Santé navale : suite
Je reçois aujourd’hui une lettre du ministère de la Défense, en réponse à celle que j’ai adressée au Ministre pour attirer son attention sur la légitimité du maintien de l’Ecole de Santé Navale à Bordeaux. Le courrier arrivé plusieurs semaines après le mien est signé du Directeur de Cabinet. Hervé Morin devrait apprendre que les Ministres doivent signer personnellement les courriers adressés aux Députés.
Passons. Le contenu est le plus important, et dans le cas il est malheureusement vide. Deux pages pour ne rien dire « soyez assurée que chaque décision prise le moment venu tiendra compte de la dimension locale, humaine et sociale de l’Unité concernée« .
Plus langue de bois, tu meurs.
Aujourd’hui aussi, audience avec le représentant du personnel, M Mohamed Ali Anfif : une fois encore l’évidence s’impose à nous de la prééminence du déménagement de l’ensemble de l’Ecole des services de Santé des Armées à Bordeaux et non à Lyon. Nous évoquons l’incroyable plan de restructuration de l’Armée qui va se voir privée de tout ce qui n’est pas son « corps de métier », suivant le principe de la « fongilité asymétrique ».
Ce jargon indigeste signifie que toutes les économies faites sur les ressources humaines peuvent être tranférées dans le budget matériel, mais pas l’inverse. Ainsi l’armée va être déshabillée de tout ce qui est accompagnement (cuisiniers, conducteurs, maçons, électriciens…) qui va être « externalisé , c’est à dire privatisé.
Le gouvernement compte que l’Armée, du fait de son devoir de réserve, ne dira rien. Et coupe dans son budget d’autant plus.
Mein Kampf possiblement réédité
C’est en tout cas une proposition du conseil central des juifs allemands. Les droits de diffusion du manifeste écrit par Hitler pendant son emprisonnement entre 1923 et 1924 ont en effet été confiés en 1946 par les Américains au Land de Bavière ; depuis lors, les autorités bavaroises s’opposent à toute réédition pour ne pas heurter les communautés juives.
Et ce sont ces communautés, appuyées par des historiens, qui demandent aujourd’hui la réédition de l’ouvrage « assortie de commentaires » « pour que les étudiants allemands, les lycéens, les citoyens éclairés puissent vraiment comprendre quelle conception du monde avait Hitler. Des historiens se sont aussitôt manifestés pour collaborer à une édition critique et scientifique du livre.
En réalité, sont déjà disponibles en Allemagne des ouvrages non complets mais comportant de très larges extraits assortis de commentaires (par ex le livre de Christian Zentner « Mein Kampf, extraits commentés », éditions Paul List, non disponible en français). Beaucoup de bibliothèques allemandes, familiales ou institutionnelles, ont encore dans leurs rayons ce brulôt qui a été vendu à dix millions d’exemplaires sous le IIIème reich.
Bel exemple d’un soucis de formation et d’information soixante ans après la fin de la guerre.
Régularisation des immigrés qui travaillent : une occasion à ne pas manquer
Eh oui, pour Nicolas Sarkozy, une occasion unique de mettre des faits en face des paroles. Dans son allocution du 24 avril, il a été plus que discret sur « le Président du pouvoir d’achat », mais a répété plusieurs fois qu’il voulait être le Président de la revalorisation du travail.
Peut-on imaginer meilleure occasion de le montrer ? Des immigrés sans papiers qui travaillent, se lèvent souvent tôt et se couchent tard pour assurer des métiers exigeants, qui bien souvent payent des impôts, comment peut-on imaginer de les laisser « sur le bord de la route », pour reprendre l’expression dont se gavent les ministres ?
J’ai écrit au ministre de l’Immigration le jour même où l’on a appris qu’en Ile-de-France des guichets allaient être ouverts pour envisager concrètement la régularisation des sans-papiers grévistes, afin que cette mesure de bon sens soit étendue à tous les départements, et bien sûr, au nôtre.
A ce propos, une interrogation. « Le Monde » donne dans son édition du 26 avril les propos exacts du Président sur le sujet que nous évoquons. « J’ai vu un certain nombre de déclarations hypocrites dans ma vie politique, mais alors, au bal de l’hypocrisie, il y avait du monde (sur ce point, le fait que les patrons ne savaient pas que leur employés n’avaient pas de papiers en règle, il n’a peut être pas tort à 100%..) « Je rappellerai un chiffre. Il y a 22% de chômeurs chez les immigrés réguliers… » »
Vingt-deux pour cent ? D’où sort ce chiffre ? Des journalistes curieux ont interrogé ici et là. « De l’agence nationale pour l’emploi » a répondu le ministère de l’immigration. Hélas, pour Brice et Nicolas, l’ANPE a aussitôt démenti. « Nous ne faisons pas ce genre de statistiques, voyez plutôt l’Insee.. ».
Hélas encore, l’Insee ne s’est pas montré plus compliant. « Il y a bien une étude de 2006 montrant que le taux de chômage dans la population immigrée est de 15,5%, mais attention, cela recouvre toute personne résidant en France mais née étrangère dans un pays étranger ». Un exemple : un retraité britannique ou allemand résidant dans notre belle Aquitaine est légitimement un immigré. Dans cette même belle Aquitaine, 6 immigrés sur 10 sont en effet des européens.
Une approximation de plus … La plus grave a sans doute été la confusion entre « naturalisation » et « régularisation ». Tout cela me fait souvenir des réponses catégoriques de Juppé ou de ses colistiers chaque fois que, dans des débats lors de la campagne municipale, nous énoncions un chiffre. « C’est faux… ». Le ton était toujours si péremptoire que beaucoup d’auditeurs ont dû le croire. Comme beaucoup d’auditeurs ont dû croire aux 22% de Sarkozy.
Bon, soyons beaux joueurs. Si Brice Hortefeux répond favorablement à mon courrier, et régularise les immigrés qui travaillent, nous passerons sur ces chiffres hasardeux.