m

Michèle Delaunay : « Etre députée c’est un métier »

www.aqui.fr,le 08 juillet 2008

Un an après son élection, la socialiste Michèle Delaunay reste pour beaucoup « celle qui a battu Alain Juppé », le maire de Bordeaux, dans la deuxième circonscription de la Gironde. Avec ce premier anniversaire, elle présente ce soir le bilan de son mandat. L’année a été bien remplie : installation à son nouveau poste, élection municipale derrière le candidat de gauche Alain Rousset, et pleine possession de son nouveau mandat. Michèle Delaunay entend maintenant affirmer son rôle aussi bien dans l’hémicycle qu’à Bordeaux.

(suite…)

Difficile à comprendre !

A l’occasion de mon premier bilan de mandat, Sud-Ouest m’a consacré une demi-page. L’article est le concentré d’une heure d’interview, fort sympathique au demeurant, avec une très réelle qualité des questions posées, l’échange ayant été enregistré dans sa totalité.

Ce concentré, qui a coûté six heures de travail à Hervé Mathurin, n’est pas toujours facile à comprendre, et j’essaye ici d’en éclairer quelques phrases.

-Condition carcérale
« J’ai porté le dossier des conditions carcérales. Alain Rousset et moi, nous avons demandé de désserer l’étau de l’été. Avec notamment une grâce qui ne serait pas une grâce parce que le juge déciderait à la place du Président de la République » Ecrit comme ça, évidemment, ça parait plutôt obscur ..

Traduction : Le dossier de la condition carcérale et de la justice illustre bien le lien que doit faire constamment un député entre la politique nationale et son application locale. Je me suis battue à Paris contre la loi sur la récidive qui entraine mathématiquement une augmentation du nombre et de la durée des incarcérations. A Gradignan, le taux de surpopulation carcérale a atteint 211% . L’été, la chaleur dans les cellules, rend ces conditions inhumaines d’incarcération plus pénibles encore. Nous nous sommes rendus avec Alain Rousset au ministère pour demander des mesures d’urgence afin, en effet, de « désserer l’étau de l’été ». Parmi celles-ci (promenades et parloirs plus longs, activités sportives…), j’ai proposé que le Président de la République qui se refuse aux traditionnelles « grâces présidentielles » du 14 juillet exprime aux juges, et en particulier aux juges d’application des peines, le souhait qu’en son nom, on privilégie les peines alternatives, les aménagements de peine et les libérations conditionnelles. Cette proposition laisserait la responsabilité aux juges (c’est à dire éviterait le côté « monarchique » de la grâce) et permettrait de réduire l’inhumaine surpopulation carcérale actuelle.

Il y a actuellement une volonté d’absolutisme sur cette ville et une stratégie de reprise en mains. j’en veux pour preuve le découpage des cantons »
Reconnaissons-le, là il faut carrément s’accrocher ! Ceux qui ont atteint le troisième paragraphe, doivent vraiment se demander « quel découpage ? ». Tentative de traduction là-aussi : le maire de Bordeaux a nommé des adjoints de quartier et redécoupé leurs territoires par strict décalquage des cantons urbains, c’est à dire des territoires des conseillers généraux. Son soucis est purement stratégique : regagner les cantons qu’il perd régulièrement, mais beaucoup plus gravement, rendre plus difficile encore la compréhension des citoyens du « qui fait quoi ? » « Pourquoi, et avec quelles compétences ». C’est beaucoup plus grave qu’il n’y parait : cela méli-mélo ne peut que finir de désintéresser les citoyens à la politique !

Troisième exemple, mais là, pas d’inquiétude, aucun lecteur n’est parvenu jusqu’aux 2/3 de l’article !
A propos de l’opposition municipale : Alain Juppé ne prend jamais en compte les propositions. Même les aménagements de la place Tourny n’ont pas eu grâce à ses yeux. Ce n’était pas de la polique, ça ! Juppé, je ne lui demande pas d’entrer dans la Ligue révolutionnaire! » »
Là, le rédacteur a vraiment fait très fort ! Oui, c’est vrai, Alain Juppé , ne prend jamais en compte les propositions de l’opposition municipale. Et j’ai donné l’exemple d’une proposition qui n’a rien de politique, moins encore de subversif : dégager l’intendant Tourny du fatras de panneaux indicateurs et revoir l’aménagement très « bric à brac » de cette place emblématique. Et j’ai ajouté par plaisanterie, après explication, « personne ne demande à AJ d’entrer à la ligue révolutionnaire, mais seulement d’accepter des propositions positives ! »

On le comprendra, j’ai émis quelques réserves auprès d’Hervé Mathurin sur ce papier dont il est l’auteur. La pire est pourtant le titre, mis dans ma bouche « Alain Juppé m’écarte de tout« . Ce n’est certainement ni mes mots, ni l’idée force que j’ai essayé d’exprimer dans cet entretien d’une heure. Hervé Mathurin m’a répondu que c’était la liberté du journaliste. Alors ma liberté à moi, c’est de refuser que cela soit écrit entre guillemets et avec un pronom personnel.

Sous la photo « Pour Michèle Delaunay, il n’y a pas de distinction à faire entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ». Là aussi, entre guillemets. Oui, la politique d’Alain Juppé est à Bordeaux , et serait la même au plan national s’il n’en avait été écarté. Mais écrire la phrase ainsi, et la mettre dans ma bouche, est tout simplement une faute professionnelle.

La pie et le geai

Deux oiseaux rivalisent de beauté dans mon jardin ; tous les deux grands, l’un à peine un peu plus qu’un pigeon, l’autre sensiblement plus grand.

La pie, noire et blanche, parait habillée par Saint Laurent. Quand elle vole, un grand V blanc se dessine sur ses ailes noires, que curieusement on a envie de qualifier « noir de geai ». Sur ce smoking d’apparat, deux faisceaux de plume d’un bleu marine profond. La classe.

Le geai fait plutôt dans des teintes douces : habit marron glacé, un peu rosé, et dessus une magnifique parure d’un bleu difficile à qualifier, plus vif que les porcelaines wedgwood, rare. J’ai un pull over un peu comme ça, mais je crains que ça ne suffise pas à vous faire voir le plumage du geai, tellement caractéristique.

Mes deux bellâtres ne sont pas des commensaux très agréables pour leurs congénères plus petits : il mangent volontiers les oeufs dans les nids, quelquefois même les oiseaux qui en sont juste sortis. Dans mon jardin, ils se disputent les escargots, qu’ils saisissent et dont ils vont casser la coquille sur la pierre d’un banc. J’ai mis plusieurs jours à comprendre ce qu’était ce cimetière quasi préhistorique.

Est-ce que la beauté chez les oiseaux donne des droits, comme l’argent chez les humains ? Je pense qu’on connait ma réponse. Les oiseaux n’ont sans doute ni méchanceté, ni gentillesse, ils se battent pour survivre.

Invitation aux amis du blog

Je serais tout simplement très heureuse de votre présence à mon compte-rendu de mandat

demain jeudi 3 juillet, à 18 h 30

à la maison du combattant (de la combattante !)

97 rue Saint Genès à Bordeaux

un buffet de jardin, garanti libre d’OGM, nous réunira ensuite

Le de Robien a du plomb dans l’aile

Du plomb dans l’aile, mais pour la com’, ça va bien !

Le parallèle avec la politique du gouvernement est flagrant : la défiscalisation de Robien fait contre elle l’unanimité des experts, mais, au diable l’avarice, les efforts et dépenses de communication n’ont jamais été aussi bon train !

Même topo pour la politique du pouvoir d’achat du gouvernement : échec absolu, entériné autant pas la célèbre « ménagère de plus de 50 ans » que par les Economistes, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. (Dé)Raison de plus, d’investir 4,3 milllions d’euros dans la publicité télévisée. On prend vraiment les gens pour des zozos. Du genre « Votre pouvoir d’achat fléchit ?… Non, non, ce n’est pas parce que la politique du gouvernement est mauvaise, c’est que vous ne l’avez pas comprise ! »

Je reviens au de Robien. Pas à l’élégant Ministre qui a vilipendé la méthode globale de lecture qui n’était plus utilisée par les enseignants depuis que j’étais moi même à l’école, mais à la mesure de défiscalisation qui l’a fait entrer dans la postérité microcosmique de la politique française contemporaine.

Les experts sont unanimes et les gogos qui se sont laissés prendre commencent à les suivre : le « de Robien » est en grande partie responsable de l’enchérissement du prix du foncier et de la hausse des loyers, et au passage aussi de la difficulté des bailleurs sociaux et des collectivités à élargir leur parc social.

En plus, et ce n’est pas le moindre, la mesure est à l’origine de milliers de constructions médiocres, qui ne trouvent aujourd’hui pas preneur et qui commencent de se clochardiser, si l’on peut utiliser ce mot pour un bâtiment.

Michel Duchène, adjoint du Maire de Bordeaux, avec son humour très fin dès qu’il aborde le domaine social, entérinait lors de notre séance plénière du Conseil Général du 29 juin, ce naufrage politique. Le retard en logements sociaux de Bordeaux était évoqué. Qu’à cela ne tienne ! Michel Duchène a la réponse : le logement de Robien va bientôt devenir un « logement social de fait », terme que la droite affectionne pour désigner les logements insalubres. Et ainsi, il pourra renflouer les mauvais chiffres bordelais.

En l’entendant, je me demandais s’il faisait de l’humour, de la provocation ou un accès aigu d’inconscience politique. Les trois, sans doute.

Pourquoi je parle du « de Robien » aujourd’hui plus qu’hier ? Parce que j’en ai ras l’ordinateur, comme plusieurs d’entre vous qui me l’ont signalé, des messages gouvernementaux « Transformez votre impôt en patrimoine ! ». Suit un baratin, sur tous les avantages de la mesure sur la facture que vous recevrez du Trésor public.

Oui, les gogos, sont bien en effet défiscalisés, mais ceux qui s’enrichissent réellement, et à destination desquels la mesure a été conçue, ce sont les promoteurs !

Ce n’est pas de pub dont nous avons besoin, mais d’un véritable dossier dans la presse de grande diffusion, d’une vraie information sur le sujet pour que cette disposition délétère, que Martin Hirsch a un moment espéré faire supprimer, avant de rentrer dans ses 22, soit séchée par désintérêt de ceux qui la nourrissent.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel