Appel à la mobilisation
Dimanche et temps pluvieux sont propices aux débats de fond. Le silence particulier de ce jour, la résonance des gouttes lourdes autour de moi, m’incitent à aborder un sujet qui me tient à coeur et que, me semble-t-il les forces de progrès et les hommes de bonne volonté doivent prendre à bras le corps en ce début de XXIème siècle…
J’ai évoqué déjà dans ce blog cet enjeu majeur : la défense du point-virgule.
Respiration indispensable dans une phrase longue, où il apporte un tempo qui n’est ni la légèreté de la virgule, ni la rupture du point, le point-virgule est en train de disparaître de ces relais de culture que sont les médias écrits. J’écoutais hier (à France inter, je crois) une journaliste s’alarmer de n’en trouver pas un seul dans des pages entières de ses collègues de l’écrit. Seule petite embellie : dans la première phrase de son premier éditorial, Denis Olivennes, successeur de Claude Perdriel à la tête du Nouvel Obs’ utilise, magistralement, un point-virgule. Et plusieurs dans l’ensemble du texte. Perdriel, décidément, a fait le bon choix.
Dans ce court billet, pas un seul. Ce n’est pas parce que l’on défend le point-virgule, qu’il faut en faire usage là où il n’est pas de mise. Le point-virgule unit autant qu’il sépare, son maniement relève d’une grande familiarité avec la langue car il doit venir naturellement dans la phrase, et pas dans n’importe quelle phrase. Pas question de semer des points-virgules comme le maire de Bordeaux plante des potelets sur nos trottoirs, juste pour embêter les gens.
Non, le point virgule a ses exigences, et si il n’a jamais le dernier mot, c’est qu’il ne ferme aucune porte, mais qu’il n’appelle pas non plus de suite. C’est comme un temps de réflexion, une pause, un soupir. De tous les signes de ponctuation, il est le plus contrôlé et le plus délicat.
Au plus fort de l’émotion consécutive à la fatwa prononcée à l’encontre de Salman Rushdie après la publication des « Versets sataniques », un groupe de parlementaires anglais, voulant dédramatiser, créa une association de « ceux qui avaient dépassé la page 30 du livre » ; aurai-je, sur les bancs de l’hémicycle, le même succès avec une association de défense du point-virgule ?