Chassez le naturel, il revient au galop.. Je voulais initialement traiter sur le ton du sourire l’apostrophe de Nicolas Sarkozy (« Casse toi, pauvre con ! ») et le bras d’honneur d’Alain Juppé au cours du dernier face à face avec Alain Rousset sur TV7. Mais la question me parait aller plus loin que l’apparence et mériter ton plus grave.
Pas besoin de revenir sur l’invective de Sarkozy ; réponse, c’est vrai, à un citoyen mal appris : nul ne doit tutoyer dans sa fonction le Président de la République. Alain Juppé n’a pas cette excuse. Ce geste élégant s’adressait aux Bordelais, quand est venu dans le débat l’éventualité qu’il pourrait être battu. « Eh bien, si je suis battu… La dessus est venu le bras d’honneur, instinctif, compulsif, sur lequel la caméra (pourtant elle sait être attentive aux erreurs, aux travers, aux petits défauts quand elle veut…) a glissé. Il a fallu qu’Elkabach reprenne le geste pour que l’on se dise qu’en effet, on ne s’était pas trompé).
C’était bien aux Bordelais que Juppé disait : « Si vous êtes trop c.. pour ne pas m’élire, après moi le déluge.. ».
Dans les deux cas, qu’est-ce que cela veut dire : que ces deux hommes politiques, tant soit peu contrariés dans l’éxercice de leur majesté, perdent leur contrôle, retournent aux réactions du cerveau primitif, infiniment révélateur il est vrai, alors qu’ils devraient être exemplaires.
Pourquoi est-ce doublement grave ? D’abord pour la raison évoquée tout de suite. Un responsable politique, le gestionnaire d’une ville, le chef d’un état doit avoir dans l’indispensable de ses qualités personnelles, le contrôle de soi. Je ne voudrais pas charger la barque, mais combien de fois, nous avons vu au Conseil Municipal, Alain Juppé monter en mayonnaise, perdre ses nerfs, sans raison autre que d’avoir été contrarié dans son affirmation de la vérité absolue.
Pour une autre raison : la perte de contrôle (« the loss of control » du très grand scientifiques Baumeister) est actuellement le mal fondamental de nos sociétés occidentales, et bien sûr en premier lieu des jeunes dans ces sociétés. Le grand pédagogue Philippe Meirieu ne dit rien d’autre en focalisant ses efforts sur la perte d’attention, la labilité des cerveaux écoliers.
Quel exemple , alors même que l’un (Sarko) venait de pondre un discours aux enseignants, alors que l’autre voulait ce même soir faire affiche de décontraction et d’apaisement.