Modem ou nouveau centre ?
On peut se poser la question à Bordeaux : où est donc la feuille de papier à cigarettes qui sépare le « modem » du « nouveau centre » ? Plus exactement, l’appareil politique du modem.
Pour ceux qui auraient manqué quelques épisodes de l’histoire, la vie et les moeurs du « centre » après les élections présidentielles, le « nouveau centre », dont le leader et la figure charismatique est François Sauvadet (…), est un nouveau parti, constitué par les élus de l’UDF qui ont rallié l’UMP au moment des législatives pour avoir des chances d’être élus.
Quinze ont survécu et son présents avec nous à l’Assemblée. L’UMP a bien cherché, par un tour de passe passe, a les faire bénéficier d’un financement national, mais la ficelle était tellement grosse que l’affaire a été prudemment enterrée en attendant des auspices plus favorables..
Je m’égare un peu, je l’avoue. Le nouveau centre à l’Assemblée émet quelquefois de timides critiques sur la politique de Nicolas Sarkozy mais vote toujours comme un seul homme même les lois les plus iniques. Charles Amédée de Courson, député fort estimable dans ses analyses, a ainsi montré que le bouclier fiscal n’était pas, pour les plus riches, à 50% mais à 30… Il n’en a pas moins voté avec son groupe pour le remboursement, à ce titre, d’un supposé trop payé, aux plus gros patrimoines du pays.
Je continue de m’égarer, je voulais seulement situer le nouveau centre et le mettre « en situation », comme disaient les philosophes dans les années 50.
Retour aux événements locaux. L’appareil du modem bordelais a manifesté en salves ces derniers jours son ralliement à Alain Juppé. Démarche précipitée dont on peut s’interroger si la base des militants (le mot « base » est peut être généraux par ce qu’il suppose de largeur) la partage. Véronique Fayet a eu un mot malheureux, évoquant la tentative de « débauchage » qu’aurait eu à son endroit Alain Rousset. A ma connaissance, ne peut être débauché que quelqu’un qui a été préalablement « embauché ». C’est en effet sans doute le cas..
Ralliement « de conviction » qui ressemble fort à un accord d’appareil, et presque à une marchandage de places. « Nous voulons 15 places en positions éligible… « . L’opposé de la démarche de Rousset : travaillons ensemble, voyons ce que nous pouvons faire, et ensuite nous verrons qui peut incarner ces actions ». Aucune négociation de place. Un projet que l’on construit.
Pourquoi ? Parce qu’à Bordeaux comme à Pau, l’enjeu municipal est d’importance pour deux des protagonistes principaux. A Pau, Bayrou a besoin de la mairie pour faire contrepoids au délitement du modem. A Bordeaux, Alain Juppé « fait de nécessité vertu » et joue gros sur son mandat unique. « Bordeaux et Pau valent bien une messe », dirait le bon roi Henri dont Bayrou est le biographe et dont il a retenu les enseignements.
Les adhérents, les proches du modem, se sentiront-ils à l’aise dans cette démarche de stratégie politique qui va à l’encontre de l’esprit de liberté exprimé par Bayrou pendant la campagne présidentielle ?