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Dans le silence bavard du jardin

Minuscule promenade dans le silence bavard du jardin. On dit trop souvent que les oiseaux chantent : la plupart du temps, ils parlent.

Petit brouhaha de paroles émises dans tous les sens, sur tous les tons dans l’atmosphère du lever du jour, et aussi à certaines heures dont la rythmicité m’échappe. A l’instant au contraire, de rares paroles, échangées d’une branche à l’autre, presque en catimini, un peu comme à la messe.

Il y a quelques mois, « éco-emballage » avait eu l’idée d’une réclame (oui, je sais, maintenant on dit « pub » !) charmante à la radio : un concert d’oiseaux pépillant sur tous les tons était décrypté par une voix humaine, qui suivait les tons et les modulations, pour vanter l’éco-emballage et le respect de la nature.

Oui, je sais aussi, maintenant on dit « la planète ».

C’était charmant et c’est un peu à l’aguêt de quoi j’étais tout à l’heure, avant de venir le retranscrire sur mon ordi. Les oiseaux disaient qu’ils étaient petits et fragiles ; et aussi que ce clair de soleil n’allait pas durer, qu’un peu plus haut dans le ciel, il y avait des ombres grises et une odeur de pluie.

Alors je suis rentrée parce que j’ai eu peur d’oublier toutes ces petites phrases qu’ils avaient dites.

Couac sur couac

Couac sur couac = cafard. Cafard, ce soir, d’une gabegie gouvernementale de plus. Qu’elle soit de droite ne me réjouit pas : on attend d’un gouvernement qu’il soit à l’égal (au moins) de ce qu’on attend d’une équipe d’infirmières, d’un parti politique, d’une entreprise de boulangerie-pâtisserie : profesionnelle. PROFESSIONNELLE.

Ce mot, écrit deux fois, ne signifie pas le contraire de « bénévole ». « Professionnel », pour moi, veut dire, que l’on a réfléchi avant, pensé pendant, et envisagé après. Le minimum exigible pour un gouvernement.

Nous naviguons à vue depuis des mois. Les femmes du gouvernement se lancent avec leur foi, leur maladresse ; les hommes de l’ouverture se lancent avec leur malaise d’être là sans y être, de faire pas grand chose sinon de la figuration ; quelques uns, de l’UMP, veulent écraser leur voisin, leur concurrent, jouent les matamores sans être davantage crédibles. De ligne politique véritable, ou du moins avouable, de projet économique efficace, de volonté sociale : POINT.

La question de la carte famille nombreuse, stupidité au carré, réparée à la hâte et n’importe comment, comme on cache une tache sur une robe ou une grille sur un bas, en est le dernier exemple. Mais tous les autres avant ? La loi Monsanto sur les OGM ? La dangerosité absolue des lois de Rachida Dati, remplissant les prisons jusqu’à l’explosion, et l’inefficacité monumentale des mesures sur les heures supplémentaires ?

Tout cela est approximatif, inefficace, dangereux ; pas davantage, et même moins encore, ces mesures sont inspirées, visionnaires, innovantes. Du bricolage dans l’à peu près. Cioran disait « être moderne, c’est bricoler dans l’incurable ». Sarkozy a compris que pour être moderne, il suffisait de bricoler. C’est comme avec Edgar Morin, il n’a pas lu plus loin que le titre.

Tout ça , ça me colle un cafard terrible.

Les malheurs de Nadine

Pas de chance, non vraiment pas de chance, pour la pétulante députée de Meurthe et Moselle, Nadine Morano : moins de trois semaines après avoir été nommée Secrétaire d’Etat à la famille, voilà qu’elle doit annoncer la suppression de la carte famille nombreuse !

Personne ne savait à vrai dire pourquoi ce secrétariat d’Etat était échu à la « Madame Sans gène » de l’UMP. Elle même hésitait un peu sur ses attributions. Au lendemain de sa nomination, qui était aussi celui de la mort de Chantal Sébire, elle avait porté urbi et orbi le dossier de l’euthanasie. Le rapport de la famille et de l’euthanasie n’est pas tout de suite évident, mais il faut faire avec ce que l’actualité apporte.

Le dur était à venir. Première mesure de son secrétariat d’Etat : la mise au pilori d’une institution vieille de 89 ans, la carte famille nombreuse. Cette carte est une mesure sociale emblématique, donnant avantage aux familles de trois enfants et plus, non seulement pour les voyages en train, mais dans de nombreux magasins, organisations… Dans ces temps de pouvoir d’achat difficile (surtout avec plusieurs enfants), la carte n’avait jamais paru aussi justifiée et utile.

Nicolas Sarkozy, père lui-même de trois enfants, mais qui ne voyagent guère en train, n’en a eu cure, et Nadine, enfin, a eu une mesure à annoncer, fût-elle totalement à contre-emploi. Martin Hirsch lui-même a attendu dix mois pour voir son Revenu de Solidarité Active menacé de mise au pilori. A Nadine, il n’aura fallu que trois semaines.

La carte famille nombreuse ne sera donc plus prise en charge par l’Etat. Economie de bout de chandelle, fondamentalement contre-productive, en matière de politique du pouvoir d’achat, d’environnement et bien sûr de politique familiale. Ce qui s’appelle « faire d’une pierre trois mauvais coups ».

Trois mauvais coups pour économiser trois francs six sous. La carte deviendra une « carte commerciale » et viendra arrondir le milliard d’euros de bénéfice de la SNCF.

Comment peut-on être si bête ?

Le principe de Savary

Petit clin d’oeil pour commencer la journée sans se prendre la tête. Je bavardais il y a quelques jours avec Gilles Savary. Quand deux socialistes se rencontrent ils parlent du troisième, et quand deux personnes dites « politiques » parlent ensemble c’est souvent de l’art et la manière de faire bien ou mal de la politique.

Gilles, garçon facétieux, m’explique le secret pour avoir une grande audience dans les médias : prendre résolument le contrepied d’une position de notre parti ou d’un consensus politique. Et alors là, en faire des tonnes, ne pas hésiter à aller un peu trop loin..

Ce matin sur Europe, je tombe sur Elkabach interrogeant Jean-Luc Mélenchon. Tout est dit dès la première minute : »Jean Luc Mélenchon, vous êtes sénateur, et je vous ai invité ce matin car vous avez une voix discordante et vous critiquez l’engouement actuel pour le Tibet.. »

En effet, il le critique ! le Dalaï Lama est un autocrate obtus, les boudhistes ne sont pas les pacifistes que l’on croit, leurs traditions sont obscurantistes… Quant au Tibet lui-même, il appartient à la Chine comme la Vendée à la France.

Dérive sur l’atlantisme. Un vague soupçon de la théorie du complot. Reporter sans frontières financé par les Américains etc..

Je n’ai peut-être pas tout compris, car j’avais à faire parallèlement. Mais cet entretien quelques jours après « le principe de Savary » m’a frappé.

Je dois à l’honêteté de dire que Gilles, qui est lui-même d’une honnêteté affligeante n’a jamais mis en oeuvre le principe qu’il a édicté.

Concernant le Tibet : sont-ce les Tibétains qui interdisent aux journalistes de s’y rendre ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel