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Le Congrès vient-il à l’heure ?

Ce que suggérait le billet précédent -l’incongruité du congrès du Parti Socialiste au coeur de la crise- commence à émerger dans nos rangs. Je m’en ouvrais la semaine dernière à l’ancien secrétaire d’Etat Christian Paul (« Aubriste »), sa réponse fut péremptoire : »si tu veux voir continuer le hollandisme 25 ans, tu ne peux pas t’y prendre mieux … »

Mon interrogation ne se situe pas sur ce terrain , elle est celle-ci : n’avons-nous pas, plus urgemment que de désigner un premier secrétaire, à envoyer un message d’unité et une réponse commune aux Français ?

Toutes les motions ont des fragments de réponse à la crise, mais toutes ont été rédigées avant le séïsme et n’apporte de réponse suffisante. Ne faut-il pas, comme je le proposais, se mettre autour d’une table pour une expression commune ? Je peux témoigner aussi que quand on réunit des socialistes de tous courants ou sous-courants pour parler d’un problème de fond, l’accord se fait et nul ne saurait repérer un delanoëiste canal historique d’un ou d’une ségoléno-royaliste de fraîche mouture. Ce fut le cas, en commission, pour débattre du RSA, de la loi « dynamisation du marché du travail », et bien d’autres.

Donc : sommes-nous à l’aise pour préparer un congrès, nous regarder en chiens de faïence alors que nous sommes fondamentalement sur la même ligne, par ces temps de bourrasque économique et financière ?

Ne pas subir

La crise que nous traversons (que nous allons essayer de traverser) est une interpellation presque aussi forte que l’ont été les attentats du 11 septembre.

Nous nous demandions alors : « comment peut-on sacrifier tant de vies -dont la sienne- , que signifie cette nouvelle forme de guerre ? »

Ce que je ressens aujourd’hui, c’est « comment en sommes-nous arrivés là, à ce point de fragilité ? »

Les deux questions sont différentes. Hier, une force extérieure, était intervenue. Aujourd’hui, l’agresseur est au sein même de notre société, nous en sommes (en tout cas je le sens ainsi) un peu tous responsables.

Pourquoi ? Parce que nous avons confié la majeure partie de nos biens entre les mains d’intérêts financiers. Notre épargne, bien sûr. Nos entreprises, nos usines, notre travail dans bien des cas.

Mais aussi l’éducation de nos enfants : quand des enfants passent trois fois plus de temps devant la télé qu’à l’école, n’est-ce pas remettre une grande partie de ce qu’ils apprennent à des éducateurs qui ne sont en réalité que des vendeurs ?

Nos choix, ce que nous consommons, les vêtements que nous portons sont décidés, non pour nous plaire, pour nous aller mieux, nous faire davantage de bien ou de plaisir, mais pour être à l’origine du maximum de profit. Pourquoi les vêtements n’ont-ils plus de plis, de fines coutures, pourquoi ne sont-ils plus que des variations sur le thème du sac : pour que la main-d’oeuvre soit réduite au minimum et la rentabilité portée au maximum. Pourquoi les tomates viennent de Hollande quand elle pourraient venir de Marmande : pas parce qu’elles sont meilleures, mais parce qu’à ce moment-là, il est plus rentable d’en apporter des tonnes chez nous.

Pourquoi vend-on davantage de barres Mars que de tablettes de chocolat toutes simples : parce que la valeur ajoutée est plus grande.

Même notre santé n’est pas loin d’être soumise à la même logique.

Et nous l’avons accepté.

Je n’ai pas honte de dire que je suis dans un état d’inquiétude et d’interrogation qui me fait voir en noir, très noir, ce qui n’est sans doute que gris moyen.

Hier, je disais que j’attendais du Parti Socialiste un élan très fort d’unité. Oui, je crois que c’est le moment de montrer que nous avons quelque chose à répondre à cette mise en cause fondamentale du fonctionnement de notre société. Oui, je voudrais que les chefs de file de nos six motions se retrouvent pour un document, un élan commun, pour manifester une vision commune de cette crise, pour donner à nous tous des raisons de croire et des raisons d’espérer.

Et avant toutes choses : des moyens de faire, et non pas de subir.

Un débat de cour d’école

Très maigre débat cet après-midi à l’Assemblée. Deux petites heures concédées par le gouvernement, et occupées pour l’essentiel de variations sur le thême « le gouvernement contrôle », les ministres sont réactifs, prennent les bonnes mesures, surtout le premier d’entre eux.

François Fillon n’a pourtant guère convaincu, jusque dans sa majorité. Pendant qu’il parlait, le CAC continuait de descendre et l’inquiétude de monter de toutes parts. Qu’on se rassure, un numéro vert va être mis à disposition des PME, où ils trouveront des informations 24 heures sur 24 ! Des informations, pas du crédit permettant de soutenir leurs investissements. La mesure de la crise, les vrais chiffres, le langage de la vérité, n’étaient pas au programme.

François Hollande, au nom de notre groupe, a été seul à être à la fois incisif (« cette crise, ce n’est pas un accident mais un système qui s’effondre. C’est la défaîte de ce que vous appelez la bataille idéologique ») et à réclamer des mesures crédibles : un plan européen de sauvetage du système bancaire, le soutien de l’activité des PME à hauteur de la situation (le plan actuel se résume à 30 milliards d’euros pour l’ensemble des PME de toute l’Europe), toute la vérité de la part des banques sur le montant des crédits toxiques dont elles disposent, la non-revente des prises de participation de l’Etat dans les banques, la création d’un fonds national de garantie..

Ce ne sont que quelques notes au vol, écrites dans le train du retour. Je recommande la lecture du discours sur le site de l’Assemblée. Quand Hollande a fini de parler, reconnaissons que nous (la gauche, le PS surtout) avons été particulièrement minables. Pardon de ce mot, mais il est mérité.

Fillon avait été acclamé (à contre coeur) par sa majorité, la gauche aurait du à la fin du discours de Hollande, se lever comme un seul homme pour l’applaudir avec la même force. Quelques uns l’ont fait, j’ose dire à l’ instigation du petit groupe, majoritairement féminin, où se situe ma place. Beaucoup étaient au contraire seulement occupés de regarder autour d’eux qui se levait (est-il dans ma motion ? Dans la motion de Hollande ? Que va-t-on penser si je me lève ?..).

Petit, très petit…

J’ai une vision tout à fait contraire de ce que le PS, empêtré dans son congrès, devrait faire en face de la gravité de la situation et du pays qui attend qu’à cette démonstration d’échec , on réponde unanimement et fortement.

RSA : pourquoi nous allons nous abstenir

Disons-le tout de go, je plaide à chaque occasion contre l’absention. Elle est bien souvent transparente, peu lisible, peu compréhensible pour des personnes en difficulté qui peuvent se dire « alors, les socialistes, ça leur est égal… ». La rapidité des informations, la brièveté des messages aggrave le fait que les explications d’une abstention ne sont pas toujours reprises par les médias.

Dans le cas du RSA, les raisons de cette abstention sont importantes. Elles étaient esquissées dans le billet du 16 septembre « le travail, une valeur de gauche ». Très schématiquement :

– ce dispositif améliorant les conditions financières du retour au travail, nous ne pouvons voter contre.

– la première raison ne nous permettant pas de voter pour, celle sur laquelle il est le plus aisé de communiquer, est le refus du gouvernement d’inclure tous les Français dans son financement ; en clair, de ne pas revoir le dispositif du bouclier fiscal. En l’état, les plus riches seront dispensés de participer à la solidarité.

– la deuxième, qui prend une acuité particulière dans la période de haute menace de chômage et de paupérisation qu’implique la crise financière, est le risque du dispositif RSA de constituer une trappe à temps partiels et à petits salaires. Structurellement, le complément de revenus apporté par le RSA aux temps partiels ou aux salaires les plus faibles va favoriser ces maigres emplois par les entreprises.

Vote solennel ce soir, à l’issue du débat sur la crise financière.

Noël Forgeard convoqué à la rescousse du RSA

Lors de la séance des questions d’actualité, cet après-midi dans l’hémicycle, l’étrange et tragique défense de Martin Hirsch en face de la question du « bouclier fiscal ».

Nous débattons en ce moment à l’Assemblée du financement du RSA. Une des exigences, conditionnelle, du groupe socialiste pour voter en faveur du dispositif est que personne ne soit exclu de son financement. Autrement dit : qu’il ne repose pas seulement sur la taxe de 1,1% sur les revenus de l’épargne, mais que les plus gros patrimoines, ceux que protége le « bouclier fiscal », participent également.

Le Président de notre groupe SRC, Jean Marc Ayrault, ayant, dans une intervention de la semaine passée, évoqué la possibilité que Noël Forgeard, parti en avril 2007 avec un parachute en platine massif de 8,4 millions d’euros, ne contribue pas au financement du RSA, Martin Hirsch a convoqué dans son bureau le dénommé Forgeard pour en avoir le coeur net.

Eh, bien, nous voilà tranquilles : Noël Forgeard, avec son pactole, n’est imposé qu’à 47,5% de ses revenus. Il est donc en deça du bouclier fiscal (50% des revenus) et contribuera donc, pour quelques fifrelins, au financement du RSA !

Martin Hirsch, avec son désarmant sourire, ne s’est pas rendu compte qu’il aggravait, O combien, notre raisonnement ! Si Noël Forgeard n’est pas assujeti à un impôt de plus de 50%, on peut aisément imaginer le montant des patrimoines qui bénéficie du fameux bouclier.

L’objet du débat était, dans cette période de crise suraigüe, de conditionner notre approbation, et cette « unité nationale » que le gouvernement réclame sans s’en donner les moyens, au retour à un impôt maximal fixé à 60% des revenus (ce qui était la situation avant le vote, il y a 15 mois, du « bouclier » à 50%).

Cette décision, au regard des efforts et des sacrifices qui vont être demandés aux classes moyennes ou modestes, serait plus symbolique que véritablement lourde à porter pour les très hauts patrimoines concernés.

La politique rend bête, fait perdre la mesure ordinaire, obscurcit le sens commun. Nous sommes tous restés abasourdis de la démonstration du Haut Commissaire et de son gouvernement.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel