Le projet de loi “HPST”, présenté par Roselyne Bachelot comme une réforme majeure de notre système de santé, ignore presque totalement la finalité même de ce système de santé : la santé de la population, qui est pour la majorité de ses déterminants, très en amont de la maladie et du soin.
Les deux piliers de la santé publique, prévention et dépistage, n’ont qu’une maigre part au projet de loi.
Décevant, fondamentalement, mais aussi au regard de la volonté de Nicolas Sarkozy de « passer d’une attitude purement curative à une culture de la prévention », affirmée dans son discours du 18 septembre 2008 sur la santé publique.
La prévention doit être au coeur, et non pas en marge, de notre système de santé, dans un temps où le développement épidémique des maladies sociétales et comportementales est en train de bouleverser la pratique médicale et, ce qui n’est pas négligeable en ces temps de rigueur, d’obérer les budgets publics.
Or, que trouvons-nous au chapitre de la prévention dans le plan de Roselyne Bachelot, distillé avec gourmandise sur tous les médias : la limitation de la vente d’alcool aux mineurs et l’interdiction des « cigarettes-bonbons », aromatisées et sucrées pour attirer et piéger les plus jeunes. Cela ne constitue pas un plan de santé publique.
– Aucune mesure sur la prévention de l’obésité et du diabète de type II alors même que Nicolas Sarkozy déclarait que « la politique de prevention doit être le fer de lance du combat contre l’obésité”. Il semble que, pour le gouvernement, la mise en place de la mission d’information sur l’obésité, présidée par Valérie Boyer, tienne lieu de politique. Le rapport de cette mission n’apporte au demeurant aucune proposition nouvelle.
– Aucune mesure sur la prévention des cancers évitables, des troubles du comportement, des addictions, de la perte de contrôle et des troubles de sommeil des enfants …
En matière de dépistage, aucune mesure concernant le dépistage précoce des maladies mentales, des maladies génétiques et métaboliques.. Mais c’est surtout en matière de dépistage des cancers et singulièrement du cancer du sein que l’on aurait attendu que cette loi organise, de manière audacieuse, la généralisation de ce dépistage.
J’aborderai en temps utile les autres chapitres de ce projet de loi. Je me suis portée candidate pour être rapporteur pour le groupe SRC de l’énorme volet « Hôpital » de ce texte : dans ce domaine, la réforme est nécessaire, mais elle ne se conçoit qu’avec les moyens de la mener à bien.