Les jardins d’Alcatraz
Au Grand Parc, cet après-midi, en compagnie d’un journaliste national qui ne connaissait pas ce quartier
Mon dernier « coeur serré » dans ce quartier est pour l’édification de grilles autour du petit morceau de terrain, hier quasi-vague et mal entretenu qui centre toutes les allers et venue entre poste et commerces. Je l’avoue, c’est là que je souhaitais que les habitants et les collégiens du Grand Parc édifient une oeuvre d’art que l’on entourerait d’un jardinet…
Depuis 4 ans, je l’ai évoqué ici, la mairie a refusé ce projet, je l’avoue subversif, pour ne pas dire révolutionnaire.
Alain Juppé a eu, après ces quatre années, une illumination : ne pas laisser ce triangle de terre en jachère mais y montrer la force, la nature, l’esprit, autant d’ailleurs que le caractère tardif, du projet municipal !
Résultat : deux bacs à sable en hauteur, pour que les enfants ne puissent pas y jouer sans tomber, plantés chacun de deux maigres branches qui mériteront dans cinquante ans le nom d’arbre. Que les commentateurs du billet précédent se rassurent : aucun oiseau n’aura jamais idée d’y nicher.
La signature municipale est pourtant dans les grilles : hautes, empêchant que de l’intérieur comme de l’extérieur, on puisse voir autre chose qu’elles . Le Grand Parcois sans doute est dangereux. Dehors, dedans on ne sait jamais, un prédateur peut sommeiller en son esprit…
Il y a au Grand Parc trois résidences d’appartements privés . Deux ici nous intéressent, car elles se font face. L’une est entourée de grilles, pas un pouce de verdure n’y éclot, pas un oiseau ne s’y hasarde.
L’autre, est largement ouverte aux passants. Les ouvertures qui creusent le bâtiment donnent un accès libre à un délicieux et calme jardin, accueillant, amical, ouvert à tous. Le gardien-jardinier entretient ce petit jardin avec amour. Ni lui, ni ses plantes n’ont subi agressions, viols ou déteriorations. Deux conceptions du monde…
Mon journaliste, visitant ces belles grilles n’a eu qu’un mot :
-« Mais c’est Alcatraz ! »
Pas mal trouvé ! Nous connaissions « les Jardins d’Arcadie », la municipalité vient d’inventer « les jardins d’Alcatraz » !
Rapport sur l’intégration des personnes malvoyantes
Le retour du plombier polonais
Ce matin (samedi) au Grand Parc, plusieurs habitants viennent me voir et s’étonnent de la brutale venue d’ouvriers pour changer leurs fenêtre.
– Nous attendons depuis plusieurs mois, et le samedi, voilà qu’ils arrivent …
Une question les taraude : est-ce que ça n’aurait pas quelque chose à voir avec les élections ?
Quels mauvais esprits ! Plus gravement, ils s’inquiètent non seulement du jour où est menée cette activité fébrile, mais des conditions de sécurité avec lesquels ces ouvriers transportent vitres et matériel. Je cite précisément leurs propos. Tous ces ouvriers semble-t-il parlent des langues étrangères et diverses, qui leur laissent craindre qu’il s’agisse d’entreprises de sous-traitances un peu expéditives dans leur attention à la législation.
La fébrilité au Grand Parc bat en effet son plein. Evènements sportifs le vendredi, réfection des fenêtres le samedi… Dans ce quartier dont Alain Juppé a découvert l’existence à l’occasion de mon élection comme conseillère générale en 2004, cela fait sourire. Le Grand-Parcois a du bon sens.
Un des messieurs venus à ma rencontre pour relater les faits que je viens de transcrire, ajoute en me quittant
-Et hier, il est même venu à la boulle, et il m’a même touché la main..
Un détail
Le mot « détail » est désormais légèrement connoté. C’est pourtant lui qui convient ici, avec un peu de dérision comme on va voir.
J’ai reçu ces dernières semaines de nombreux représentants de la petite entreprise ou de l’artisanat. Tout récemment, les taxis dont les revendications ne sont pas sans intérêt. J’y reviendrai.
Le président de l’une de ces associations m’a fait remarquer un léger détail qui m’avait échappé. La commission Attali qui a pondu le rapport, O combien discutable, du même nom a réuni des chefs d’entreprise du CAC 40, des économistes venus des grandes capitales, des crânes d’oeuf comme s’il en pleuvait, mais… pas un seul représentant de la petite entreprise ni de l’artisanat !
Ce ne sont après tout que 800 000 entreprises pour le seul artisanat, et la plus grosse source d’emplois en France ! Mais les crânes d’oeuf dont je parlais pensent que la croissance de décrête dans des bureaux à Paris ou à New York. Les ateliers, fabriques, petites usines, labos qui vont vivre (et bientôt survivre ?) notre pays, ils n’en ont cure.