Question d’actualité au gouvernement : que faites-vous contre les déserts médicaux ?
Première question d’actualité pour moi à l’Assemblée hier. C’est une épreuve : brouhaha, Président qui presse de finir bien avant que l’on ait épuisé son temps, et ceci d’autant plus que je passais en avant dernière position , quand d’autres (en général les ministres) ont répondu au delà des deux minutes et demi généreusement allouées à chacun.
Comme nous devons écrire ces questions, j’en donne ici le texte. La question faisait suite à la déclaration de Nicolas Sarkozy au internes lors de sa visite au CHU (voir billets précédents).
Des Arsène Lupin libertaires
« Un salon capable de combler un dictateur Birman ». C’est ainsi que le Canard Enchainé désigne ce matin un salon, « Unipol », où tous les meilleurs gadgets sécuritaires sont exposés. Débauche de caméras de surveillance, d’alarmes, d’armes variées…
Dans ce monde de rêve, il y a heureusement encore des Arsène Lupin qui allient l’humour et le talent. Ils viennent d’y dérober un revolver, quelques systèmes de sécurité et un ordinateur plein de données « sensibles ».
Je conseille aux visiteurs de demander des rabais substantiels sur tout ce qui est exposé.
Scoop de dernière heure à l’intention des internes en médecine
Je sors de la commission des affaires sociales où nous avons réussi à obtenir le vote d’un amendement de suppression de l’article 32 Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS)
Ce matin, lors de sa rencontre avec les internes de Bordeaux, NS a annoncé le gel des mesures de conventionnement sélectif selon le territoire d’installation des médecins. Ceci pour que les générations en cours de formation ne soient pas concernées par ces mesures.
Dès lors, il n’y avait plus lieu de maintenir l’article. Je l’exprimais cet après midi dans un communiqué à la presse dont je ne sais s’il sera repris.
J’ai rapporté ce soir l’annonce du matin en commission et obtenu, grâce au vote de quelques députés de droite, que la commission se manifeste pour la suppression de l’article puisqu’il est désormais vidé de son objet pour les années à venir.
Un véritable scoop, dont ne sont pas encore tout à fait revenus l’ensemble des députés de droite présents.
Nicolas Sarkozy : la « révolution managériale » de l’hôpital
Nicolas Sarkozy était aujourd’hui en visite au CHU de Bordeaux, sur le site de Pellegrin. Députée de la circonscription, j’ai donc eu l’honneur de l’y accueillir et de l’accompagner tout au long de sa visite.
Toujours formelle et de bon genre, je l’ai accueillie par ces mots « je suis heureuse de vous accueillir sur un site hospitalier, à la fois en qualité de députée et de médecin hospitalo universitaire ».
Sa réponse m’a laissée stupéfaite : – l’hôpital est malade, je viens pour le soigner !
Il arrivait dans un hôpital qui est un des fleurons de la médecine française, qui marche bien, la remarque était quelque peu surprenante. La tenue de son discours de fin de visite nous a éclairé sur la nature des soins qu’il entend prodiguer.
Ce n’est en effet pas une réforme qu’entend mener Nicolas Sarkozy, mais une « révolution managériale ». Chacun des mots qu’il a utilisé, chaque axe des actions qu’il entend mener, appartiennent au domaine de l’entreprise et j’en donne ici les grandes lignes :
– autogestion, comme pour les Universités et budget alloué en fonction de l’activité
– le directeur de l’hôpital devient un véritable « patron », n’ayant plus de comptes à rendre en particulier à ce qui constitue actuellement « la commission médicale d’établissement », c’est à dire les représentants des médecins.
– intéressement du personnel à tous les niveaux (des médecins aux ouvriers des services techniques)
– introduction de la logique « travailler plus pour gagner plus » et gestion des heures supplémentaires selon les principes de la loi qui vient d’être votée (au sein du paquet fiscal)
– assouplissement de la part d’activité privée au sein du public et contrats de gré à gré avec les médecins
– compte épargne temps (qui mesure le temps de dépassement en heures des médecins relativement aux 35 heures que les hôpitaux sont tous incapables de financer) en points pour la retraite complémentaire
A cette dernière disposition près, qui relève de la maigreur budgétaire, toutes les autres propositions sont de pure logique managériale. Nous ne sommes plus dans un hôpital mais dans une entreprise du Cac40, ce qui va bousculer grandement l’esprit même de nos hôpitaux.
Le discours de Nicolas Sarkozy pose la question hospitalière en sens inverse qu’elle devrait. Les études des médecins et des soignants relèvent d’un financement public, la totalité des actes et des soins médicaux est financée par l’assurance sociale. A ce double titre, il n’y a pas de médecine « privée » ou « libérale », toute la médecine est en réalité publique. Chaque secteur doit donc assurer sa part de missions de service public et c’est à la médecine libérale de prendre sa part en terme d’accès, de qualité et de permancence des soins.
Au contraire, dans la présentation qui a été faite à Bordeaux ce matin, c’est tout l’hôpital public qui est soumis à une logique libérale dans une logique de rentabilité, d’intéressement, et non de qualité des pratiques et de valorisation des métiers.