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Opéra de Bordeaux : les personnels et les Bordelais inquiets

Michèle Delaunay a rencontré les représentants du personnel artistique de l’Opéra de Bordeaux, soucieux de l’avenir de leur maison et de la qualité du projet artistique qui sera présenté si les moyens financiers continuent de baisser.

Elle est intervenue lundi 30 janvier en Conseil municipal :

« Je profite de cette délibération pour aborder le malaise qui persiste à l’Opéra national de Bordeaux depuis plusieurs mois.

Nous le savons tous et cela est régulièrement rappelé, l’Opéra participe au prestige de notre ville et de notre région, à la fois par la beauté du Grand Théâtre, lieu d’accueil historique, et par la qualité artistiques des œuvres qui y sont présentées.

Cette maison, doit aujourd’hui composer avec une baisse de subvention de 3 millions d’euros étalée sur 4 ans (2015 = moins 500 000 €, 2016 = moins 500 000 €, 2017 = moins 750 000€, 2018 = moins 1 250 000 €) devant impacter en premier lieu l’artistique.

Or, ce choix de réduction des effectifs a d’importantes conséquences sur la capacité de l’Opéra à présenter des œuvres majeures. Dans la période Noël-jour de l’an un préavis de grève a été déposé suite à la menace de supprimer 7 postes de danseurs du ballet dont le contrat ne devait pas être renouvelé à l’issue de l’année 2016. Le ballet compte actuellement 39 danseurs en CDD renouvelé ou en CDI. La grève avait été finalement levée le 30 décembre permettant la représentation de Copellia le soir du nouvel an mais les inquiétudes du personnel artistique ont persisté, à juste titre puisque les 7 danseurs menacés n’ont vu leur contrat renouvelé uniquement sur une année contre deux traditionnellement.

Actuellement les forces artistiques sont composées de 39 danseurs, 38 choristes et 106 musiciens. L’inquiétude est donc réelle : que deviendront dans l’avenir ces forces artistiques ? Les artistes permanents à l’Opéra vont-ils être remplacés au fil des renouvellement de contrat ou des départs par des intermittents du spectacle ? ce serait très regrettable pour la production de ballets et de grandes œuvres.

Aujourd’hui, la seule alternative proposée pour maintenir le personnel en place et la qualité du projet artistique est l’appel au mécénat. C’est dans cet objectif que l’actuel directeur a été recruté. Son talent, sa notoriété et son carnet d’adresse devaient permettre à l’Opéra de Bordeaux de bénéficier de recettes nouvelles liées au mécénat.

Or, les résultats n’étant pas à la hauteur des espérances, la solution retenue semble être celle de la réduction du personnel artistique au risque de réduire de façon irréversible la dimension artistique et prestigieuse de l’Opéra qui pourrait être condamné à n’être qu’un lieu d’accueil d’opéras produits par d’autres grandes institution.
Nous sommes donc extrêmement inquiets.

Je rajouterai que j’ai été contactée par les artistes mais aussi les « Amis du Grand Théâtre » inquiets des rumeurs concernant le transfert de l’Opéra à la Métropole. Ils n’en en ont jamais entendu officiellement parlé, pas plus même que les Bordelais alors que cette évolution majeure était prévue par la loi MAPTAM. Ils n’ont non plus jamais eu connaissance de ce que pouvait représenter ce transfert notamment son périmètre.

Je trouve cela léger voire teinté de mépris dans la mesure où les artistes, les associations et les citoyens n’ont jamais été sollicité ni même a minima informé alors que la métropolisation n’a été reculée que pour des raisons financières. »

La société post-factuelle est arrivée

Je n’avais pas sitôt posté sur Facebook mon billet précédent qu’est arrivé une réaction de « mon » conseiller départemental et ami, Matthieu Rouveyre. Ce n’était pas une réponse : Matthieu ne s’aventure pas sur d’autres comptes que le sien. Il a pris de mon inquiétude sur la place de l’instruction et du travail dans la pensée socialiste ce qu’il désirait en tirer. Je l’ai aussitôt copié et inclus dans les commentaires qui m’étaient faits :

« Ma députée, qui a voté le CICE, la déchéance de nationalité et qui expliquait que ceux qui s’opposaient à la loi travail ne l’avaient pas lue a décidé de faire son coming-out aujourd’hui en publiant un billet favorable à Manuel Valls.
En tant que mandataire de Benoît Hamon, et parce que la campagne officielle est terminée, je me garderai bien d’en dire quoi que ce soit. Je vous invite simplement à aller voter demain. Votez pour qui vous voulez mais votez, c’est vous au final qui répondrez le mieux à nos chamailleries socialiste ».

J’y réponds aujourd’hui. Non sur le profil de Matthieu : il ne conserve que les commentaires des ses proches ou de ses affidés. Son texte est une démonstration par l’exemple de l’usage que font aujourd’hui certains politiques des médias sociaux. Nous en discutions en profondeur récemment avec des experts de cette usage (réentendre l’émission « l’exercice du pouvoir » sur @franceculture en date du 31 décembre 2016)

Tout d’abord, Matthieu réunit ses troupes avec trois mots clefs dont il sait qu’il resserre l’entre-soi que cet usage d’internet a pour objet de développer. « « Ma députée, qui a voté le CICE, la déchéance de nationalité et qui expliquait que ceux qui s’opposaient à la loi travail ne l’avaient pas lue … » .  Les trois mots clefs sont là : CICE, déchéance de nationalité, loi travail. Tout va bien : les lecteurs se sentent déjà mobilisés et prêts à embrayer.

Sauf que… Je n’ai pas voté le CICE. Pas davantage que Benoît Hamon, mais comme lui, je l’ai porté au titre de la solidarité gouvernementale puisque nous étions tous les deux Ministres. Pour ma part, je me suis battue avec Jérôme Guedj (grand frondeur devant l’éternel) et Régis Juanico pour qu’il ne s’applique pas aux secteurs non concurrentiels comme par exemple les EHPAD publics, qui de fait, se sont trouvés défavorisés par rapport aux EHPAD commerciaux. Nous n’avons pu rien faire : l’inégalité devant l’impôt est non constitutionnelle. Après une remarque de Klaus Fuchs sur sa TL lui signalant ce non vote, Matthieu  a modifié sa phrase pour « qui était favorable au CICE ». Qu’en sait-il ? Nous n’en avons jamais parlé mais qu’importe, comme dirait Trump, Matthieu se base sur des « faits alternatifs ».

Je poursuis, sans détailler ce qui concerne les deux autres mots « déchéance de nationalité », « loi travail ». Pour la première, je trouvais inutile et dommageable son inclusion dans la constitution alors qu’elle existait déjà et que six procédures étaient en cours. Pour la seconde, je trouve incontestable le bilan positif de cette loi (CPA..). Non seulement, je l’ai voté mais amendée positivement (congés exceptionnels pour deuil…).

Poursuivons la lecture.  « Un billet favorable à Manuel Valls ». De lui, ni de son programme, je ne dis pas un mot. J’explique la base irréductible de mon vote par le fait que « mon » socialisme est celui de l’émancipation par l’instruction et par le travail. On a le droit de penser autrement, j’ai le droit de demeurer dans la fidélité à ce qui a fait de moi une socialiste.

La fin du post de Matthieu est délicieuse par l’apparence de prise de hauteur, l’absolution qu’il parait donner à notre frivolité : « nos chamailleries de socialistes » .« Chamailleries, de la part de qui ? Je n’ai pas participé à la campagne pour ne pas risquer de tomber dans le piège de ces chamailleries. Je me réserve pour d’autres cibles et surtout je souhaite que nous rassemblions parce que « ce qui nous rapproche est plus fort que ce qui nous divise ». En tout  cas, je l’espère.

Ce que je ne pratiquerai jamais, c’est l’entre-soi des camps retranchés, les fausses vérités ou plutôt les mensonges calculés au lieu de ce que j’ai appelé « evidence based policy » (la politique basée sur les faits), ni aucune forme de manipulation.

 

 

 

 

Explication d’un vote

« Attentiste », dit de moi notre cher « tire bouchon », qui est la rubrique humour  de notre quotidien Sud Ouest. A qui me l’a demandé (cette semaine le journal « le Monde »), j’ai exprimé sans réserve que je voterais Manuel Valls. Il est vrai, au contraire, que je n’ai pas fait campagne pour l’un ou l’autre candidat. La raison est simple : le débat qui aujourd’hui nous divise aurait dû être tranché par les militants du Parti Socialiste, au sein de ce que l’on appelle un « congrès », mot qui n’est pas sorti grandi, avouons-le, du congrès de Reims. Mais c’est une autre histoire.

Pourquoi ? Fondamentalement, parce qu’il me semble que ce qui nous sépare aujourd’hui d’une droite dure et a fortiori de l’extrême droite, suffit à nos efforts : je déteste l’idée même de nous battre entre nous. De la même manière, que je n’ai jamais accepté de débattre sur quelque média que ce soit avec un socialiste, c’est pour moi un crève-coeur de mettre sur la place publique ce que je ne partage pas avec les uns ou les autres d’entre eux. Le débat profond qui a été entamé lors de ces primaires devait, d’abord, avoir lieu avec ceux qui se réclament de l’histoire, des valeurs, des actions que ce mot de « socialiste » contient.

C’est d’abord la notion d’égalité, fil rouge indiscuté de tout ce qu’a écrit Jean Jaurès, et la volonté de donner à chacun l’assurance de cette égalité et les toutes les possibilités d’y parvenir. Je n’ai pas utilisé le mot de « chances » (« égalité des chances ») car nul ne conquiert cette égalité dans une pochette surprise, mais par la conviction qu’il acquiert que rien n’est écrit, ni déterminé par le statut social, le nom ou le lieu de naissance, mais que ces possibilités dépendent de sa liberté de vouloir les saisir, les meilleurs outils pour cela étant l’instruction et le travail. Non le capital, non une rente ou un revenu qui soient le fait de la providence ou de la naissance.

A cela s’ajoute, pour ceux qui ont une responsabilité, au nom des valeurs précitées, une exigence de vérité. Que faisait Mendès-France lors de ses « conversations au coin du feu » : il disait au peuple, d’une manière incroyablement simple, le possible. La politique évolue aujourd’hui tout au contraire. Je réclamais dans un billet une « evidence based policy », une politique basée sur des faits avérés, démontrés, le démenti de la réalité ne s’est pas fait attendre : nous entrons dans une « société post-factuelle », ou plutôt on cherche à nous y faire entrer. Je n’y donnerai jamais la main.

Le possible n’exclut pas le désirable. Et par exemple, mon « désirable » est fondamentalement soucieux de l’environnement et de la santé des hommes, deux données qui se confondent. Mon désirable est que chacun puisse trouver et même choisir sa place dans la société, celle qui lui permettra de vivre au meilleur de lui-même. Mon désirable n’est pas de faire de la réduction du travail un avenir, ni une ambition. Je ne crois pas -si du moins nous le voulons- à une raréfaction du travail réduisant le tiers de l’humanité à une assistance médiocre : nous serons bientôt 9 milliards : y aura-t-il moins besoin de médecins pour les soigner, de soignants pour s’occuper d’eux, d’artisans pour construire leur maison, d’enseignants pour instruire leurs enfants, de chercheurs, d’artistes … ?

Je voterai Valls avec ce regret dans mon coeur que ce débat fondamental sur l’égalité des êtres humains et leur liberté à   s’émanciper de leur destin ait été réduit pour la grande majorité des Français à 3 débats télévisés et aux échos médiatiques qui les ont accompagné. Je vote pour un socialisme qu’aucun vote ne pourra faire exploser et dont l’exigence sera rendu chaque jour plus nécessaire par l’accroissement et le bouleversement géographique de la population mondiale.

 

 

 

Audience solennelle de la chambre régionale des comptes

Audience solennelle ce 26 janvier de la chambre régionale des comptes dans le noble décor de la cour Mably. Deux moments forts : la présentation des comptes des collectivités locales de notre nouvelle région Aquitaine et le discours du Président de la Cour, Jean François Monteils.

De la présentation dont je salue la clarté, je retiens un élément assez inquiétant : le non respect de la durée annuelle du temps de travail (1607 heures) par de nombreuses collectivités. La Cour a demandé une remise en ordre qui n’a été que modérément suivie, les collectivités récalcitrantes préférant compenser par la fiscalité le déficit financier liée à cette baisse effective du temps de travail. Les administrés de ces collectivités apprécieront.

Le discours du Président Monteils était spécialement remarquable, posant d’un double point de vue la question de l’utilité de la Cour. La « performance » des admonestations de la Cour est mesurée très concrètement par le bénéfice financier obtenu par la correction des éléments de mauvaise gestion à l’occasion des exercices budgétaires suivants.

Mais cette appréciation très concrête n’est pas la seule utiité de la Cour . Celle ci a plus que jamais le devoir de verser dans le débat politique des données sûres, contrôlées et comparées, établies par une autorité indépendante. Dans la société « post factuelle » où tant de politiques se croient permis d’avancer n’importe quoi, cette référence incontestée est plus que jamais indispensable. Le Président a pointé avec beaucoup d’élégance les déclarations du nouveau Président des Etats Unis ou des protagonistes du brexit pour montrer à quel point la réalité des faits et des chiffres est bien souvent violée dans le discours politique, ce qui contribue grandement à la perte de confiance des électeurs.

Je voudrais pour ma part que les journalistes qui interrogent les candidats divers soient en capacité de corriger leurs dires lorsque ceux ci violent trop généreusement la réalité et/ou qu’ un décryptage de leurs affirmations permettent de faire la part du vrai et du faux dans leurs discours.

Revenu universel (2)

Benoît Hamon a remporté la première manche de nos primaires. Campagne claire autour d’une proposition phare, très discutée depuis plusieurs mois dans les médias et le public, voilà qui me confirme s’il en était besoin qu’il faut identifier un candidat à une proposition que tout le monde soit en capacité de nommer.

En réalité le revenu universel est un concept à multiples dimensions comme à multiples entrées. Je dis tout de suite que je suis favorable à un revenu  universel qui lisse les différentes allocations sociales, qui en simplifie la connaissance par le public et donc facilite l’accès aux  droits dont nous savons qu’il est loin d’être satisfaisant.

Je l’ai écrit dans un billet précédent : je suis au contraire très réservée sur un revenu universel qui porte en lui la résignation à la raréfaction du travail et donc à un chômage de masse. Bien davantage, je porte l’assurance que d’autres formes de travail se feront jour, et la volonté de voir d’autres secteurs s’ouvrir largement (silver économie dans son volet humain d’aide à la personne comme dans son volet entrepreneurial autour du du numérique, économie « verte », nouveaux modes de transport…).

Réservée également car le revenu universel XXL ne favorisera pas le travail des femmes. Combien d’entre elles, qui ont de petits salaires, seront amenées à rester à la maison pour assurer le soin et la garde des enfants. Combien d’entre elles qui aujourd’hui trouvent une place valorisante (par exemple dans les hôpitaux où il n’existe ni racisme ni discrimination), n’auront plus les mêmes possibilités d’inclusion et de libre pratique de notre langue si elles restent chez elles ?)

Réservée enfin, parce que je crois que cette valeur fondamentale de la gauche qui est l’émancipation par le travail y perd de sa force. De même, en marxisant un peu mon discours, nous y perdons le sens profond de la lutte du travail contre le capital.

Alors pourquoi cette férocité de certains à vouloir trancher sans tenter de rapprocher les positions ? Un militant, que je crois reconnaitre, me lance dans notre quotidien Sud Ouest un ultimatum : « il va bien falloir qu’elle tranche ! » Pour ma part, je ne porterai devant les électeurs que des mesures crédibles sur lesquelles je m’engagerai -que je sois dans la majorité ou dans l’opposition- .  Le meilleur de nos candidats aux primaires citoyennes a rassemblé moins d’environ 2% du corps électoral. A moins de se résigner à être une force d’opposition en vue d’échéances futures, nous devons élargir le champ de ceux qui mettront leur confiance en nous.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel