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Tramway : beaucoup de suite dans peu d’idées

Je viens de parcourir la presse des jours où je faisais l’Africaine. Dans le tire-bouchon de samedi, une allusion au blog et à un commentateur qui me reproche mon silence sur le mouvement qui se crée rue Fondaudège en faveur du tramway.

Je ne suis pas réintervenue dans le débat tout simplement parce que ma position n’a pas changé.

– Je suis favorable au tramway en particulier parce qu’il relie la périphérie au centre de la ville, plus rapidement et à un moindre coût écologique que tous les autres modes de transport.
– je constate l’effet délétère du tramway sur le commerce et la vie de quartier dans les rues où il passe.
– je suis peu favorable (le mot est faible) à une société où les humains se transporteraient de leur écran de télévision à Carrefour ou Auchan, je soutiens tout ce qui fait la vie des quartiers et bien sûr en premier lieu le commerce de proximité
– pour toutes ces raisons, je pense que dans une ville, tout doit être fait, étudié, analysé, imaginé pour éviter que le tramway passe dans les rues les plus commerçantes, qui constituent des centres de vie et de socialisation.
– j’ai exprimé et je continuerai d’exprimer que cette recherche de solutions alternatives au passage rue Fondaudège doit être poussée au maximum avant qu’une solution ne soit définitivement retenue.

Puisse ma réponse trouver le même écho que mon supposé silence dans le tire-bouchon de la semaine prochaine !

Le pays des hommes intègres

C’est Thomas Sankhara qui a choisi ce nom plein de promesses pour ce qui fut la « Haute Volta » ou, quelquefois, « le pays des trois voltas ». Les promesses sont d’ailleurs mieux tenues ici que presque partout en Afrique : la corruption n’est pas inexistante mais elle ne compromet pas la vie de tous les jours des Burkinabè. Les papiers administratifs sont donnés au tarif indiqué, les soins sont éffectués sans bakchich et les médicaments distribués.

Sankhara, que l’on se plait maintenant à célébrer comme le « Che » Africain (voir la dernière édition du « Monde diplomatique »), a été assassiné après quelques années de pouvoir et c’est toujours un de ses compagnons d’arme, Blaise Compaoré, qui dirige le pays, avec plus de solidité qu’ailleurs.

La stabilité politique fait que ce pays, pauvre entre les pauvres, sans matières premières, sans accès à la côte, progresse. J’y étais allée il y a 20 ans, dans une petite mission humanitaire : le progrès est visible, alors même que des pays voisins comme le Niger, vont en sens inverse.

L’ « indice de développement humain », plus approprié que le PIB, monte doucement. La pauvreté est visible partout, mais la misère ne règne pas. Les routes sont goudronnées et entretenues, les constructions s’élèvent le long des grandes voies rectilignes qui percent la ville, l’activité est présente à chaque coin de rue. C’est un très beau spectacle le matin de voir hommes et femmes, fièrement montés sur de petites motos ou des vélo-moteurs pétaradants, partir au travail dans la lumière tangeante du soleil. Les femmes sont particulièrement fières, chevauchant très droites leurs coursiers à moteur, en robes de couleurs, cheveux natés remontés en chignons. Pas une femme n’est voilée, la religion est paisible : 50% musulmane, 50% catholique, chaque communauté vivant en bonne intelligence avec l’autre.

Quel effort que ce progrès ! Octobre n’est pas un mois très chaud : il fait dans la journée de 35 à 37°, quatre à cinq de moins le soir. Pour l’Européen homéotherme, avouons que tout déplacement et même une petite marche dans la rue trouvent vite leurs limites. Et que l’on rejoint avec plaisir les salles de conférence climatisées.

Un nombre infime de Burkinabe (quelques fonctionnaires, les employés de banques) bénéficient de la climatisation, très vorace en énergie et en coût. Les journées de travail se déroulent dans une chaleur que nous ne supporterions pas trois jours. Les nuits n’apportent aucun véritable répit.

Le progrès du Burkina est une véritable leçon. L’enjeu est maintenant, me semble-t-il de rendre possible que ce pays et ses voisins prennent à temps le tournant de l’énergie solaire. C’est un sujet que je n’attendais pas et qui va m’occuper beaucoup. C’est d’une telle évidence et rien pratiquement n’existe en ce sens.

HO-NO-RABLE

(écrit le 11 octobre)

Avis à tous mes petits camarades et amis qui sont pour l’instant bien au frais auprès de la riante Garonne : en rentrant, je ne veux plus être appelée qu’ « honorable ».

C’est ainsi, en effet que, soit très formellement, soit de manière bonenfant, on appelle les députés à Ouaga et semble-t-il dans une bonne partie de l’Afrique. Un cran au dessus, ceux qui ont décroché un maroquin de ministre, deviennent aussitôt des « Excellences », comme qui dirait des pimpins très supérieurs, relativement au pimpins supérieurs qui barbotent dans le législatifs.

Pimpins de tous grades et qualités sont pour l’heure autour de la table, occupés de discuter d’un sujet qui continue de bousculer la société, l’économie, les perspectives de développement et aggrave encore la situation des femmes : le SIDA. La liberté de ton, l’absence de tabous des discussions est pour moi une surprise très heureuse. Je craiginais que la religion, les mœurs, les fiertés des petits Etats n’amènent à masquer la vérité où à la tourner de manière si diplomatique que personne ne puisse la débusquer.

Mais non, l’engagement est inconstestable, l’inquiétude partagée par tous quand les lois promulguées se heurtent à la pesanteur supérieure qu’est la pauvreté ou l’ignorance.

Je les rejoins autour de la table avec ma très faible capacité d’aider.

Roissy

De retour de Ouagadougou, mon premier soucis est d’ouvrir mon ordi et d’aller enfin pondre trois lignes dans le blog. Pendant ces quelques jours, il m’a été impossible de me connecter où que ce soit. Même à l’Assemblée nationale, le système wifi était en « panne générale ».

Pas de chance. Ce qu’on peut raconter est toujours plus beau, ou plus laid, en tout cas plus marquant. Le blog, les mails m’ont manqué. J’ai échappé à toutes les addictions, pas à celle là !

J’attends à Roissy l’avion de Bordeaux. Autour de moi, des tas de messieurs sérieux tous cachés derrière « L’ Equipe » grande ouverte qui titre « Le non de la rose ». Eh bien oui, on a perdu…

PLFSS

Non ce n’est pas un sigle d’agent secret, genre OSS 117 ; mais c’est quand même un truc dans ce genre : un sigle abscon fait pour égarer le citoyen moyen, comme le député débutant.

Cet épais document, dont nous débattrons à l’assemblée autour du 20 octobre, est le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale. Les réunions, en attendant le passage au Parlement, vont bon train : il n’y aura jamais assez d’experts, de syndicalistes, de présidents de la Cour des Comptes comme du haut Conseil de l’Assurance Maladie, pour comprendre, expliquer, déméler, les rouages impénétrables et les déficits insondables de nos systèmes d’assurance sociale.

Treize millions de déficit au total, dont 6 pour la seule assurance maladie. Quoi faire ? Tout le monde le sait, rien n’est possible sans une remise à plat, une révision complète de la politique de santé et des retraites. On tourne le plus souvent autour du pot, en attendant que passent les prochaines échéances électorales.

Parmi nos experts de l’après-midi, Claude Evin, président de la Fédération hospitalière de France qui nous a fait partager sa foi en l’hôpital public (en ce qui me concerne, il n’a pas eu trop de mal). Claude Evin qui n’était ni médecin, ni homme politique de carrière, a été un des meilleurs ministres de la santé des 20 dernières années. Son nom est attaché à une des lois les plus utiles, aussi marquante dans les esprits et dans les faits que la loi Weil.

Je reparlerai du projet de loi. Je voulais donner seulement ce soir un avant-goût de la tension qui règne à l’Assemblée : PLFSS et PLF (Projet de Loi de Finances) sont sur nos tables. Un peu de la crédibilité de la France se joue là et nous savons (la gauche) que notre marge de manoeuvre est très réduite.

Je me rends compte aussi que j’ai tant à apprendre. Entre être médecin hospitalier et comprendre le financement de la Sécurité Sociale, il y a un pas de géant. Au moins, je connais et je comprends la gravité fondamentale du problème.

Je pars demain en mission parlementaire au Burkina Faso pour parler du SIDA et partager l’expérience des médecins et des élus africains. Je suis la seule « parlementaire du nord », comme ils disent. J’espère que je pourrai être de quelque utilité.

Mes billets peut-être vont se raréfier un moment : je ne sais pas quelle sera ma disponibilité, ni mon accès à internet. On verra…

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel