Où est le choc de croissance ?
Où est le « choc de confiance » promis par mme Lagarde, dans un discours mémorable d’inconscience, lors du vote de la loi TEPA en juillet dernier ? La défiscalisation des heures supplémentaires, les exonérations diverses d’impôt, le « bouclier fiscal ».. devaient créer ce choc de confiance qui entrainerait inéluctablement une envolée de la croissance. Quen est-il six mois après ?
L’indicateur de confiance des ménages établi par l’INSEE est tombé à son plus bas niveaux des quinze dernières années. La croissance est inférieure d’un demi point aux prévisions du gouvernement et elle ne sera pas meilleure l’année prochaine.
Le gouvernement tablait sur une croissance entre 2 et 2,7 et comptait sur le chiffre le plus haut pour financer les 15 millions de coût de la loi TEPA ; elle devrait s’établir autour de 1,8%, ce qui la situe un point au dessous de nos partenaires européens
Les autres indicateurs de conjoncture, par exemple la consommation des ménages en produits manufacturés, sont en forte chute. L’année prochaine, la croissance, que le Président de la République voulait « aller chercher avec les dents », devrait être de l’ordre de 2%. Où sont le « choc de confiance » et le « choc de croissance » promis par Mme Lagarde ? Le « cercle vertueux » qui devait tirer la France vers le haut, où est-il ?
L’explication est simple : ce qui détermine la croissance, c’est d’abord la progression du pouvoir d’achat du revenu disponible. Entre 1997 et 2002, cette progression a toujours été comprise ente 3,2 et 3,5% par an, en conséquence à la fois des créations d’emploi -400 000 par an- et de la hausse du revenu individuel. Après 2002, ces chiffres sont retombés avec des fluctuations entre 1 et 2%.
Les faits et les chiffres sont têtus. Ils sont austères mais importants à analyser. La vérité est que le gouvernement n’a pas de politique économique. La lecture des journaux étrangers montre chaque jour l’étonnement et l’incompréhension de nos partenaires européens dont les résultats démontrent au contraire qu’il n’y a pas de fatalité à la récession et à la montée de l’inquiétude. Toutes les interventions de notre groupe lors de la discussion de la décision modificative du budget ont analysé les chiffres, démonté cette absence de politique et fait des propositions.
Très peu d’écho dans les médias qui se gavent au contraire de l’interrogation de Josiane Balasko « où est l’opposition ? ». La distance entre l’écho donné au travail de fond, comme c’est le cas des débats parlementaires, et le sort fait aux « petites phrases » est immense. Une journaliste de France-bleue me faisait partager hier son interrogation et son inquiétude sur cette spirale médiatique qui va au plus facile, aux « valeurs sûres » déjà starisées, plutôt qu’aux faits et à l’analyse. Il faut à chacun de nous une sacrée dose de sens critique pour peser les informations dont nous sommes abreuvés.
On le voit, l’atmosphère de ce matin est un peu à l’inquiétude. Comme Christine Lagarde, et ce doit être notre seul point commun, je pense que notre pays a besoin d’un « choc de confiance ». Il a besoin de reprendre force, de croire en ses politiques, de croire en lui-même. Cela ne peut se faire sans une politique d’égalité et d’équité (les deux mots ne sont pas synonymes, mais les deux sont nécessaires) , et par l’exemple. L’exemple personnel donné par Nicolas Sarkozy (le culte du dieu argent), la politique de creusement des inégalités et le dogme fiscal « les pauvres ne sont pas riches mais ils sont nombreux », sont tout l’inverse.
Une fois encore, je crois à la nécessité d’un nouveau modèle de société : remise en cause de la consommation aberrante, taxant les pauvres plus que les aidant à vivre, valorisation et partage des biens culturels, lutte contre la fracture sanitaire qui est la pire des inégalités … Nous sommes à l’opposé, et c’est pour moi une interrogation sans fonds.