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Une visite surprise

Sud Ouest, le 20 novembre 2007

IMMIGRATION. Michèle Delaunay s’est rendue, hier, au centre de rétention avec une délégation.

La députée (PS) Michèle Delaunay, la conseillère régionale (PS) Naïma Charaï, la présidente nationale du syndicat de la magistrature Emmanuelle Perreux, les avocats Me Boulanger et Me Landète conduisaient, hier matin, une petite délégation à l’hôtel de police de Bordeaux.
Objectif : une visite surprise au centre de rétention des étrangers en situation irrégulière afin de constater si leurs conditions de vie sont satisfaisantes et leurs droits élémentaires respectés.

(suite…)

Les parapluies de l’humour

Premier round de la journée ce matin avec l’inauguration du prolongement au Grand Parc de la ligne C du tramway. Concours de parapluies sous une pluie dégoulinante et froide de novembre. Un vrai plus pour la rive nord-est du Grand Parc (la rue Emile Counord et les bâtiments riverains) qui ne comble pas complétement les besoins de ce grand quartier, d’où notre souhait de voir maintenue la ligne 15 du bus, et ma proposition de la proroger de 6 mois dans ses horaires.

Dans un grand concours de public, Vincent Feltesse et Alain Juppé ont pris la parole entre deux rames. La cérémonie a été marquée par la pluie (désormais quasi de mise pour les inaugurations de tram du jeune Président de la CUB), une cohue sympathique mais aussi, comme toujours dans les manifestations publiques, par de jolies scènes de préséances. Le sommet d’humour involontairement atteint mérite le récit.

Arrivée d’Alain Juppé, puis de Vincent Feltesse. Comme il est de règle, les officiels se rassemblent, en grande partie pour figurer dans le champ des caméras et des objectifs des photographes. Préside normalement à cela, le protocole qui veut que tout ce beau monde (dont je fais partie) observe certaines règles de préséances, parmi lesquelles le rang des député(e)s. Nous étions deux ce matin dans ce même rang protocolaire qui devrait se manifester de manière bon enfant.

Nous nous trouvons ainsi, Chantal Bourragué et moi même, entourant le Maire. Première réflexion de Chantal, qui voulait m’évincer « nous (AJ et elle) sommes de la même majorité ! ». Je lui réponds, plutôt amène, que tout simplement cela n’entre pas en ligne de compte. Les députés en effet représentent les habitants de leur circonscription, sans distinction de parti ou de tendance. Leur seule prérogative vient d’avoir été élus.

Réponse de Chantal : « Mais moi, je l’entoure par amitié ! ». La réponse ne méritait pas de réponse, je demeure stoïque à mon avant-poste !

Juppé s’en mêle et m’apostrophe, un gros pli au travers du front : « Mais, Madame, c’est du scotch ! »

Je pense qu’il voulait dire que je me scotchais à lui, ce qui n’est pas à vrai dire exactement mon ambition. Je lui réponds au plus simple : « Pas du scotch, Monsieur le Maire, du protocole ! »

Le protocole UMP n’a pas encore intégré que la fonction de Maire et celle de député puissent être séparées. Dur apprentissage en effet, qu’Alain Juppé ne fait visiblement pas en zénitude.

– « Viens à côté de moi, Hugues, que je sois bien entouré ! »

Et Hugues (Martin), toujours obédient, est venu protéger Alain J de proximités irritantes !

Je raconte cette histoire, dont chaque mot a été respecté, pour montrer à quel point la politique rend bête. Il est normal que le député soit à côté du maire, l’ennui est que le Maire depuis 60 ans était aussi le député, ça déforme la conception de la République.

Je voudrais dire un mot du protocole : il a un sens profond qui est celui du fonctionnement de la République, rien d’autre. Le Préfet représente l’Etat, le Maire la ville, le député la « représentation nationale »…. Il va me falloir de gros efforts pour montrer qu’à Bordeaux , il ne doit rien avoir à faire avec l’amitié politique, la carrure d’Hugues ou l’irritabillité du Maire.

Energie solaire : la lumière venue d’Afrique

Dans un précédent billet, en date du 2 novembre (« La revanche de l’Afrique »), j’exprimais ma conviction que l’avenir de ce continent dépendait en grande partie de son accès à l’énergie solaire. La matière première est disponible à profusion, manquent les équipements en panneaux solaires et leur maintenance.

Un groupe d’ingénieurs allemands a la même intuition, avec une grande qualité en plus, ils l’ont transformée en un projet techniquement viable. Ils en ont convaincu un nombre suffisant de députés européens pour que se tienne à Bruxelles le 28 novembre un colloque sur le sujet.

Leur projet est de transformer le Sahara, disons une faible partie de ce territoire immense brûlé de soleil, en générateur d’électricité. « Le Monde » donne l’information aujourd’hui sous ce titre et commente « L’avenir de l’énergie dans les pays du Sud n’est pas l’atome mais le soleil ».

« Les déserts chauds couvrent environ 36 millions de km2 sur les 149 millions de km2 de terres émergées de la planète, explique le physicien Gerhard Knies, inspirateur du projet TREC (Trans-Mediterranean Revewable Energy Cooperation). L’énergie solaire frappant chaque année 1 km2 de désert est en moyenne de 2,2 térawattheures (TWh), soit 80 millions de TWh par an. Cela représente une quantité d’énergie si considérable que 1 % de la surface des déserts suffirait pour produire l’électricité nécessaire à l’ensemble de l’humanité. »

Le projet des ingénieurs allemands est d’abord d’irriguer en énergie solaire l’Afrique du nord puis de rendre le projet trans-méditerranéen et de perfuser l’Europe en électricité.

Pourquoi pas ? J’ai pensé pour ma part d’abord à l’Afrique elle-même. Pour quelques pays disposant de pétrole, combien en sont dépourvus et payent actuellement l’énergie à prix d’or ce qui les empèchent de puiser l’eau et d’irriguer selon leurs besoins, de climatiser là où c’est indispensable, de faire tourner les machines…Sans énergie abordable, l’Afrique ne prendra pas le tournant du développement autonome.

La nouvelle du projet allemand, tombée ce matin sur l’écran de mon ordi, via le Monde électronique a ensoleillé ma journée. Voilà une véritable information.

Amendements and Co

Je disais hier soir (dans la nuit, en réalité) en commentaire du billet précédent que je n’étais pas moins fière en sortant de l’hémicycle que Bonaparte au pont d’Arcole. J’y avais remporté deux petites batailles, mais à l’aune des amendements de la gauche acceptés par la majorité UMP (rarissime), ces petites victoires comptent double.

La première est le vote à l’unanimité de l’amendement « Rousset-Delaunay » que, localement, nous appelons volontiers « amendement Utopia« , car il va donner une belle bouffée d’oxygène à cet établissement culturel qui nous est cher. Il porte en effet le seuil d’exonération de la taxe professionnelle à 7500 entrées hebdomadaires pour les salles « art et essai », ce qui inclut utopia dans le dispositif.

Depuis ce matin, une interrogation se fait jour sur un point secondaire : le texte enregistré portait il aussi la mention « recherche » ? Cela ne change rien pour l’Utopia. Il y a eu hier à l’Assemblée un bug d’ordinateur : plusieurs amendements ont manqué à nos travaux, le nôtre au contraire a été présenté en trois versions. Cela n’est pas arrivé au cours de cette législature, c’est tombé sur nous hier. J’en fais mention ici par volonté de précision mais cela ne change pas le bénéfice obtenu.

Mon deuxième micro-Austerlitz a été le vote par notre groupe d’un amendement d’un député UMP (Garrigue) en direction des petites entreprises innovantes de moins de cinq ans d’âge. L’amendement stipulait que ces petites entreprises puissent bénéficier d’un crédit impôt recherche de 50% la première année, 40% la deuxième, 30% la 3ème jusqu’à la cinquième.

Cet amendement était vital pour de petites et jeunes entreprises en pleine expansion, sur lesquelles nous comptons beaucoup en particulier dans notre région, destinée à devenir la « biological valley » de la France. Ce beau terme est celui de la vallée de San Diego en Californie.

Je suis intervenue (après accord avec nos députés présents) pour dire que nous soutiendrions ce texte qui allait dans le sens de notre vision du soutien aux entreprises innovantes et à la recherche, et que nous disposions à le voter.

Le ministre Eric Woerth qui venait de déclarer qu’il ne « gagerait » pas cet amendement responsable d’un surcoût, a repris la parole pour dire qu’il s’en remettrait à la sagesse de l’Assemblée.

Nous avons voté à l’unanimité. Le Président a demandé s’il « gageait », et le ministre a confirmé que, devant ce vote unanime, il confirmait le « gage ». Je crois que nous pouvons dire que l’amendement a été sauvé par notre vote et par mon intervention.

Qu’est ce que « gager » ? L’assemblée n’a pas le droit de proposer, ni de voter, un texte qui augment la dépense publique. Tout amendement doit être compris dans le budget, ou compensé par une économie faite ailleurs. Quand le ministre « gage », il s’engage à compenser, et l’amendement peut passer.

Une longue soirée après une longue journée (assez rébarbative : les derniers articles de la loi de finances, sur fond de « bug »), mais où j’ai eu l’impression de n’être pas inutile.

Amendement cinémas art et essai (ou « amendement Utopia »)

L’amendement que je vais déposer tout à l’heure dans l’hémicycle, au nom d’Alain Rousset et au mien, s’inscrit dans le cadre de la politique de soutien de la production cinématographique et du réseau de salles indépendantes. On se doute que les Bordelais que nous sommes ont un peu en ligne de mire l’Utopia qui connait aujourd’hui des difficultés financières.

Cet amendement mérite quelques précisions. La loi dite « Loi Sueur » permet de faire bénéficier les salles « Art et essai », tout comme d’autres lieux culturels, d’une mesure d’exonération de la taxe professionnelle ; cet impôt est loin d’être négligeable puisqu’il représente par exemple pour l’Utopia à Bordeaux, une somme annuelle d’environ 100 000 euros.

A ce jour, ne sont concernées que les salles réalisant moins de 5000 entrées hebdomadaires, ce qui exclut un certain nombre de salles et d’exploitants qui font un travail de grande qualité et franchissent le seuil de 5000 entrées (ce qui est le cas pour l’Utopia).

Notre amendement vise donc à faire bénéficier de cette éxonération
 » -les établissements de spectacles cinématographiques qui (…) réalisent en moyenne hebdomadaire moins de 5000 entrées et bénéficient d’un classement « art et essai » au titre de l’année de référence.

– les établissements de spectacles cinématographiques qui (…) réalisent en moyenne hebdomadaire entre 5000 et 75000 entrées et bénéficient d’un classement « art et essai » et du label recherche au titre de l’année de référence »  »

La proposition de relever le seuil à 7500 entrées permet à des établissements tels que l’Utopia de ne plus tomber sous le coup d’un seuil trop arbitraire tout en restant conforme à l’esprit global du législateur qui a fixé à 10 000 entrées hebdomadaires le seuil en deça duquel un exploitant de cinéma peut recevoir des subventions publiques.

Pour ne pas cependant ouvrir les portes aux multiplexes qui possèdent la mention « art et essai », nous demandons que les salles qui font entre 5000 et 7500 entrées disposent également du label recherche, classification plus éxigeante quant aux films projetés et qu’aucun multiplexe ne possède à ce jour.

La portée budgétaire de l’amendement est restreinte puisque la mesure ne concerne qu’une dizaine de salles ; il permet de ne plus sanctionner les salles art et essai, classées « recherche » qui font un travail militant tout en pratiquant des prix accessibles.

Le travail législatif est pointilleux et il doit être juridiquement et financièrement bordé. Cet amendement en donne une illustration.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel