m

Travail du dimanche (2) : une erreur sociale

Le travail du dimanche est une tromperie sociale, contre laquelle les partenaires sociaux s’élèvent unanimement.

– Il est vendu sur la base du « volontariat ». C’est possible dans quelques cas, mais c’est une illusion dans la plupart. L’implicite (et bien souvent explicite) subordination entre employeur et employé fausse complètement la notion de volontariat. Dans la situation actuelle de l’emploi et des salaires, qui sont ceux qui pourront prendre le risque de perdre leur emploi au prochain motif fallacieux ? Beaucoup aussi sont contraints pour finir le mois, payer le loyer, d’accepter toute solution améliorant tant soit peu leur salaire. Un projet d’amendement de la droite va encore plus loin : « Et pourquoi pas ne pas mettre, dès le contrat d’embauche, la possibilité du travail du dimanche ? ». Habile en effet : on trouvera ainsi un motif supplémentaire de discrimination à l’embauche à l’encontre de ceux qui rechigneront.

– Il constitue la meilleure arme de destruction du commerce de proximité. Comment le charcutier, qui n’est aidé que par sa femme, pourra-t-il tenir en face des grandes enseignes ? Plus mathématiquement encore, il est démontré qu’un emploi créé dans la grande distribution signifie trois emplois détruits dans le « petit » commerce. Cela s’appelle « gagnant-gagnant »!

– L’écart entre ceux qui auront obtenu de gagner double, ceux qui ne l’auront pas obtenu (sans doute majoritaires si l’on s’en réfère au texte du projet de loi), et ceux qui dès aujourd’hui travaillent le dimanche avec un bonus minime, voire sans bonus, sera générateur d’un légitime malaise (voir aussi : travail du dimanche (1)).

Social, vous avez dit social ?

Xavier Darcos : et de trois !

Gros temps en ce moment pour Xavier Darcos. Après les médailles en chocolat pour bacheliers rangées aux oubliettes, l’enseignement de l’histoire sous contrôle parlementaire unanimement planté, voilà le service minimum d’accueil revu à la baisse par le chef de l’Etat.

Gageons qu’il va éviter d’avoir des idées, au moins d’ici noêl !

Travail du dimanche (1) : une erreur économique

Le projet de loi qui nous avait été annoncé pour juin revient sur nos tables, avec passage annoncé à l’Assemblée mi-décembre.

Pourquoi mi-décembre ? Parce que le gouvernement espère faire mieux passer ainsi le projet dans l’opinion, comptant que les Français se disent, à l’approche de la corvée des achats de Noël : « finalement, c’est commode de pouvoir faire ses achats le Dimanche… ». La politique est un art tout de stratégie, d’opportunités et d’évitements. Le billard est, à côté, un simple jeu de hasard. Nous l’apprenons en ce moment à nos dépens.

Pour nous, le travail du dimanche, c’est non, et trois fois non !

Parce que c’est une triple erreur et, au total, une faute.

Une erreur économique d’abord : ni la consommation, ni la croissance, ni le pouvoir d’achat n’en bénéficieront.

– Comment les salariés pourront-ils dépenser le dimanche l’argent qui leur manque la semaine ? La consommation sera autrement répartie, elle ne sera pas plus importante et elle risque d’être plus compulsive, moins raisonnée. Au mieux, les achats dominicaux se substitueront aux achats de la semaine et la consommation sera un jeu à somme nulle ; et avec eux la part de croissance qui en dépend.

– L’ouverture du dimanche se traduira par une augmentation des prix. Elle est d’ores et déjà chiffrée à 4%, à la charge de l’ensemble des consommateurs, même les plus réfractaires aux achats du dimanche. Cette augmentation des prix est liée à une augmentation des charges fixes de 15% (électricité, chauffage, gardiennage… correspondant à un jour de plus de fonctionnement) et à un moindre degré à l’augmentation des salaires.

– L’augmentation du pouvoir d’achat des « travailleurs du dimanche » ne touchera que peu de personnes et pas du tout dans la proportion annoncée. Le doublement de salaire est un leurre : il ne concernera que les employés de structures où il n’y a pas eu d’accords négociés et où la décision est prise unilatéralement par le patron. Dans des secteurs comme la grande distribution, les accords seront imposés de fait en raison de la pression existant sur les salariés et de leurs très faibles revenus.

– Dans ce secteur, le travail du dimanche va favoriser le temps partiel, déjà très largement utilisé. Mais il ne fera pas un chômeur de moins.

– L’éventuel doublement de salaire va creuser l’écart entre ceux qui travaillent déjà le dimanche (personnel soignant et médecins, policiers, conducteurs de bus…) et ceux qui y accéderont en dehors d’accords cadres.

En réalité, le bénéfice économique évoqué par le gouvernement est un cadeau aux grands groupes de la distribution (déjà bien lotis par la levée des limitations à leur installation grâce à la loi dite de « modernisation de l’économie »). L’intérêt réel pour le pays est nul. Aux Etats-Unis, pays du 7 jours sur 7, on revient sur cette pratique, toutes les études démontrant que le solde est négatif.

(voir aussi sur ce sujet les billets du 1er juin 08, 11 decembre 07 et 23 janvier 08)

Un conseil de quartier Bon Chic mais pas Bonne Gauche !

Il serait excessif de dire que la soirée d’hier a constitué pour moi la plus courte échelle vers la Félicité…

Au Parlement : la discussion d’une loi liberticide de l’audiovisuel, sur laquelle nous avons beaucoup à batailler.

Au Conseil National du PS : l’approbation des conclusions de la commission des récolements. Rien que le formulé montre que l’affaire n’était ni simple, ni droite. En tout cas, elle est close.

A Bordeaux, le Conseil du quartier Grand Parc-Paul Doumer. Une quintessence de la politique-du-pouvoir-en-place, que j’exècre qu’elle soit de droite ou de gauche, au moment qu’elle atteint cet excès.

Après une heure et alors que nous n’avions toujours pas entamé l’ordre du jour, j’ai demandé à m’exprimer (deux minutes). Tout simplement, j’avais fait pour être présente un aller et retour en avion, et l’heure du dernier vol approchait.

– Pfft… a commenté une dame très BCBG, tout ça doit coûter bien cher !

Mais non, Chère Madame, je vous rassure : je suis abonnée, et le coût demeure le même quel que soit le nombre de voyages.

Alain Juppé refuse d’abord de me donner la parole : « Mâdâme, cette réunion est une réunion municipale et le Conseil Général n’y a pas sa place ».

Très poliment, j’explique que je m’exprime en tant qu’habitante du quartier, tout en regrettant que le Conseil Général qui soutient financièrement nombre de projets municipaux ne soit pas invité à s’exprimer comme le partenaire qu’il est de fait. A ma prière de pouvoir m’exprimer avant de repartir à l’Assemblée, le Maire ajoute :

– « Ah ! voilà bien les effets du cumul des mandats ! « 

Instant de silence. Si Alain Juppé, momentanément, ne cumule plus, c’est grâce à qui ? Il semble s’en aviser et ajoute : « J’ai connu ça… »

Un mot encore sur le contexte. La réunion s’est tenue au CAPC. Voilà qui est excellent en soi : un des objets de ma campagne cantonale a été de réclamer un lien culturel entre la salle des fêtes du Grand Parc et le CAPC qui reste cantonné dans l’élitisme. Excellent donc ! Sauf que : aucun élu de l’opposition, aucune association, n’obtiendra jamais de pouvoir tenir réunion au CAPC.

Venons-en à l’ordre du jour. J’en avais demandé le matin communication, sans l’obtenir initialement car il fallait pour cela une permission spéciale de Mme Cazalet, adjointe du quartier. J’avoue que j’ai un moment cru, que pour mériter un tel secret, on allait y évoquer les prochains essais atomiques à Mururoa. Point du tout ! Au menu : présentation de l’équipe municipale, travail des commissions thématiques, projets divers sur le quartier ». Pas de quoi fouetter un tout petit chaton.

De toutes manières, après une heure, nous n’avions écouté qu’une présentation générale sur la sécurité à Bordeaux et les chiffres de la délinquance -ce qui, tout à fait entre nous, donne bien la tonalité de la réunion et de son public- , suivie d’un long exposé d’Alain Juppé sur l’excellence de sa vision municipale.

Mon intervention, assez éloignée on en conviendra des grandes options du marxisme -léninisme, a porté sur deux points :

– la population du Grand Parc comporte 10% de plus de personnes de plus de 60 ans que le reste de Bordeaux. J’ai demandé que la remise en état de la voierie soit considérée comme une priorité par la municipalité, car pour beaucoup d’habitants elle constitue un danger permanent de chutes.

– je me suis félicitée de la conservation de la structure de base de la salle des fêtes du Grand Parc, qui permettra, s’il elle rencontre une volonté municipale, que cet équipement redevienne attractif pour l’ensemble des Bordelais.

Je confirme ces deux options dont on reconnaîtra le bien fondé et le caractère mesuré.

Nous étions très loin hier d’un conseil de quartier véritablement démocratique, faisant réellement participer l’ensemble des Bordelais au lieu de les cantonner à une séance de promotion de la politique municipale.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel