m

Ce soir, chaque Bordelais se sent recalé

Chaque Bordelais éprouve ce soir une grande déception de ne pas voir sa ville réaliser le très beau projet d’être en 2013 la Capitale européenne de la culture.

Cette distinction aurait impulsé une dynamique culturelle susceptible d’entraîner l’ensemble des acteurs de notre ville et de les faire bénéficier de moyens à hauteur de leurs possibilités et de leurs ambitions.

On ne peut également que regretter de ne pas voir se concrétiser un investissement artistique et financier substantiel.

Nos remerciements vont à tous ceux, artistes ou anonymes, qui ont porté le projet.

La décision du jury européen – venant après le jugement de l’UNESCO sur la destruction du Pont du Pertuis et le projet de franchissement de la Garonne qui insécurise le classement au Patrimoine mondial – atteint les Bordelais qui sont également fiers de leur histoire et soucieux de la dynamique culturelle de leur ville

Edvige : c’est loin, très loin d’être gagné

L’actualité en temps réel : nous venons à l’instant d’apprendre à l’Assemblée le rejet de notre demande de créer une commission parlementaire sur les fichiers et autres dispositifs de renseignements. Le but était de faire un véritable point des 46 fichiers de police et de gendarmerie actuellement actifs, et d’établir une étude de droit comparée : de nombreux pays ont des fichiers mais pour autant garantissent mieux que la France les droits des citoyens.

Ceci afin de bâtir un projet de loi visant à suppléer au fichier Edvige après son retrait. Sur de tels sujets, le passage par la voie parlementaire doit être exigé.

C’est surtout ce dont Nicolas Sarkozy ne veut pas. Après un relooking marginal, et une marche arrière sur les préférences sexuelles et la santé, il veut aller vite, pour que dès la semaine prochaine on parle enfin d’autre chose. Ce ne sera certainement pas le cas.

– l’économie générale du fichier n’est pas modifiée , en particulier le fait que ce fichier a trois finalités distinctes (centraliser les données sur les personnalités « publiques », centraliser les informations sur les personnes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public, mener des enquêtes administratives en vue d’obtention de fonctions) ; la condition fondamentale d’un fichier, ainsi que définie par la CNIL, est de se limiter à un objet unique.

– la durée illimitée de conservation des données n’est pas revue

– le fichage peut concerner les mineurs à partir de 13 ans. Remarquons ici que 13 ans est l’âge de la responsabilité pénale, mais il y a loin entre une responsabilité pénale décidée par un juge après un acte délictueux et la décision de ficher quelqu’un qui n’a commis à ce jour aucun délit. Il s’agit même d’une atteinte à la séparation des pouvoirs.

– le passage en force par décret, et non par la voie parlementaire, montre très clairement que rien n’est cédé sur l’essentiel.

Le collectif « non à Edvige » reçoit actuellement jusqu’à 6000 signatures par jour (plus de 130 000 au total) ; il faut déjouer le calcul de Nicolas Sarkozy qui compte sur le fait que l’actualité balaye les problèmes à grandes vitesse et ne pas ralentir la pression.

Mais si, il y a marqué la Poste !

Si, également, la Poste a besoin de fonds propres supplémentaires pour investir et pour introduire le routage, soit 3 milliards sur un chiffre d’affaire global de 20 milliards.

Examinons la question sereinement.

La Poste a été préssurée par l’Etat ces derniers mois et ces dernières années : obligation de verser des dividendes à l’Etat, banalisation du livret A, baisse de l’aide de l’Etat pour la diffusion de la presse (cette dernière mesure étant également délétère pour la multiplicité des organes de presse).

Si ces points, et d’autres annexes, étaient revisités, et s’il y avait bien sûr une volonté politique, on ne serait pas obligé d’en passer par une privatisation, d’abord limitée, mais comme on sait, le capital privé est l’inverse du toboggan : sa part augmente toujours.

L’ouverture du capital va immanquablement entraîner une baisse du service. Le personnel servira de variable d’ajustement. Il y a actuellement 300 000 postiers, pour un chiffre d’affaires de 20 milliards : la Poste est trois fois moins rentable par exemple qu’EDF-GDF. La logique du secteur privé ne tardera pas à y mettre bon ordre.

Nous sommes tous très attachés à la Poste, « dernière station de service public sur l’autoroute libérale » . Elle est un lien entre les Français, elle assure la garantie de la peréquation territoriale en particulier pour le prix du timbre, elle permet la bancarisation des faibles revenus et, comme dit précédemment, soutient la pluralité de l’information.

Il est indispensable de nous mobiliser et de mobiliser l’opinion. Là, comme pour Edvige, les parlementaires n’y suffiront pas s’il n’y a pas une forte poussée populaire derrière leur action.

Afghanistan

Il y a une mission pour laquelle Européens et Américains devraient envoyer sans réserve un complément de forces civiles et militaires en Afghanistan : la destruction des champs de pavot.

La drogue n’est pas LA clef du problème (y en a-t-il ?), mais elle est un élément central. J’y reviendrai.

Nicolas Sarkozy, en anticipant l’obligation d’un débat sur l’engagement extérieur de nos forces, tend un piège à la gauche. Nous devons le déjouer en montrant ce que nous ferions si nous étions aux responsabilités.

La réforme constitutionnelle impose un débat à l’Assemblée pour tout envoi de nos forces hors de nos frontières, mais celle-ci ne prend effet qu’en mars prochain. Se souvenant que la gauche a déposé une motion de censure à l’occasion de l’envoi d’un contingent supplémentaire, le Président veut essayer de mettre la gauche en contradiction avec elle-même ou de prendre la responsabilité d’un retrait des forces en proposant un vote le 22 septembre.

Nous ne connaissons pas encore la question mais il y a beaucoup à craindre que, dans cette intention de piège, elle soit d’une simplicité à la fois radicale et mensongère : « Etes vous pour ou contre le retrait des forces françaises en Afghanistan ? »

« Pour », nous paraissons céder à la crainte et à l’opinion publique après la mort de dix de nos soldats. « Contre », nous paraissons être en contradiction avec notre vote de défiance des mois passés.

En réalité, nous allons répondre en présentant ce que serait notre attitude si nous gouvernions, ce qui revient à poser les conditions indispensables à la présence et à l’action des forces françaises.

Quelles sont ces conditions ?

– la mise en place d’un directoire politique et militaire. Actuellement, le commandement est de fait américain
– la définition des objectifs et l’établissement d’un calendrier pour leur mise en oeuvre
– un échéancier prévisionnel du retrait des forces
– la reconquête de l’opinion afghane
– la clarification de la position des voisins de l’Afghanistan

Je suis intervenue lors de la séance du groupe socialiste pour demander que la question de la drogue soit abordée dans le document que nous allons élaborer. L’Afghanistan fournit 90% du haschisch mondial et 40% de l’héroïne. Ce qui veut dire que les terroristes sont aux commandes de la plus grosse banque mondiale, et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils y sont. En achetant la drogue, l’occident paye les armes qui tendent à le détruire.

Que peut-on ?

– Ajouter aux missions des forces présentes la destruction des champs de pavot et des laboratoires fabriquant l’héroïne
– le paiement aux populations de la prochaine récolte
– le remplacement du pavot par d’autres cultures et en particulier le safran

Je crois avoir été entendue. Pour cette mission-là, conditionnelle de l’avenir du monde, je voterais « pour » des deux mains.

De vraies choses pour de vrais gens

Retour de notre réunion « V ème risque » . Sujet pas sexy s’il en est. La prise en charge de la perte d’autonomie liée à l’âge ou au handicap, c’est quand même très loin de Carlitta minaudant chez Michel Drücker (non, je ne l’ai pas vue, mais on me l’a mimée et j’ai pleuré de rire, mais c’est pas le sujet).

La salle plénière du Conseil Général était comble jusque dans les rangs de la presse. Chaque fois que je propose, en tant de campagne ou en tant de ville -si j’ose dire- , des sujets aussi porteurs que « drogue, addictions, violences » ou « Prison : juste peine ou peine perdue ? », on me prédit une désertification sahélienne du public et une inégibilité absolue pour les trente prochaines années. Sauf que…

Sauf que, ce n’est pas vrai. « Les gens », c’est à dire vous et moi, quand ils se déplacent, veulent entendre quelque chose qui les concerne, plus encore : veulent se faire entendre, peser dans le débat ; et aussi, veulent apprendre quelque chose dans des sujets dont ils pressentent qu’ils sont décisifs pour eux.

« Where is the beef ? », interrogent les Américains quand ils entendent un discours creux (tracuction approximative : « où est le rôti ? »). C’était l’absolu contraire pour nos débatteurs de ce soir : Bernard Ennuyer, sociologue, Jean-Claude Henrard, Jean-Paul Emeriau et Muriel Ranfray, ces trois-là « profs » de gériatrie, mais pour tous, on regrette presque d’avoir à dire qui ils sont , tellement ce qu’ils ont à dire est encore supérieur à leur titre.

Quel était le sujet en réalité ? Les vieux sont-ils des humains comme les autres ? Ont-ils droit au même degré de solidarité ? Qu’est-ce que la solidarité ?

Ouaf ! Dit comme ça, posé comme ça, c’est quand même assez décapant. Mais c’est exactement comme ça qu’il faut interroger les décisions politiques.

Un abrégé absolu du problème :
-le bénéfice net de la « Française des jeux » (j’ai reçu le rapport hier) : 9,3 milliards d’euros.
-le financement du Vème risque : 19 milliards d’euros

Finalement, la politique, c’est assez simple.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel