Il y a une mission pour laquelle Européens et Américains devraient envoyer sans réserve un complément de forces civiles et militaires en Afghanistan : la destruction des champs de pavot.
La drogue n’est pas LA clef du problème (y en a-t-il ?), mais elle est un élément central. J’y reviendrai.
Nicolas Sarkozy, en anticipant l’obligation d’un débat sur l’engagement extérieur de nos forces, tend un piège à la gauche. Nous devons le déjouer en montrant ce que nous ferions si nous étions aux responsabilités.
La réforme constitutionnelle impose un débat à l’Assemblée pour tout envoi de nos forces hors de nos frontières, mais celle-ci ne prend effet qu’en mars prochain. Se souvenant que la gauche a déposé une motion de censure à l’occasion de l’envoi d’un contingent supplémentaire, le Président veut essayer de mettre la gauche en contradiction avec elle-même ou de prendre la responsabilité d’un retrait des forces en proposant un vote le 22 septembre.
Nous ne connaissons pas encore la question mais il y a beaucoup à craindre que, dans cette intention de piège, elle soit d’une simplicité à la fois radicale et mensongère : « Etes vous pour ou contre le retrait des forces françaises en Afghanistan ? »
« Pour », nous paraissons céder à la crainte et à l’opinion publique après la mort de dix de nos soldats. « Contre », nous paraissons être en contradiction avec notre vote de défiance des mois passés.
En réalité, nous allons répondre en présentant ce que serait notre attitude si nous gouvernions, ce qui revient à poser les conditions indispensables à la présence et à l’action des forces françaises.
Quelles sont ces conditions ?
– la mise en place d’un directoire politique et militaire. Actuellement, le commandement est de fait américain
– la définition des objectifs et l’établissement d’un calendrier pour leur mise en oeuvre
– un échéancier prévisionnel du retrait des forces
– la reconquête de l’opinion afghane
– la clarification de la position des voisins de l’Afghanistan
Je suis intervenue lors de la séance du groupe socialiste pour demander que la question de la drogue soit abordée dans le document que nous allons élaborer. L’Afghanistan fournit 90% du haschisch mondial et 40% de l’héroïne. Ce qui veut dire que les terroristes sont aux commandes de la plus grosse banque mondiale, et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils y sont. En achetant la drogue, l’occident paye les armes qui tendent à le détruire.
Que peut-on ?
– Ajouter aux missions des forces présentes la destruction des champs de pavot et des laboratoires fabriquant l’héroïne
– le paiement aux populations de la prochaine récolte
– le remplacement du pavot par d’autres cultures et en particulier le safran
Je crois avoir été entendue. Pour cette mission-là, conditionnelle de l’avenir du monde, je voterais « pour » des deux mains.