Communiqué de presse de Laurent Cantet
j’introduis dans ce blog le communiqué de presse commun de Resf 75 et de Laurent Cantet, dont un jeune acteur était dépourvu de papiers. La belle sobriété du communiqué m’invite à ne rien dire de plus.
j’introduis dans ce blog le communiqué de presse commun de Resf 75 et de Laurent Cantet, dont un jeune acteur était dépourvu de papiers. La belle sobriété du communiqué m’invite à ne rien dire de plus.
Quand on y prend garde, prêtant l’oreille pour les discerner entre les annonces, les roulements de valises et le brouhaha général si propre aux halls de gare, on entend à Montparnasse un babil continu de moineaux. Petits pépiements qui viennent de partout, du dessus des bouches d’aération, des hauts parleurs, du sol, qui quelquefois vous frôlent d’assez près. Dès qu’une miette tombe d’un banc, où un voyageur patient attend son train en mangeant un sandwich ou un pain aux raisins, les moineaux atterrissent et se mettent en cercle, indifférents aux pieds pressés qui les entourent.
Petits signes de vie et de liberté, dans un décor très technique où la première idée n’est pas d’identifier les oiseaux. Ils doivent sans doute à l’indifférence habituelle des voyageurs leur très grand familiarité. Un peu plus, ils se laisseraient presque écraser par un trolley qui déboule, tellement ils sont habitués à cette cohue et à cette presse.
Il ne faut plus jamais dire « les moineaux communs », le vrai nom de cette espèce des villes à petit corps brun et bavette noire : les moineaux ont de plus en plus de mal à vivre en compagnie des grands prédateurs humain et ils se raréfient.
Et pourtant, comme ils manqueraient au décor, si on ne les voyait pas sautiller de miette en miette, entre les souliers poussiéreux et les baskets avachis !
Tous les médias font ce matin l’erreur : ce n’est pas la parité professionnelle que nous avons voté cette nuit à 108 voix contre 80, mais le « fait de favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et sociales ».
Ce qui, on le sait, ne mange pas de pain, si cela ne s’accompagne pas de mesures concrètes.
La formule « favoriser l’égal accès » était celle qui introduisait le texte constitutionnel de Lionel Jospin ; elle avait alors donné lieu à de grands débats (« Peut-on introduire des sections dans le peuple français ? », disaient les constitutionnalistes de stricte obédience), mais les lois instaurant la parité -c’est à dire l’égalité en nombre- sont celles qui prévoient un nombre égal de femmes et d’hommes dans les scrutins de liste, et des sanctions financières pour les autres s’ils sont trop déséquilibrés en faveur d’un sexe, qui est pour l’instant toujours le même.
L’amendement, hier soir, était introduit par deux députées UMP, très bon genre, et en tout cas qui n’avaient rien de deux pétroleuses. Nous l’avons tout de suite relayé, malgré une ou deux voix discordantes (mais qui ne se sont pas exprimées en séance), dont celle de Danièle Hoffman-Rispall de Paris qui avaient des craintes pour les professions féminisées, en particulier pour les infirmières.
Mais favoriserions-nous l’accès de quelques garçons à la profession, cela ne pourrait être que favorable..
La Ministre Rachida Dati, en gigantesques talons noirs, les joues sortant d’un très malencontreux « filling » qui dénature sa beauté aigüe, avait la responsabilité d’exprimer l’avis du gouvernement : avis défavorable a-t-elle dit. Parité bien ordonnée, ne commence pas, mais se résume, à soi-même.
Le député Chartier (UMP) s’est ridiculisé en allant à sa rescousse, sous prétexte « qu’il ne faut pas débattre en hâte de telles questions ». En effet, on a bien attendu vingt siècles, on n’est pas à 5 minutes ! Pierre Lelouche, UMP aussi, l’a retoqué : « Comment peut-on en être encore aujourd’huui à atermoyer sur ce sujet et à hésiter à voter l’amendement de nos collègues ! »
Comment, en effet ? Rachida Dati est pour l’accès de Rachida Dati aux responsabilités. L’égal accès n’est pas son enjeu. Reste qu’il faut maintenant s’engager sur des lois et réglements favorisant vraiment cet égal accès, comme cela a été fait dans les pays nordiques. La Norvège par exemple a imposé un nombre égal d’hommes et de femmes dans les conseils d’administration.
Un nouveau vote divisant la droite, alors qu’elle aurait du voter le texte, comme un seul homme évidemment .
Qu’est-ce qui fait que nous avons conscience d’appartenir à l’espèce humain, à ce groupe fragile et envahissant, dans lequel l’enfant apprend progressivement à se reconnaître ?
Les philosophes, le bon sens, fournissent un certain nombre de réponses : la verticalité, la parole, le rire (« parce que le ris est le propre de l’homme » disait Montaigne, relayé par Bergson). C’est aujourd’hui aux soignants que nous avons donné la parole à l’Assemblée, dans le cadre de mon groupe de travail « politique de l’âge ».
« Humanitude », n’est pas une création heureuse de Ségolène Royal, mais le nom donné à une philosophie et à une méthodologie de soins qui s’applique avec le maximum de nécessité auprès des personnes âgées.
Comment aborder une personne démente, atteinte par exemple de maladie d’Alzheimer, pour qu’elle perçoive même obscurément que c’est un lien humain qui se crée autour d’elle ? Pour qu’elle se sente rassurée, et qu’elle accepte les soins comme quelque chose d’apaisant et non comme une agression ? Pour qu’elle ressente du bien-être et non de l’angoisse ou de la dépression ?
Ce sont tous les gestes qui apaisent, les attitudes, l’organisation des soins et des institutions que nous avons appris et discuté cet après-midi avec Jérôme Pélissier, psycho-gérontologue, appartenant à une unité de recherche à Lyon, et très engagé dans la formation du personnel soignant.
Le concept dépasse très largement le soin des âgés, et nous en avons tous l’expérience. Aborder, même un député irrascible, avec un visage ouvert et souriant, dédramatiser une réunion par quelques marques d’humour, ce sont aussi des petites marques d’humanitude. Dans nos hôpitaux, les soins sont éffectués en utilisant beaucoup des principes que nous avons envisagés aujourd’hui : éliminer les gestes qui peuvent être considérés comme agressifs par une personne pas totalement consciente, parler au fur et à mesure que l’on fait des gestes de toilette ou de soins, décrire ce que l’on fait…
A question nouvelle, il faut des réponses nouvelles. Cette approche des malades déments fait partie des réponses au grand chantier de l’allongement de la vie et de l’augmentation du nombre de cas d’ Alzheimer.
Les commentaires du billet précédent se sont engagés de pied ferme sur le champ de la réforme constitutionnelle. Sujet complexe puisqu’il réunit un grand nombre d’articles, où il y a du bon, du moins bon et du pas bon du tout.
Ce « pas bon du tout », c’est souvent l’absence de quelque chose. Et en particulier de notre exigence majeure : la réforme du mode électoral du sénat. La « chambre haute » est supposée être le reflet des territoires et des collectivités territoriales. Or, le mode d’élection est tel, que même avec une très forte majorité dans les conseils municipaux, généraux et régionaux, la gauche ne peut être majoritaire au Sénat. En l’état, la droite y est inamovible. A quoi bon une chambre, si elle n’est pas susceptible d’alternance et si elle ne reflète en rien l’évolution et l’opinion de ceux qui l’élisent ?
En regard de cette absence, la réforme est supposée renforcer les pouvoirs du parlement par quelques mesures de contrôle, et la possibilité de fixer partiellement l’ordre du jour. Rien de susceptible de véritablement remettre en cause la prééminence du Président de la République. Il est d’ailleurs très amusant d’entendre les députés UMP qui, en face de la gauche, clament « Comment pourriez-vous refuser une réforme qui donne plus de poids au Parlement ! » mais qui, dès qu’ils rentrent dans leur groupe, tiennent le discours contraire pour entrainer au vote les gaullistes irréductible « Enfin, vous voyez bien que la réforme ne remet nullement en cause l’esprit de la 5ème république, et que les petites avancées en direction du Parlement, ne changent pas l’équilibre des pouvoirs ! ».
D’autres mesures me rendent la réforme antipathique en l’état. En particulier, la révision de la composition du Conseil National de la Magistrature, où les juges ne seront plus majoritaires, au profit de personnalités nommées par le Président ou le Gouvernement. Quand on connait le pouvoir du CNM, on comprend qu’il y a là l’intention de prendre des garanties où une personnalité politique de premier plan aurait à répondre devant la justice.
En l’état d’avancement des débats, je ne suis pour ma part pas favorable à voter cette loi modificative. J’entends qu’ici ou là, quelques députés socialistes ont un avis contraire. Ce qui me ramène au billet précédent : espérons que nous ne ferons pas l’erreur majeure de ne pas aller strictement unis à ce vote.
Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel