Une députée agricole
La deuxième circonscription de la Gironde n’est certainement pas une circonscription très agricole et je crains bien de ne compter parmi mes électeurs aucun exploitant. Sans doute même est-ce la moins agricole de la Gironde. La première circonscription est rachetée sur ce plan par Bruges, la troisième par Gradignan et au delà.
Par contre, sa députée est résolument agricole, Est-ce à dire que les électeurs bordelais ont fait le mauvais choix ? Espérons que non : les valeurs paysannes servent à tout usage et j’y suis personnellement très attachée.
Je sors d’une rencontre avec les représentants de la section des anciens Exploitants de la Gironde, conduite par leur président Pierre Hourbeigt. Sujet : les petits, vraiment très petites, retraites du monde agricole.
Une enquête a été menée auprès des retraités agricoles girondins pour évaluer précisément leurs revenus et leurs charges.
– 60% touchent moins de 75% du SMIC (724,36 euros)
– 17,6% sont au dessous du minimum vieillesse (621 euros)
– 60% des conjoints d’exploitants ont un revenu inférieur au minimum vieillesse (493 euros par mois)
– le revenu mensuel moyen des couples est de 1163,99 euros
Le « reste à vivre » (après déduction des charges) – par couple : 572 euros par mois – pour un exploitant seul : 259 euros par mois
La plupart de ces exploitants, ou épouse d’exploitants, ont commencé à travailler à 12 ou 14 ans… mais ils étaient « soutiens familiaux » et pour beaucoup, ils n’ont commencé à cotiser que tardivement. De ce fait, ils n’ont souvent pas droit à la « complémentaire » qui viendrait pallier à l’insuffisance de leur revenu. Une version supplémentaire de la double peine.
L’objectif que nous devons porter avec eux c’est, au minimum, de s’inscrire dans les perspectives de la loi Fillon : pas de retraite à moins de 85 % du SMIC . C’est un objectif de simple solidarité nationale envers ceux que l’on a enjoint de « nourrir la France » il y a une cinquantaine d’années.
Décidément, je vais faire comme Sarkozy (« Je le dis, donc c’est ainsi ») et déclarer la deuxième circonscription de Bordeaux, circonscription agricole de choix, sinon de fait.