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La Princesse aux petits pois

Pardon d’avoir un tout petit peu disparu..

Disparu est bien le mot : d’abord sous trois couches de couettes et trois de couverture (le nombre est précisément exact) pour cause d’éffervescence tropicale. C’était une sorte de version renouvelée de « La Princesse aux petits pois ». Sauf que les petits pois étaient des parasites ouagadangais et qu’ils n’étaient pas dessous, mais dedans.

Quant à la Princesse, princesse ou pas, elle a survécu à de plus gros et de plus méchants ..

Un nouvel ami dans la maison

J’adore cette phrase de Claude Roy : « un livre c’est un nouvel ami qui entre dans la maison ». A vrai dire, j’aime beaucoup Claude Roy lui-même. Il est de ces écrivains qui donnent l’impression de les connaître depuis longtemps et d’être bien souvent en accord avec eux, autant pour de petites remarques que pour leur attitude générale devant la vie. Ce sont des « écrivains familiers ». Claude Roy était aussi un homme généreux, attachant et séduisant, ce qui ne gâte rien à la relation familière dont je parlais.

Hier dans ma permanence de la rue Saint Laurent, c’est un ami un peu particulier qui est entré : le livre composé à partir de la première année de mon blog. J’ai toujours envie de dire, par timidité sans doute, le « petit » livre, mais cela fâche beaucoup mes deux autres nouveaux amis, Jean-Luc Veissy et Dominique-Emmanuel Blanchard, mes éditeurs du « bord de l’eau », qui se sont portés en charge de la transformation d’un objet éphémère en un objet véritable, le livre.

« Il a de la main », m’a dit Jean-Luc en me donnant le premier volume. Je ne connaissais pas l’expression mais elle n’est pas sans justesse pour ce geste tout simple de prendre en mains un livre et d’y trouver une sorte d’avant-plaisir. Cela tient au poids, à la qualité du papier, au grain de la couverture, toutes choses qui ne sont pas in-importantes pour accueillir ces écrivains familiers dont je parlais.

J’ai râlé un peu sur la marge du texte, très réduite et qui donne l’impression d’aller chercher chaque début de ligne dans la pliure du texte. « Sans cela il aurait été trop gros et on ne l’aurait pas eu si bien en mains » a grogné Jean-Luc. J’ai rétrogradé prudemment : l’argument « d’avoir de la main » est irréfutable pour un livre !

Il y a bien longtemps que je n’avais pas accueilli cette sorte particulière de nouvel ami qui est un livre qu’on a écrit, et le dernier était un livre de médecine consacré à ma tumeur favorite, le mélanome. Pas un livre qu’on s’arrache sur les plages. On devrait pourtant car on y trouverait argument pour ne pas bronzer des heures idiot, ni mettre les enfants à cuire sur la plage comme de vulgaires bébés homards. Mais c’est une autre histoire, et presque une autre vie.

J’ai raconté ici pourquoi je publiais si peu. A un moment, cet effort (car c’en est un) de mener un manuscrit à la publication, ma paru inutile et vain. Le nombre de livres dans ma maison est accablant (bien que j’ai récemment assez bien réussi à transformer une bonne partie d’entre eux en un gigantesque autodafé). La masse de ce qui se publie chaque mois est également accablante et tant de livres ne sont pas ces amis dont je parlais, mais d’insignifiants récits dont on ne comprend ni la nécessité intérieure, ni la capacité à toucher et à atteindre cette familiarité qui signe la vraie écriture.

Alors pourquoi le blog/livre ? Sans doute pour retenir le sable d’une année que j’ai partagé avec beaucoup et dont le résultat le plus tangible (l’élection législative) est susceptible en elle-même et par ses prolongements de changer la donne à Bordeaux. Pour dire aussi cette familiarité que j’ai trouvé, que je trouve chaque jour, à écrire dans le blog (en ce moment même), et à essayer de la faire sentir et partager.

Récréation

A ma table de travail, sage comme une image dans le silence de la maison, je fais une petite excursion-récréation vers le blog.

J’aime beaucoup ces moments tranquilles où je sais que je n’ai pas à repartir le soir pour une quelconque réunion. Le temps m’appartient un petit moment, le monde parait ralentir, se poser, souffler lui aussi.

Je viens d’envoyer des mails à plusieurs amis, partenaires soit du petit livre qui va paraître, soit de la campagne municipale qui se met en place : tous étaient aussi à leur table de travail, les mains sur le clavier de l’ordi, et ils ont aussitôt répondu. C’est aussi une manière de faire clin d’oeil à ces travailleurs du dimanche et du silence, que j’écris ces trois lignes.

De l’autre côté de la grande vitre, le rouge gorge regarde sans façon ce drôle de grand oiseau trop bête pour avoir des ailes.

Le bal des oiseaux

Bonheur du dimanche matin, pour une fois sans « terrain » , ni manifestation. Un peu de remise en état et un peu de simple vague dans mon jardin, largement fréquenté par les oiseaux. Quatre espèces s’invitent de préférence dans la salle à manger en forme de mini-chalet suisse mise à leur disposition : la cytelle torchepot au long bec, la mésange charbonnière, le rouge gorge et de petites bergeronnettes brunes tachetées, couleur de feuilles mortes et qui se confondent avec elles quand elles marchent sur le sol.

Tout ce monde fait un bal continu et régulier entre les arbres et les abords de la maison. Au point que j’ose à peine ouvrir les volets pour ne pas déranger leur monde.

C’est une sorte d’ascèse d’aimer les oiseaux : ils savent certainement à peine que l’on existe, et s’ils le savent c’est davantage pour s’éloigner que pour s’approcher. Ils vivent pour vivre, rien d’autre, et nous faire oublier que le ciel est muet.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel