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On ne peut pas se passer de l’école maternelle

L’actualité va si vite, sans jamais dire où elle va, les journées se pressent si bien, que je n’ai pas eu encore loisir de parler de l’école maternelle plusieurs jours après la belle réunion qui a eu lieu le 30 mars à l’Athénée Municipal.

On connait les menaces que font peser le gouvernement et les idéologues de l’ump sur cette école : suppression de la « petite section » (les deux à trois ans) au profit de « jardins d’éveil » et demain, peut-être, suppression de la maternelle elle-même, fleuron de notre système éducatif, originalité pour une fois positive de la France au sein de l’Europe. « Peut-on se passer de l’école maternelle ? » constituait le thème de la réunion de l’Athénée. Rien qu’à poser la question, on en a le sang tourné.

Pourquoi ? Parce que la Maternelle, républicaine et gratuite, est à la fois un enjeu primordial d’éducation et d’acquisition des savoirs de base et un enjeu, plus que jamais décisif, d’équité sociale.

Médecins, neuro-scientifiques et pédagogues s’accordent tous pour dire que c’est au cours des premières années que tout se joue. Entre deux et cinq ans, le cerveau est comme une grande éponge qui se développe à la vitesse des acquisitions qui lui sont proposées : langage, formes et couleurs, sons et musique impriment l’écran avide des circonvolutions des jeunes enfants. Même chose pour le caractère qui se forme et qui s’arme à cet âge (et qui restera, qu’on le veuille ou non, notre meilleur outil pour toute la vie) ; même chose pour le développement physique, mais nous dépassons là le domaine de l’école sans toutefois lui être étranger. Ces trois années aussi constituent le temps privilégié pour dépister troubles et déficiences, et bien sûr pour y remédier.

La sociabilité se joue aussi à cet âge. L’entrée à la Maternelle, c’est pour tous les petits (et leur maman !) un but, une première étape vers le monde extérieur (être propre, découvrir qu’on n’est pas tout seuls et qu’il y a mieux à faire, même si on n’est pas d’accord, que de se taper dessus). Non, M. Darcos, les institutrices d’école maternelle ne sont pas là pour changer des couches mais pour instruire.

C’est au moins autant un enjeu d’équité sociale. Où les tout petits feront-ils l’acquisition du langage à égalité qu’ils soient issus des Aubiers où de l’avenue Carnot à Caudéran ? Qui leur apprendra la magie des mots, la magie des couleurs, les rudiments de la musique, qui mieux qu’une institutrice d’école maternelle bien formée ?

Au lieu de cela, l’ump, jamais en manque d’imagination en matière d’égalité des chances propose, des « jardins d’éveil », financés par les parents et les mairies, c’est à dire rompant le pacte de la gratuité républicaine.

L’école maternelle n’est pas obligatoire, mais une majorité d’enfants la fréquentent. Plus que jamais, au regard de la paupérisation de pans entiers de notre société, il faut se demander s’il ne faut pas faire évoluer son statut et envisager une obligation, plus souple que pour l’école primaire en matière d’horaires et d’assiduité, mais donnant au moins l’assurance que, où qu’ils habitent, milieu rural, banlieues, centres villes, quels que soient les moyens de leurs parents et la composition de leurs familles, tous les petits loulous qui porteront la France de demain, auront appris, joué, chanté, peint dans la même école maternelle, républicaine et gratuite.

Bordeaux adultère

Pourquoi Bordeaux, la Gironde, sont-elles si marquées de littérature ?

Ce n’est pas d’ailleurs tellement le nombre d’écrivains qui y sont nés, ou qui y ont vécu : ce sont les liens entre eux, le tempo bordelais que l’on renifle autant entre les pages de leurs livres qu’entre les pavés des rues. Toutes les villes sans doute peuvent se prévaloir d’une belle brochette de plumitifs, et si je ne trouve pas d’exemple dans l’instant, si ce n’est Flaubert et Rouen, c’est parce que je connais ni suffisamment chaque ville, ni suffisamment la littérature.

Le lien quel est-il ? La rencontre du terroir et du vent du large. Bordeaux est assise sur un socle formidablement terrien : ses vignes, ses pins, son arrière-pays agricole. Une part de la mentalité bordelaise est liée au respect des hectares de terre et des traditions dont ils sont les vecteurs. Vous me voyez venir : je pense à Mauriac, qui partageait ce respect, mais qui savait comme personne en pointer les duretés et les souffrances.

Le vent du large, venu du port et du fleuve, balaye cet excès de matérialité. Quand Mauriac ou Michel Suffran remontent la rue Saint Rémi, il sentent entre les façades le souffle des quais et ils sont fondamentalement remués de l’antagonisme entre la pierre et cette eau, à quelques centaines de mêtres, qui ouvre Bordeaux sur le monde.

Sait-on que le domaine maritime remonte jusqu’au pont de pierre ? En aval, c’est à dire vers l’estuaire, Bordeaux est un port maritime.

Tous les écrivains bordelais ont reçu, comme un coup de grisou positif, cet appel du large. Pour certains, il l’emporte sur l’appel de la terre, sans pourtant l’effacer. Pour d’autres, il est comme une fenêtre, un rappel au désordre et à l’aventure. Je ne vais pas faire la liste de nos gloires passées, présentes et futures, mais toutes ont un pied dans la terre, un pied dans la mer, en proportion très variée. Dominante grand large pour Jean de la Ville Mirmont, Victor Ségalen. Dominante terre pour Mauriac (et encore je n’en suis pas si sûre), Suffran, Montaigne .. Ce dernier nommé d’ailleurs ne vaut pas dans la démonstration : Bordeaux alors n’était aucunement le port qu’il est devenu un siècle et demi plus tard.

Les Bordelais sont tous des écrivains ; peut-être pas tous (au contraire des Islandais, dont un sur deux a publié un livre !), mais tous ont dans leur fond de conscience le lien adultère de leur ville entre terre et rivages. Ne le dites à personne, eux-mêmes ne le savent pas, mais c’est pour cela qu’ils aiment « le bassin », ce « petit large » qui leur parle de là où ils n’ont pas pu aller.

Pour cela aussi, le port et la vie maritime de notre ville sont si importantes. Vecteurs d’économie dès aujourd’hui, plus encore demain pour cause de développement durable, mais surtout porteurs de l’équilibre séculaire de notre ville et de son talent.

Nous inaugurions en début de soirée « Les escales du livre » et toutes ces fortes pensées me sont venues sur le chemin qui m’y amenait. Est-ce que cette belle dénomination n’est pas une preuve ? La littérature à Bordeaux s’ennuie dans les « salons du livre », elle a besoin de sa part de large.

Indiscrétion en direct du Conseil d’Etat

J’ouvre, après Sud Ouest, une rubrique sous ce titre d’ « Indiscrétion ». C’est un entretien, ce matin à l’Assemblée, qui m’y incite.

Une de mes collègues, UMP et sarkozienne (ce point n’est pas indifférent) mais avec laquelle j’ai noué des relations cordiales en commission car elle portait des amendements convergents aux nôtres sur la loi hôpital, m’a fait signe au sortir de l’ascenceur. Son époux est à la section « travaux publics » du Conseil d’Etat et il travaille en ce moment à la préparation d’un jugement qui ne sera pas sans conséquences pour notre ville.

Comme on sait, les terres inondables appartiennent, où qu’elles soient situées, à l’Etat et celui-ci réglemente de plein droit, dans le sens de l’interdiction, toute possibilité de construction sur les terres considérées comme telles. La définition d’ « inondable » est toujours sujette à longs débats, le risque d’inondation pouvant être apprécié sur des antécédents très anciens si le Conseil d’Etat en décide ainsi.

C’est la cas dans l’affaire qui occupe actuellement cette vénérable institution. Il s’agit des rives droites de la Garonne où ont été construites au cours de ces dernières années le lotissement disparate que les Bordelais ne connaissent que trop. Le Directeur de l’Unesco Francesco Bandarin serait intervenu dans le dossier : il m’avait, lors de sa venue à Bordeaux, exprimé combien il trouvait cette réalisation catastrophique et dommageable pour le patrimoine. Ceci se comprend aisément. L’indiscrétion réside davantage dans le fait que Nicolas Sarkozy lui-même est intervenu pour que la notion d’inondabilité soit examinée de manière assez généreuse et en s’appuyant sur toutes les données historiques dont on dispose.

Au total : le Conseil d’Etat prépare un commandement à détruire des premières lignes de la rive droite de Bastide 1. Par égard pour ceux qui occupent déjà les résidences, un long délai d’exécution sera accordé, ce qui n’est pourtant pas dans les habitudes du Conseil, ordinairement long à la délibération mais prompt à commander l’exécution.

Ce sera bien sûr un choc pour notre ville, mais c’est finallement une vraie bonne nouvelle au regard de l’histoire. Notre siècle ferait piètre mine au regard du XVIIIème qui lui fait face.

Le blues du blog

J’ai parlé à un certain nombre de baby et de papy blogueurs ; à un nombre plus grand encore de blogonautes, de blogophiles ou de blog’addicts : il y a toujours un moment où, parce que la journée est trop belle, parce que la vie est ailleurs, très loin au delà ou en deçà de l’écran, ils sont atteints par le blues du blog.

C’est quoi, cette nouvelle maladie ? C’est le moment où on se dit : quelle est la limite, quelle est l’étendue de cet écran, plein de mots qui ressemblent à autant de fourmis marchant droit sur la ligne ? Quelle est la profondeur de cette écriture sur « cristaux liquides » ? Au passage, tous admirent l’expression « cristaux liquides ». Peut-on imaginer matériau plus poétique que ces cristaux, qui comme un sable limpide, fondent entre les doigts ?

N’empêche que, les blog’addicts que j’ai interrogé, les blogonautes en culottes courtes ou longues, à l’égal des blogophiles les plus fervents, ont des moments de doute. Qu’y a-t-il de réel dans cet échange, si mobile et rapide ? Qu’y a-t-il d’important, de fondamental dans la multiplicité de ces sites, de ces « spots » comme disent les surfers, où aller un moment butiner, surfer, dialoguer, critiquer, s’emporter, se rallier, se faire et se défaire ?

Les jours gagnent en longueur, les soirs en douceur, n’ai-je pas davantage à apprendre de ma fenêtre ouverte ?

J’ai une ébauche de réponse. Connaissez-vous à propos, la plus belle et la plus courte histoire juive ?

Shlomo se précipite dans la rue et se met à hurler en regardant de toutes parts : « J’ai une réponse ! Qui, qui, a une question ? »

Quelquefois, quand à la fin d’un exposé, l’orateur s’interrompt et demande « Qui a une question ? », je réponds comme Shlomo : « Nous n’avons que des réponses ».

Je n’ai pas que des réponses. Mais j’en ai une. Le plus beau dans la chasse, ce n’est pas la prise, c’est l’attente. Le plus beau, dans tous les blogs du monde, dans toute les formes d’expression de l’homme, c’est la forêt de points d’interrogation qui lui fait ouvrir la fenêtre de son écran ou de son cahier.

Delaunay veut partager des jardins avec Juppé

Sud Ouest, le 31 mars 2009

Michèle Delaunay vient d’écrire à Alain Juppé pour lui proposer de financer des jardins partagés au Grand-Parc, sur le modèle de « la très belle réalisation du jardin partagé de Saint-Seurin ». La conseillère générale propose d’investir son FDAEC, l’enveloppe accordée par le département aux communes, sur ce projet. « J’ai besoin de l’accord d’Alain Juppé puisque d’une part ces jardins partagés seraient implantés sur le territoire communal, et d’autre part parce qu’ils ont un caractère innovant s’éloignant des critères habituels du FDAEC. Mais je suis sûre d’avoir à ce sujet l’accord du Conseil général », a précisé hier Michèle Delaunay.

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