Premier round de la journée ce matin avec l’inauguration du prolongement au Grand Parc de la ligne C du tramway. Concours de parapluies sous une pluie dégoulinante et froide de novembre. Un vrai plus pour la rive nord-est du Grand Parc (la rue Emile Counord et les bâtiments riverains) qui ne comble pas complétement les besoins de ce grand quartier, d’où notre souhait de voir maintenue la ligne 15 du bus, et ma proposition de la proroger de 6 mois dans ses horaires.
Dans un grand concours de public, Vincent Feltesse et Alain Juppé ont pris la parole entre deux rames. La cérémonie a été marquée par la pluie (désormais quasi de mise pour les inaugurations de tram du jeune Président de la CUB), une cohue sympathique mais aussi, comme toujours dans les manifestations publiques, par de jolies scènes de préséances. Le sommet d’humour involontairement atteint mérite le récit.
Arrivée d’Alain Juppé, puis de Vincent Feltesse. Comme il est de règle, les officiels se rassemblent, en grande partie pour figurer dans le champ des caméras et des objectifs des photographes. Préside normalement à cela, le protocole qui veut que tout ce beau monde (dont je fais partie) observe certaines règles de préséances, parmi lesquelles le rang des député(e)s. Nous étions deux ce matin dans ce même rang protocolaire qui devrait se manifester de manière bon enfant.
Nous nous trouvons ainsi, Chantal Bourragué et moi même, entourant le Maire. Première réflexion de Chantal, qui voulait m’évincer « nous (AJ et elle) sommes de la même majorité ! ». Je lui réponds, plutôt amène, que tout simplement cela n’entre pas en ligne de compte. Les députés en effet représentent les habitants de leur circonscription, sans distinction de parti ou de tendance. Leur seule prérogative vient d’avoir été élus.
Réponse de Chantal : « Mais moi, je l’entoure par amitié ! ». La réponse ne méritait pas de réponse, je demeure stoïque à mon avant-poste !
Juppé s’en mêle et m’apostrophe, un gros pli au travers du front : « Mais, Madame, c’est du scotch ! »
Je pense qu’il voulait dire que je me scotchais à lui, ce qui n’est pas à vrai dire exactement mon ambition. Je lui réponds au plus simple : « Pas du scotch, Monsieur le Maire, du protocole ! »
Le protocole UMP n’a pas encore intégré que la fonction de Maire et celle de député puissent être séparées. Dur apprentissage en effet, qu’Alain Juppé ne fait visiblement pas en zénitude.
– « Viens à côté de moi, Hugues, que je sois bien entouré ! »
Et Hugues (Martin), toujours obédient, est venu protéger Alain J de proximités irritantes !
Je raconte cette histoire, dont chaque mot a été respecté, pour montrer à quel point la politique rend bête. Il est normal que le député soit à côté du maire, l’ennui est que le Maire depuis 60 ans était aussi le député, ça déforme la conception de la République.
Je voudrais dire un mot du protocole : il a un sens profond qui est celui du fonctionnement de la République, rien d’autre. Le Préfet représente l’Etat, le Maire la ville, le député la « représentation nationale »…. Il va me falloir de gros efforts pour montrer qu’à Bordeaux , il ne doit rien avoir à faire avec l’amitié politique, la carrure d’Hugues ou l’irritabillité du Maire.