étais hier à l’école maternelle des Menuts : parents mobilisés derrière leurs enseignants, enthousiasme, volonté de peser sur l’avenir, amour des enfants… Tout y était de ce qu’il faut sauver, de ce que notre pays, inquiet, attend, est prêt à écouter et à suivre.

L’Ecole et l’Hôpital constituent les piliers de la République. Les Français y sont légitimement attachés et, pour peu qu’on leur donne des signes, qu’on les y encourage, qu’on leur montre que c’est encore possible, prêts à les défendre. Il manque encore ce ferment capable de solidariser les Ecoles entre elles, tous les niveaux de l’ « Ecole » (c’est à dire de l’Education et de l’enseignement) entre eux, les Enseignants aux parents d’élèves, les élèves aux étudiants… Entre les lignes du classement des lycées, il y a le ferment d’un mai 68 de l’éducation dont l’urgence est perceptible comme l’est le mois de mai au regard de la date d’aujourd’hui.

Michèle Delaunay à l’école

Sud Ouest, le 11 avril 2009

La députée PS Michèle Delaunay est venue hier matin à l’école maternelle des Menuts à Bordeaux, écouter les doléances des parents d’élèves qui occupaient les lieux. Dénonçant « la mise en danger de l’enseignement public, de la maternelle à l’Université, une école à deux vitesses, rejoignant les préoccupations du collectif Sauvons l’éducation 33 », elle a assuré se faire le porte-parole des parents soucieux. Condamnant la « dérépublicalisation » de l’école publique, elle a porté une oreille attentive aux réflexions de chacun, soutenant clairement leur démarche.

Le poids des lois

Jean-Louis Debré n’est pas exactement un plaisantin mais il a résumé avec humour, ce matin sur France inter, l’inflation législative qui plombe complètement notre pays, ses administrations et noie les citoyens.

Evocant cette manie de plus en plus aigüe de répondre par un texte de loi au moindre évènement, il en a « pesé » les conséquences : il y a cinquante ans, le registre des textes de lois de l’année pesait 800 grammes ; aujourd’hui il pèse 5 kg !

A quoi bon cette inflation, puisque de nombreuses lois « ne passent pas à l’acte » : leurs décrets d’application ne sont toujours pas publiés quand la loi suivante vient les remplacer. Combien d’employés d’organismes divers, de citoyens, de justiciables se plaignent qu’ils ne savent plus où on en est des lois et reglements !

Jean Louis Debré a une explication : on légifère pour rassurer, pour calmer l’angoisse des Français et l’angoisse des politiques, « ce désespoir de n’avoir plus à espérer ».

Ce qui avait commencé par un trait d’humour a débouché sur une interrogation très sombre sur l’état de notre pays.

Bordeaux, ordre et absence de mesure

Bordeaux est une fois encore en pointe pour l’application des prescriptions sarkoziennes. Je crains qu’il n’y ait pas lieu de s’en réjouir.

Tout le monde a eu l’écho de la fâcheuse expérience d’une cycliste, rentrant tard à son domicile après avoir bu trois verres de vin. Ce petit écart était prévu et pour cela, elle n’avait pas pris son véhicule mais son vélo. Résultat : mise en garde à vue avec tous les inconvénients qui vont avec : déshabillage quasi-complet, fouille, attentes… Une autre Bordelaise a été tabassée et menottée pour avoir soutenu, avec bien d’autres, des squatteurs que les forces de l’ordre voulaient déloger. Tant d’autres, qui me content leurs mésaventures, sans proportion avec les fautes ou erreurs qui les ont causées.

Je crains que notre ville soit au-dessus de la honteuse moyenne nationale qui chiffre à 1% la proportion des Français ayant fait l’expérience de la garde à vue. Expérience humiliante quand elle ne répond pas avec justesse et mesure à ce qui y amène. Pour ma part, j’ai été -à ma connaissance- la seule députée recevant du Préfet un rappel des rigueurs de la loi et une mise en garde pour avoir aidé et parrainé des travailleurs sans papiers.

Le Directeur de la Sécurité publique, Albert Doutre, qui accompagne le Maire de Bordeaux à chaque conseil de quartier pour y faire état de son zèle et de ses résultats, explique que ces placements en garde à vue n’ont d’autre but que de permettre aux « gardés » de faire appel au secours d’un avocat.

Un avocat pour des fautes vénielles, n’entrainant ni risques, ni dommages, où sommes-nous ? En réalité, il s’agit tout bonnement d’excès de zèle pour complaire aux directives sarkoziennes et satisfaire au désir de résultats du Maire de Bordeaux. Les délits qui n’en sont pas sont les plus faciles à élucider et améliorent d’autant les statistiques locales, généreusement projetées, commentées lors des conseils de quartiers.

La répétition de ces excès a ému la Ligue des droits de l’Homme qui s’est résolue à mettre en place, conjointement avec le syndicat de la magistrature et celui des avocats, une commission qui peut être saisie par les citoyens qui s’estiment abusivement pénalisés. Elle enquête alors et publie le résultat de son enquête.

Espérons que cette commission aura au moins un rôle dissuasif et tempérera l’ardeur des amis de l’ordre mais pas de la mesure.

Vieillir est une chance !

Je présente demain au groupe Socialiste, Radical et Citoyen (SRC) le rapport d’étape et les propositions du groupe « Politique de l’âge » que je préside à l’Assemblée.

Dix-huit mois d’auditions et de réflexion qui ont d’abord été l’occasion de rencontres pétillantes, toujours gaies, novatrices, positives, bien loin de l’image que beaucoup se font de tout ce qui concerne les « âgés ». Je ne peux citer tous ceux qui sont venus enrichir ce rapport. Je ne résiste pas cependant à saluer Geneviève Laroque, présidente de la société française de gérontologie, Thérése Clerc, Monique Bragard et Syzanne Goueffic, conceptrices de la maison des Babas Yagas, Jérome Pélissier, Jean MIchel Caudron, Annie de Vivie fondatrice d’Age-Village, Joëlle le Gall, Bernard Ennuyer, Jean Claude Henrard… Présidents de sociétés savantes, Professeurs, Sociologues, gérontologues … Tous sont en réalité de dangereux révolutionnaires, bien décidés à faire bouger ce « tiers monde » que constituent les plus de 60 ans. Que ceux que je n’ai pas nommé me pardonnent : tous sont à ranger parmi ces activistes ; aucune de nos auditions, aucun de nos débats, n’a été ni ennuyeux, ni ténébreux. Qu’ils en soient remerciés en même temps qu’invités à poursuivre le travail avec nous.

Et pourquoi l’auraient-ils été ? Vieillir est une chance et c’est aussi un des objets de notre rapport de contribuer à envisager l’âge positivement. Certes, il ne va pas sans problèmes, ni sans questions, mais toutes les possibilités sont aujourd’hui ouvertes pour qu’il ne soit pas non plus sans réponses.

L’allongement de la vie a constitué la plus grand progrès du XXième siècle, il est aujourd’hui la défi politique majeur du XXIième. Un tiers de la population occidentale peut être considérée comme « âgée » mais pour la majorité d’entre eux, ces âgés se portent bien, sont actifs et décidés à la demeurer le plus tard possible. Les acquisitions techniques, au premier rang, desquelles l’informatique, sont là pour les aider à demeurer pleinement en prise avec leur temps.

La balle est dans le camp des politiques : à eux (à nous) d’innover et de trouver, à la question nouvelle de la révolution des âges, des réponses nouvelles. Tout à fait entre nous, je pense que c’est en premier lieu aux socialistes de se porter en tête de ce défi social, sociétal et humain. Nous défendions au cours des derniers siècles ‘la veuve et l’orphelin »‘. Tous les deux ont radicalement changé de visage mais ils n’ont pas moins besoin d’attention, de solidarité, d’échange et de partage.

La révolution des âges, il ne faut pas se suffire de l’analyser, il faut la faire. Elle a besoin d’un vocabulaire nouveau, de petites mesures qui ne paraissent pas grand chose mais qui peuvent changer la vie, de reglements, de lois, de défenseur(e)s des âgés, les uns et les autres capables de démonter que non, décidément, il n’y a pas plus jeune, plus moderne, plus progressiste que d‘avancer en âge !

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel