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La république marchande

Lundi 21 juillet, le vote de la réforme constitutionnelle va se jouer à peu de voix. Il parait prévisible que Nicolas Sarkozy (c’est bien ainsi qu’il faut dire) va l’emporter d’une courte tête grâce à l’intense activité marchande qu’il développe à proximité du poteau final.

Le noeud du problème risque d’être le vote de la dizaine de députés du Parti Radical de Gauche. Actuellement inclus dans notre groupe politique à l’Assemblée (Socialiste, Radical et Citoyen), les députés radicaux paraissaient jusqu’alors bien décidés à suivre l’opinion dominante : n’ayant obtenu aucune avancée véritable, en particulier concernant le mode électoral du sénat, nous voterions contre la réforme.

Nicolas Sarkozy a ouvertement avancé l’argument qui tue : la constitution d’un groupe politique. Il faut actuellement 15 députés au minimum pour constituer un Groupe, ce qui est très important en matière de moyens alloués à l’Assemblée, de temps de parole et, disons-le, de titres ronflants : un Président de groupe, un vice-Président, un adjoint au Vice-Président, un attaché à l’adjoint… J’en rajoute un peu, mais dans un petit groupe, cela fait au moins 50% de l’éffectif qui sont parés d’un titre !

Sans vergogne, sans s’en cacher nullement, Sarkozy a promis la réduction du nombre minimum à 10 … si les Radicaux votent « bien » et si la réforme passe. Le nombre exact de députés radicaux.

Tous les Présidents de quoi que ce soit, tous les partis politiques, de gauche, de droite ou du milieu, ont proposé, négocié, imaginé des arrangements… Mais un Président à ce point décomplexé dans la marchandisation politique, c’est très clairement une première mondiale.

Le gouvernement actuel et la politique qu’il mène resteront dans l’histoire (sans majuscules) sans doute pour cela : la monétarisation de toutes choses. Le mot est affreux, d’ailleurs concurrencé par « monétisation » qui n’est guère meilleur, mais la chose est pire et veut dire tout simplement que tout s’achète. Avec une nuance supplémentaire cependant : monétarisé ou monétisé, qui joue sur le double sens de « monnaie » (le second étant la petite monnaie) montre que tout peut s’acheter même à vil prix.

C’est ici clairement le cas.

« Edvige »: La députée socialiste Michèle Delaunay interpelle la ministre de l’Intérieur

Têtu, le 18 juillet 2008

La pétition a déjà recueilli 25.000 signatures. GayLib demande la suspension d’Edvige.
Depuis le lancement de la pétition « Non à Edvige » le 10 juillet, et la création du Collectif « Non Edvige » le 16 juillet (lire Quotidien du 17 juillet), le nombre de signataires ne cesse de croître. Aujourd’hui, ce sont plus de 25.000 personnes qui ont signé cette pétition, c’est-à-dire encore 5.000 de plus qu’hier. A noter, en outre, qu’à présent plus de 250 organisations ont signé cette pétition. Parmi ces organisations, on retrouve, pour les partis politiques, la Ligue communiste révolutionnaire, le Parti communiste, les Verts et le Parti socialiste.

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loi marathon

Nous avons voté à deux heures cette nuit le texte « droit et devoirs des travailleurs pauvres ». Belle (et épuisante !) résistance des députés socialistes, verts et communistes, avec reconnaissons-le quelques avancées obtenues : le smic comme plancher absolu de tout travail, le temps complet seul susceptible d’être comptabilisé dans « l’offre raisonnable d’emploi ».

C’est une véritable épreuve de mener deux jours de suite un texte en continu. Séance nocturne mercredi et hier de 10 heures du matin à 2 heures le lendemain. Epreuve de tension physique dont on sort comme d’un voyage en deuxième classe en direction de l’Australie : jambes lourdes, articulations douloureuses et pieds gonflés. De séance extraordinaire en séance extraordinaire, il va bientôt falloir un entrainement de cosmonaute pour être députée.

Je quitte à l’instant mon bureau en direction de Bordeaux, où attend une journée pleine. J’ai incroyablement besoin de paix et de silence.

La machine à fabriquer des travailleurs pauvres

Je vais entrer tout à l’heure en séance de nuit pour le texte « droits et devoirs des demandeurs d’emplois » (voir billet précédent). Les droits, pratiquement, se résument à une phrase « le service public de l’emploi s’engage à mettre en oeuvre toutes les actions jugées nécessaires pour faciliter le retour à l’emploi ».

Voilà un énoncé qui ne peut que combler d’aise celui qui se trouve brutalement privé de son travail, de son revenu, de sa raison sociale . Où sont ici les actions que l’on peut considérer comme des « droits » ? Où sont les aides à la mobilité ? Où est le renforcement du service public de la petite enfance pour faciliter le travail des femmes ? Où sont les mesures incitatrices à l’emploi des plus de 55 ans ? Où est le développement de l’accompagnement et de l’accès à la formation ? Où est la moindre mesure qui pourrait servir à quelque chose ?

Dans le temps précis où nous débattons de ce projet de loi, 141 postes viennent d’être supprimés à l’ANPE en Ile de France. L’Unedic, dans le même temps, avoue n’avoir consommé que la moitié du budget dont elle dispose pour la formation et seulement 5% des demandeurs d’emploi ont bénéficié, de sa part, d’un programme de formation.

Le plus grave pourtant est que ce texte de loi est impuissant : il ne créera pas un seul emploi. Le demandeur d’emploi est contraint sous peine de suppression de ses allocations d’accepter dans l’année la deuxième « offre raisonnable d’emploi » qui lui est faite.

Imagine-t-on qu’alors qu’il vient de perdre un emploi pour lequel il est qualifié, deux vont se présenter en quelques mois dans la même qualification ?

Résultat, il sera contraint d’accepter une offre « non raisonnable » (au passage, depuis quand la « raison » fait partie du vocabulaire du droit ?), pour un salaire « au moins à la hauteur du revenu de remplacement ». C’est à dire qu’il doit accepter n’importe quel travail pour ne pas gagner plus que son indemnité de base.

Ce texte va mathématiquement précipiter nombre de demandeurs d’emploi vers l’emploi précaire et le temps partiel. Et au passage fournir une main d’oeuvre bon marché aux secteurs d’activité en tension, secteurs où la politique sociale est déjà la plus faible.

C’est le contraire des principes du Grenelle de l’Insertion, c’est le contraire de la défense du pouvoir d’achat des Français. C’est la machine à fabriquer des travailleurs pauvres.

Je crois que l’on ne mesure pas la gravité des politiques menées aujourd’hui. Le catastrophisme n’est pas mon fort mais on ne peut pas manquer d’ être frappé par l’inefficacité, autre que médiatique, de la gesticulation législative qui nous est imposée.

Nous allons entrer en séance défendre une quarantaine d’amendements mais nous savons que tout est fait (mot d’ordre dans les rangs UMP d’assurer une majorité dans l’hémicycle) pour que rien de significatif ne puisse être obtenu.

Disons-le tout carrément, ce soir j’ai le blues du député d’opposition, plus utile qu’un député de la majorité qui ne sert qu’à avaliser les textes qui arrivent devant ses lunettes, mais ne disposant pas d’outils suffisants pour parer à l’urgence de la situation.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel