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E A D N

En quatre lettres, le sigle noir de la politique sarkozienne : l’affairisme, l’absence d’éthique.

EADS, sous réserve d’une confirmation malheureusement que trop probable, un délit massif d’initiés dont Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur de l’époque, non plus que son entourage personnel, pouvaient difficilement n’être pas au courant.

Je voyageais hier avec un cadre d’EADS, consterné mais pas surpris. « Nous sommes dirigés par des voyous. Quand on a connu comme moi l’aérospatiale, avec ce que cela comportait de morale et d’exigence, on ne peut plus accepter. Seul, le « cash » intéresse nos dirigeants.

Ce monsieur, très pondéré, m’a précisé qu’il était de droite et qu’il s’était pourtant réjoui de mon élection. « Juppé n’a rien fait pour l’économie à Bordeaux ».

ADN, est-il besoin d’un long commentaire ? Même les parlementaires de droite ont été offusqués qu’on mêle tests génétiques et immigration. Le Sénat (dont on connait le caractère peu révolutionnaire) a finalement adopté un texte réduit à la portion congrue pour sauver la face du gouvernement. Mais c’est le principe qui a été fondamentalement rejeté par les parlementaires, comme par l’opinion publique.

Toute la loi sur l’immigration est inique. Les tests de connaissance de la langue et des valeurs de la République, exigés désormais pour le regroupement familial, sont totalement non crédibles. Des tests semblables sont mollement en vigueur au Royaume Uni : un quotidien les a fait passer à un pannel de 100 Anglais choisis au hasard. Un seul a réussi : pas de bol, ce n’était pas un anglais de souche, mais une personne naturalisée depuis un certain nombre d’années. Les Anglais de souche avaient tous été plantés…

La vérité est têtue. Je crois qu’elle commence de rattraper Nicolas Sarkozy.

Questions d’actualité

Première séance pour moi hier à l’Assemblée de questions d’actualité posées au gouvernement. On sait que cette séance est télévisée et elle est l’occasion de retrouver des bancs pleins de messieurs élégants et de tailleurs colorés, faciles à distinguer dans un plan circulaire de l’hémicycle. Mme Bourragué en châle bleu pâle est de ce point de vue particulièrement professionnelle.

Cette première séance a été pour moi, je le reconnais, une magistrale leçon de langue de bois. Les quatre questions accordées au groupe socialiste étaient un peu générales pour mon goût, reprenant les temps forts de nos séances antérieures en montrant leur impact fâcheux sur tous les sujets qui préoccupent les Français : la « faillite » déclarée de l’Etat face aux cadeaux fiscaux du gouvernement, les franchises médicales..

Les interventions de François Fillon ont été un monument de généralités rien-disantes. Je relis en ce moment sa réponse à Jean Marc Ayrault : on devrait faire un bréviaire des réponses passe-partout et ne voulant rien dire. Exemple : « Il faut rompre avec la logique du déficit et nous rassembler autour de nos objectifs (..) La première étape de notre politique économique est d’aller à la recherche de la croissance (…), la deuxième consiste à lancer des réformes de structure (…)' ». On devine le ton. Mme Lagarde dans le même genre « Nous ne faisons pas tourner en arrière la roue de l’histoire, non, nous regardons vers l’avenir, pour mener en tous domaines une politique courageuse ».

Je tiens les extraits complets à disposition pour tout candidat à n’importe quelle élection. Le regard résolument tourné vers l’avenir, le rassemblement autour d’objectifs courageux, tout cela vaut aussi bien pour l’élection cantonale d’Ychoux que pour le discours de prise de fonction du directeur du bureau de poste de Landiras.

La palme doit être cependant partagée entre Jean-François Copée et Roselyne Bachelot. Jean François Copée, président du groupe UMP, a pondu un modèle de question brosse à reluire, émaillé de cette découverte : « lors des journées de l’UMP, nous avons invité un pannel de Français qui nous ont fait part de leurs préoccupations qui portent sur le pouvoir d’achat ».

Heureusement, qu’il y a les journées de l’UMP ! Là enfin, les députés de ce groupe ont l’occasion de rencontrer des Français, d’ailleurs incompréhensiblement peu satisfaits de leur pouvoir d’achat..

Roselyne a déchaîné l’hilarité en fin de séance en répondant sans sourciller : « j’ai déjà excellemment répondu au député Lagarde (sur les franchises) : pour financer les nouvelles dépenses qui sont nécessaires, il faut dégager de nouveaux financements.

Reconnaissons avec elle que la réponse ne pouvait être meilleure et qu’elle a eu raison de prendre l’initiative de la qualifier elle-même.

Même brouhaha aujourd’hui mercredi, même absence de surprise dans le ton des réponses, mais une gêne manifeste après la question d’Henri Emmanuelli sur les délits d’initiés à EADS. Information donnée en avant première par le Figaro, ce qui montre qu’il y a à droite plus d’inimitiés et de coups délicatement tordus qu’on en prête à la gauche.

Juste avant l’annonce officielle des difficultés d’Airbus en juin 2006, dirigeants et gros actionnaires d’EADS ont procédé à des ventes massives d’actions. Tout le monde sait que EADS n’a rien à voir avec la défense française, tout le monde sait aussi que le ministère de l’intérieur n’a aucun moyen de s’informer ni des problèmes de défense, ni du secret des affaires ; il n’y a donc aucunement lieu de penser que le ministre de l’intérieur de l’époque (qui vous savez) ait pu être le moins du monde au courant…

« Si ces faits sont confirmés, ils sont extrèmement graves », a dit laconiquement le secrétaire d’Etat aux affaires européennes.

Interrogée donc par Henri Emmanuelli sur cette gravité potentielle et probable, Christine Lagarde s’est retranché dans une attitude de morale offusquée « l’Etat n’a rien vendu.. ».

Rien vendu ? Ni rien su ?

Allongement de la vie : une donne complètement nouvelle

Dans une journée très chargée à l’Assemblée (commissions et auditions se précipitent à l’approche des lois sur les régimes spéciaux de retraites et sur le plan de financement de la sécurité sociale), j’ai tenu la première réunion de ma vice-présidence « politique de l’âge ».

L’allongement de la vie est le progrès majeur du XX ième siècle, et il est essentiellement un progrès médical et social, ce dont on ne peut que se réjouir. Imagine-t-on qu’en un siècle, la durée de vie, presque stagnante jusqu’alors, a doublé ?

Cet immense progrès est aujourd’hui le défi majeur du XXI ème siècle et c’est d’abord un défi politique touchant tous les domaines : sociaux, sociétaux, financiers, médicaux..

Je n’en aborderai qu’un ici : la modification radicale des équilibres familiaux

o On se mariait autrefois pour 20 ou 30 ans; l’espérance de vie théorique d’un mariage a aujourd’hui, elle aussi, doublé. Ceci, ajouté à l’allègement des dogmes religieux et sociaux, fait que l’on se marie souvent deux fois, voire plus; ce point creuse l’inégalité entre hommes et femmes : les femmes vivent plus longtemps mais se remarient moins aisément après 40 ou 50 ans et ne fondent pas de nouvelle famille.

o Les générations se superposent et il n’est pas rare d’en voire coexister 4 et bien souvent 5 ; l’ordre des décès ne suit plus obligatoirement la chronologie prévisible et des parents âgés voient souvent mourir de maladie ou d’accident leurs enfants et petits enfants.

o Parallèlement, ces générations qui coexistent ne cohabitent plus, avec toutes les conséquences possibles en matière de logement et d’isolement.

o Des familles décomposées et recomposées contribuent à cet empilement de générations, posant des problèmes de responsabilité et de prise en charge. Les enfants ou petits enfants peuvent être amenés à devoir soutenir deux générations.

° l’allongement de la vie modifie grandement le calendrier entre les sexes ; les femmes sont mûres plus tôt, non fertiles plus tôt, leur vie est plus longue ; les rapports entre les sexes en sont, de manière pas toujours consciente, affectés.

Combien d’exemples avons-nous autour de nous de cette redistribution des cartes familiales, qui sont d’ailleurs quelquefois des cartes de solitude et d’isolement ! Nous y pallions pour l’instant, mais il faut sûrement beaucoup innover, imaginer, changer nos mentalités, pour que l’évolution puisse se faire de manière à peu près harmonieuse et que ce gain inespéré de vie donné aux humains ne soit pas un jour l’occasion d’une révolution générationnelle dressant les âges les uns contre les autres.

Et il y a le problème des retraites, de l’âge où elle souhaitable et possible, de la possibilité de la financer quand sa durée est égale au tiers de la vie..

Nous ne devons plus rien penser avec des schémas anciens. Ni les politiques, ni les citoyens, et je crains à entendre les uns et les autres, que ce ne soit pas encore gagné.

Le scoop du jour

Le scoop du jour n’est pas un scoop : Alain Juppé conduira la liste UMP aux prochaines municipales de Bordeaux.

Quel suspense ! Nous vivons à Bordeaux depuis plusieurs années dans la mise en scène des départs et des retours d’Alain Juppé. Partira-t-il, reviendra-t-il, aujourd’hui ou demain, la tentation de Venise sera-t-elle la plus forte ou l’amour des caribous et de l’écologie au Québec ?

A chaque question, la réponse a été simple : celle d’une carrière politique soucieuse de carrière plus encore que de politique, dans ce qu’elle peut avoir d’imprévu et de visionnaire. La candidature d’Alain Juppé à sa propre succession est logique. Aucune grande perspective, nationale ou internationale ne s’offre à lui, le FMI qui aurait pu lui convenir, à été proposé à Dominique Strauss-Kahn ; si j’avais fait de la politique toute ma vie, peut-être ferais-je aujourd’hui comme lui. Ce n’est heureusement pas le cas.

Cette candidature a été mise sous le signe du renouveau et de l’ouverture. La présence d’Hugues Martin, symbole de la perpétuation des mandats de la droite, aux côtés d’Alain Juppé en est, sans aucun doute le garant.

Je renoue dans les dépèches d’agence et l’article du « Monde » informatique avec le syndrome des élections législatives, dénoncé par Ségolène : « Alain Juppé battu par les socialistes aux législatives… ». Le nom de la pimprenelle qui l’a battu ne compte pas plus qu’au moment de la campagne.

Cela m’est indifférent en soi. Cela l’est moins pour la campagne qui s’annonce. Nous pouvons gagner et il ne nous reste qu’à le faire, en appliquant mon principe favori: nous gagnerons si nous sommes les meilleurs »

Bordeaux entre aujourd’hui de plain pied dans le XXIème siècle. Bordeaux doit tenir demain sa place dans le concert des métropoles européennes. Comment pourrait-elle le faire sans une nouvelle équipe, une ouverture veritable, un projet différent, mieux en phase avec les besoins et les ambitions des Bordelais ?

Bonne nouvelle

Un des effets collatéraux les plus attristants de l’incendie de ma maison, a été la désertion des oiseaux. Qu’est-ce que cette maison, où on fait mine de nous tenir en amitié, de nous parler, de nous fournir en graines variées, et dans la réalité, ou on nous prépare où un gigantesque barbecue ? …

Ils ont quitté, si l’on peut dire, le navire plusieurs semaines.

Très bonne nouvelle ces derniers jours ; l’un après l’autre, circonspects, timides et même carrément méfiants, ils se sont de nouveau approchés des petites coupelles pleines de grains que j’accroche savamment autour de la maison. Les graines de tournesol sont parmi leurs favorites, j’en ai fait une large provision.

Deux mésanges charbonnières, jaunes à casque noir, ont été les premières visiteuses. Après quelques voletis rapides, elles sont allées informer leur congénères. Des pics à ventre d’un bel orangé, façon modem, que je n’ai vu décrit dans un aucun livre, ont suivi, puis des moineaux …

Et ce matin, un petit rouge gorge tout jeune, qui s’est installé tranquillement au milieu du bac de graines, pour signifier que ça y était, les oiseaux n’étaient plus fâchés, la confiance était revenue.

Les bonnes nouvelles ne sont pas si nombreuses qu’il faille hésiter à les partager largement.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel