Qui est sur l’affiche d’Alain Juppé, sur tous ces documents électoraux, bouche entr’ouverte, toute entière portée par le mouvement d’une foule invisible comme la République de Delacroix dans le célèbre tableau du même nom ?
Qui est cette femme, porteuse d’un message politique fort sur la place de la femme dans la Cité ? La deuxième de la liste ? La première femme du Modem ? La future première adjointe, si par mégarde AJ est élu et qu’il renonce à être entouré aux premières places d’une garde d’hommes (Martin, Cazabonne, Duchène…) ?
Eh bien, non, c’est raté, cette femme, c’est Isabelle Juppé, femme d’Alain, et porteuse du message multi-séculaire de la condition féminine : être épouse (première, seconde ou davantage), quelquefois amie proche (qu’on ne compte pas sur moi pour d’autres mots), enfin de quelque manière que ce soit, marcher à trois pas du seigneur..
C’est un premier aspect de la question : le XXIème siècle commence. Le précédent a vu les batailles des femmes pour casser les clichés et les carcans ; celui-ci, sereinement, doit les voir prendre leur place dans la vie de la Cité. La ringardise du message juppéen me consterne.
S’il n’y avait qu’affiches et documents… Dans sa lette aux Bordelais, tombée hier dans ma boite aux lettres, Alain Juppé, candidat du coeur et de l’amour, en appelle à la vie émouvante qu’Isabelle et ses enfants partagent avec lui à Bordeaux. Cerise sur le gateau, il évoque à l’appui de cette belle image l’ouvrage d’Isabelle sur sa vie à Bordeaux . Outre le mélange des genres, le rappel de cet ouvrage est atterrant. François Mauriac disait « Ne jamais rien écrire d’insignifiant ». Forte du bel exemple de charité chrétienne que savait si bien donner François Mauriac, je ne dirai rien de plus de l’ouvrage d’Isabelle Juppé.
Que sont les hommes d’Etat devenus ? Alain Juppé décline l’exemple Sarkozien jusque dans sa politique de communication.
J’évoquais dans le billet précédent l’infantilisation et le mélange des genres dans les documents de campagne de Michel Duchène. Non seulement Alain Juppé et Hugues Martin y sont présents, mais Madeleine Martin qui, elle aussi, appelle à voter pour le petit Michel. Décisif.
Qu’on m’entende bien : j’ai de la sympathie pour Madeleine Martin, et aucune antipathie personnelle pour Isabelle Juppé que je n’ai eu à apprécier dans aucune action personnelle ou politique. Je parle ici de la place des femmes, du rôle qu’il leur est attribué à l’UMP et de l’image délétère que cela constitue pour toutes les femmes.
Toutes les femmes, si fortes, si dignes d’exister par elles-mêmes et d’être non pas « l’atout coeur », mais « l’atout cerveau, intelligence, énergie, constance, probité… » et si nombreuses avec nous, autour de nous, dans cette campagne municipale.