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Un texte de loi génétiquement dénaturé

Brouhaha autour de l’Assemblée, qui monte jusqu’à nos bureaux. En ce moment même, une chaîne humaine entoure nos bâtiments pour éviter que le texte que nous avons voté (comprenant l’amendement Chassaigne, protégeant les AOC), ne soit contaminé par le texte revu au Sénat.

Comme nous le craignions en effet, cet amendement a été dénaturé la majorité obédiente du Sénat.

A midi, tout à l’heure, vaste pique-nique anti-OGM sur l’esplanade des Invalides. Chacun était invité à apporter quelques produits du terroir garantis sans OGM. Atmosphère fraternelle et dynamique sous un soleil de plein été.

Ce soir, en séance nocturne, vote du projet de loi. La procédure du vote solennel qui permet de savoir exactement qui a voté quoi a été malheureusement refusée par le gouvernement pour protéger ses députés. Pas courageux !

La République doit être amicale et rigoureuse

A ce prix, à ce prix seulement, elle sera partagée. Elle n’a été, lors de la célébration du 10 mai (la mémoire de la traite des noirs), ni l’une, ni l’autre ; j’y reviens, je prolonge le billet précédent, car rien de ce qui s’est passé n’est anodin.

Michaëlle Jean, lors de la cérémonie officielle, s’est exprimée de très belle manière, a la fois simple et solide : « Soyez vigilants, attentifs, au premier signe de ce qui peut marquer la distance, l’exclusion, la séparation ».

Je n’ai pas le texte devant les yeux, mais je garantis le parfait respect du sens de sa mise en garde.

Bon conscients, mais non pas bien conscients (la différence est de taille : la bonne conscience n’a rien à voir avec la conscience du bien et du vrai), tout le monde opinait autour d’elle. Ma collègue députée Chantal Bourragué répétait « Quelle belle rencontre ! Quelle belle rencontre ! ».

C’était vrai, sauf que la rencontre n’avait pas eu lieu pour tout le monde. Quelques instants après l’avertissement de Michaëlle Jean, le petit groupe de Diversités était interdit d’entrée dans la manifestation officielle. Oui, à mon sens, Karfa Diallo aurait dû rejoindre d’emblée cette manifestationà la condition d’y avoir la place que son engagement de longue date méritait. Probablement, cela n’eût pas été le cas, comme ne fût pas le cas pour les élus de gauche, mais enfin, il rejoignait la cérémonie, et je suis sûre que tous eussent été parfaitement respectueux de la personne de Michaëlle Jean et de ce qu’elle représentait.

J’ai essayé d’intercéder (et je le dis ici pour expliquer la suite), le petit groupe de diverCités a été repoussé. L’avertissement de la Gouverneure n’avait servi de rien. Il n’avait pas été entendu, il n’avait pas été compris et beaucoup avaient cru qu’ils s’adressaient aux autres, pas à eux.

Fin de la cérémonie. Michaëlle Jean rejoint sa voiture. N’ayant pas eu, en raison du cérémonial très sélectif de la manifestation, l’occasion de lui manifester la reconnaissance de tous les Bordelais pour sa présence et ses paroles, j’essaye de l’approcher. Le service d’ordre m’en empêche. J’exprime que je suis députée, on continue de me barrer le chemin. J’exprime encore que Chantal Bourragué est aux côtés de la Gouverneure, rien ne change.

L’ordre républicain veut qu’un député ne puisse être ni « pris de corps » , ni « empêché » sur quelque lieu public que ce soit. Non en raison de ses mérites, mais parce qu’il représente les Français, et pour chacun un nombre non négligeable de citoyens. Je fais signe au Préfet Francis Idrac, pour qu’il fasse respecter ce principe qu’il connait bien évidemment ; il ne le fait pas immédiatement, et me dit « vous allez lui parler de Karfa Diallo ? ».

Non, je n’allais pas lui parler de Karfa Diallo. Je connais assez bien les usages de la République, une personnalité étrangère n’a pas à être importunée de ce qui relève de nos événements intérieurs. J’allais lui exprimer mon plaisir et ma reconnaissance de sa venue, c’est à dire celle des Bordelais.

« Soyez vigilants à tout ce qui provoque le sentiment d’exlusion, la séparation, à tout ce qui est générateur de blessure », et un jour peut-être de violence, de haine.

Soyez vigilants. Vigilants à la blessure de ceux que l’on a repoussé à la porte de la manifestation, vigilants à considérer tous les Bordelais avec la même confiance et le même respect. Vigilants à observer avec rigueur les principes de la République.

10 mai, ou la mémoire mal partagée

Le 10 mai nous célébrons la loi Taubira, faisant de la traite des noirs un crime contre l’humanité. La mémoire de la traite des noirs est pleine de sens, et ce sens n’est pas la repentance ou la culpabilité des uns contre les autres, c’est d’exprimer que nous sommes tous les fils de ces quinze millions de noirs qui ont été déchiré de leurs terres, de leurs familles, dépossédés de tout et vendus comme esclaves.

Cette célébration, je me suis souvent exprimée dans ce sens, signifie profondément que nous sommes tous métis et désireux de savoir, de comprendre et de partager.

Depuis de nombreuses années, les élus de gauche oeuvrent pour que cette célébration devienne républicaine, et, à Bordeaux, municipale. Le chemin a été long, mais il est en voie d’aboutir.

Depuis de nombreuses années, l’association « diversCités » porte cette mémoire et le projet d’un mémorial.

Hier à Bordeaux, la célébration officielle a eu lieu en présence de Michaëlle Jean, la charismatique Gouverneure du Canada. Michaëlle Jean est haïtienne, née à Haïti, arrivée au Canada à 11 ans pour fuir la dictature de Duvalier. Elle est aussi arrière-arrière-petite-fille d’esclaves. Sa présence à la cérémonie est plus qu’un symbole, une réalité : que le Canada l’ait choisie pour le représenter et exercer la fonction de chef des Armées a une signification forte.

Cela valait, me semble-t-il, que nous soyons tous réunis, et que l’on donne à chacun une juste place.

Karfa Diallo a choisi de faire une manifestation séparée. Je le comprends si il ne lui a pas été donné, comme c’est à craindre, une place honorable dans la manifestation officielle au regard de toutes les années où il a essayé de convaincre la Mairie de s’emparer du projet. Mais aujourd’hui, la République s’en emparait avec la visite de Michaëlle Jean, qui a rang de chef d’Etat, et pas n’importe quel chef d’Etat. Je suis allée voir Karfa pour lui demander de donner ce signe d’union, il ne l’a pas souhaité et nous avons fait une première manifestation séparément. A l’issue de cette manifestation, je suis intervenue auprès de M Doutre, directeur de la police, pour que Karfa et son équipe puisse aller saluer Michaëlle Jean : refus absolu.

Manifestation officielle ensuite. La volonté de partage de la ville de Bordeaux n’est pas évidente en effet. Aucun élu de gauche, au premier rang desquels Alain Rousset, personnellement présent, n’a été invité à monter sur le podium aux côtés de Michaëlle Jean et du Préfet. Pas non plus convié à déposer une gerbe avec le Maire et le Préfet, il est demeuré dans le premier cercle de la foule, Alain Juppé n’a pas eu le geste, évident sur tous les plans, de le faire monter aux côtés de Michaëlle Jean.

Le Maire représente la Ville (et non les Bordelais, ce sont les députés qui représentent les citoyens), le Préfet représente l’Etat, ce qui signifie que cette cérémonie qui, plus que toute autre, devait manifester que tous les Bordelais étaient présents pour partager cette mémoire, passait à côté de sa signification principale.

Je m’en suis ouvert au Préfet Francis Idrac. Il ne m’en voudra pas de dire qu’il en a convenu.

Nous avons été nombreux à en être choqués et blessés. Alain Rousset avait invité plusieurs classes de lycée à participer : quelle leçon ont-ils reçu ?

Nous avons aussi été plusieurs à remarquer que Jacques Chaban-Delmas n’aurait jamais fait pareille erreur, à la fois protocolaire et humaine.

Le nom de l’oiseau

Une amie poète vient visiter mon jardin. Trop brièvement : il y a de si belles histoires à raconter dans les jardins (pourquoi les violettes, d’allure si timide, sont en réalité si envahissantes ? Pourquoi les feuilles des hostas, d’allure si vigoureuse et si croquante, ne résistent pas devant le moindre petit escargot ?). Donc, à mon regret, elle ne fait que passer.

Pourtant, sur le pas de la porte nous cherchons le nom d’un oiseau. Moins grand que le merle moqueur, plus bavard que la pie… Je sèche. Pourtant tous les noms d’oiseaux sont merveilleux et, eux-aussi, suggèrent une histoire, du moins un comportement ou une personnalité : pipit farlouse (qui est devenu un héros de bande dessinée), sittelle torchepot (pas trop regardant sur l’hygiène de son nid), accenteur mouchet.. et tant d’autres.

Nous séchons l’une et l’autre. En nous quittant je lui dis : je donne ma langue au chat. Mais le chat aimerait bien d’avantage l’oiseau que ma langue, et le nom nous est resté mystérieux.

9 mai : journée de l’Europe

Ville quasi déserte et pas un drapeau européen nulle part pour célébrer la Journée de l’Europe. N’ayant été mise au courant d’aucune festivité, je téléphone à la mairie : les festivités ont eu lieu le 6 mai, en raison du pont de Pentecôte. Festivités est d’ailleurs un bien grand mot : un village de l’Europe semble-t-il installé place Pey Berland. Sûr qu’écoliers et collégiens en ont largement profité…

On voudrait faire pire, on ne ferait pas mieux ! L’Europe que l’on doit rendre sensible au coeur et à l’esprit est ignorée et les Français n’en connaissent plus que les réglementations ou quelques directives, de préférence quand elles sont malencontreuses.

Ma proposition de réunir les deux journées du 8 et du 9 mai pour mettre la victoire des alliés en 45 en perspective de la paix et de la construction européenne a été évoquée par Jean Pierre Elkabach, qui recevait sur Europe 1, Jean Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg et ancien Président du Conseil Européen. J-C Juncker l’a grandement approuvée, la tenant pour un de ces symboles dont nos pays ont besoin pour percevoir, pour palper, la grandeur de l’idée européenne.

Tout au contraire, on prive l’Europe de ce qui lui donne du sens et la rend perceptible. Le traité de Lisbonne a absurdement éliminé le drapeau et l’hymne européen (le superbe hymne à la joie de Beethoven).

Comment nos politiciens, qui sont pourtant entourés de communicants de tous poils, peuvent-ils être aussi contre-productifs ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel