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« Mater sola certa »

Mon jardin ressemble encore à Nuremberg après les bombardements, mais au moins peut-on y accéder, les 20 tonnes de papier brûlé et mouillé, de poutres et de gravats variés, ayant été enlevés, brouette par brouette, par une équipe particulièrement efficace d’une entreprise spécialisée dans cette tâche ingrate.

Doux soleil sur les moustaches roussies de mon marronier. Je reprends brièvement pied avant de repartir lundi pour la journée parlementaire du PS et l’ouverture d’une nouvelle session extraordinaire du parlement, inaugurée par une nouvelle loi sur l’immigritation visant à réduire les possibilités de regroupement familial.

Comme cela a déjà été largement annoncé dans la presse, une des mesures envisagées, votée par la majorité de droite de la commission des lois, est la possibilité de faire des tests ADN aux parents et aux enfants pour établir de manière certaine leur filiation.

La base du droit étant, selon un vieux principe hérité de Kant, que toute loi destinée à chacun puisse être applicable et bénéfique à tous, je me propose d’exprimer à notre assemblée mon assentiment à cette mesure, à la seule condition que tous les députés masculins de l’hémicycle, largement majoritaires comme on sait, acceptent et même expriment le souhait que chacun d’entre eux et leurs enfants bénéficient de ces mêmes test ADN.

Je ne doute pas de rencontrer l’adhésion totale de mes collègues masculins. Tous seront ainsi rassurés sur leur filiation et nous, confortés dans le caractère opportun de proposer ce même test aux candidats au regroupement familial.

Un petit rappel cependant à destination de mes honarables collègues masculins. Le droit romain était plus prudent que Nicolas Sarkozy quand il énonçait : « Mater sola certa »*.

  • « La mère seule est certaine ».

Rugby, suite

Juste pour vous tenir au courant… Ce ne sont pas seulement les 250 places du parking de Perrens qui ont subi la transformation magique d’une mise à disposition gracieuse en une vente onéreuse. Le parking de l’Université a été traité selon le même procédé et également à l’insu du Président de l’Université, le pr Bégaud.

Alerté par l’écho que nous avons donné cette transformation du bitume en or, le Pr Bégaud a constaté que ses 1000 places avaient été elles aussi vendues 21 euros 50, sous prétexte de frais de gestion.

Mille deux cent cinquante places x 20 euros x 4 matchs = 100 000 euros de bénéfice.

On remarquera que j’ai arrondi les 21 euros 50 à 20 euros pour tenir compte des frais de gestion réels..

Nous demandons aujourd’hui par une lettre ouverte que cette vente cesse et que les places soient réellement mises à disposition gracieuse, sinon nous dénonçons la convention.

Ces mauvais comptes ne font pas pour autant du bon rugby.

Rugby : abus de confiance et dérive commerciale

J’ai eu envie de titrer ce billet « Trop, c’est trop ». Trop envahissante, excessive en effet la dérive commerciale du sport, qui atteint aujourd’hui « notre » rugby, longtemps épargné.

Coup de téléphone ce matin. « Ton hôpital loue des places de parking, un peu cher quand même… ». Il m’a fallu quelques explications pour comprendre.

« Mon » hôpital, en l’occurence, c’est l’hôpital Charles Perrens, dont je préside le conseil d’administration, fonction que j’aime particulièrement. Perrens est situé à proximité du stade Chaban Delmas et à l’occasion des grands événements sportifs, nous mettons à disposition les parkings de l’hôpital pour faciliter la vie des spectateurs d’un soir.

Dans cet esprit, a été établie une convention avec le comité d’organisation de la coupe du monde de rugby. Les 250 places de stationnement de l’hôpital ont été ainsi mises à disposition de l’organisation, à titre gracieux. Par courtoisie, nous ont été offertes pour le personnel hospitalier 7 (je dis bien sept) tickets d’entrée.

Nous apprenons ce matin que chaque place de parking est louée 20 euros pour la durée du match. Habilement, les organisateurs n’appellent pas cela une « location », mais une « participation aux frais de gestion ». Vingt euros multipliés par 250, voilà une gestion vraiment très coûteuse !

Ceci d’autant plus que les gardiens d’un soir des parkings sont des bénévoles, généreusement gratifiés d’un T shirt … Admettons qu’il y a peut-être en plus un gardien de nuit professionnel, cela n’explique aucunement les 5000 euros empochés pour chaque match.

Cela m’a tellement choquée que j’en ai fait part à la presse. J’ai trouvé une oreille attentive : certains avaient eu à payer cette somme, simplement pour éxercer leur mêtier de journaliste et garer le véhicule contenant leur matériel. J’ai appris au passage que la simple retransmission radiophonique des 4 matchs où le France est engagée avait coûté à « Sud radio » (radio dont la diffusion n’est pas mondiale) 30 000 euros.

Revenons à Perrens. Mon indignation a deux motifs. La confiance de l’équipe hospitalière a été abusée. Nulle part, dans la convention que nous avons signé, il n’est question de location payante des places que nous mettions gracieusement à disposition. Perrens est un hôpital public, et il joue pleinement sa fonction de propriété de l’Etat en facilitant la vie des citoyens (en l’occurence les spectateurs du match) quand l’occasion lui en est donnée. Si nous avions eu connaissance de cette location à titre onéreux, nous aurions mis le terrain à disposition des structures publiques (mairie, conseil général…)

Le deuxième motif est la dérive commerciale du sport. A ce niveau, une part de commerce peut être considérée comme normale, par exemple pour les droits de télévision (le rugby est alors un spectacle comme un show télévisé ou un film), mais elle doit être limitée et contrôlée. Ici, on en est à vendre les terrains de l’hôpital public, les petits marchands ambulants de saucisses et de bière sont évincés car ils ne peuvent pas payer suffisamment l’emplacement, et bien d’autres choses qui m’ont été apprises aujourd’hui.

Une compétition sportive doit être un moment de fête, convivial et populaire; pas une arnaque à gogos, dont on fait monter les prix grâce à un matraquage médiatique qui passe la raison.

A donner raison à Churchill : « Cigars, whisky, NO SPORTS » !

11 septembre

Tout le monde se souvient du moment où il a appris l’attentat du 11 septembre contre les « twin towers ». Pour moi, j’étais à l’hôpital dans mon bureau, en train d’écluser ma ration du jour de courrier médical. Mon ami Jean Mandouze m’a téléphoné pour me dire ce qu’il avait vu, par hasard, à la télévision. J’ai cru qu’il s’agissait d’une fiction, un peu comme celle qui a annoncé la fin du monde il y a déjà de très nombreuses années, et j’ai essayé de lui démontrer que c’était impossible.

C’était possible. Deux avions, mus par une force que l’on peut qualifier de diabolique, cette part diabolique en l’homme et au sein de la société qu’il compose, avaient percutés les tours pour les réduire en un cimetière de gravats.

Il m’a semblé qu’à partir de ce jour, personne ne pourrait plus vivre comme avant. Que c’était une interrogation tellement forte faite à notre société que personne ne dormirait plus sans avoir essayé de comprendre ce qui se passait. Une masse d’hommes suffisamment érigés contre une autre pour provoquer ce choc matériel et moral, cet événement susceptible de marquer un tournant dans l’évolution de nos civilisations.

Un jour en Conseil Municipal, à propos de l’augmentation aberrante du nombre de machines à sous au casino, et de ce que cela traduit d’imbécillité de notre société (« imbécille : qui progresse sans bâton, sans appui, sans direction »), j’ai évoqué cette interrogation et les réponses que nous devions y faire. La majorité municipale a répondu par un brouhaha de pupitres et de moqueries. Cela m’a beaucoup raidie dans mon attitude ultérieure. Pourquoi ne peut-on pas se poser ensemble les questions les plus graves ?

Aujourd’hui, nous n’avons apporté aucune réponse, et tout simplement nous ne nous sommes pas vraiment posé les questions décisives. Les Américains et ce Président, mieux fait pour diriger un ranch, que l’Etat le plus puissant et le plus menacé de la planète. Les héros du 11 septembre sont oubliés, les pompiers volontaires qui sont allés de leur propre chef sur les lieux « parce que c’était le devoir d’un Américain » sont morts d’avoir inhalés trop de fumées et de produits toxiques, s’il ne sont pas morts sur le moment. Personne n’en parle. Le 11 septembre est devenu un enjeu électoral pour le maire de New York.

Les Américains tout d’abord, mais nous pas davantage, qui creusons les inégalités sociales, qui magnifions les Zoros de la finance, au lieu de nous mettre tous en face de l’Unicité de notre condition et des enjeux de l’humanité, ce groupuscule d’animaux fragiles au regard de la nature, et plus encore d’eux-mêmes qui font partie de cette nature violente, mais avec comme seule supériorité de pouvoir le comprendre.

Barthez, Laporte et le petit Nicolas.

j’ai ce soir pour chacun de vous un message politique fort : n’achetez à aucun prix, même sous la contrainte, de live box vendue par m Orange. J’en ai présentement deux, l’une à la permanence, l’autre à la maison, les deux sont HS, moi aussi d’ailleurs, mes meilleurs amis et camarades sont à peu près dans le même état… Ces appareils sont une camelotte incroyable, dévoreuse de temps. Mis bout à bout, le temps passé par mon entourage et par moi à téléphoner, à attendre le technicien qui a vu le technicien qui sait où appeler pour savoir le numéro de la panne… nous serions depuis longtemps arrivés à Vladivostok à pied.

Toujours vendu par M Orange, je possède aussi un « business everywhere ». C’est un petit morceau de plastique noir qui, habilement glissé dans la fente ad hoc, fait de mon ordi le centre du monde, capable de parler et d’entendre jusqu’à Vladivostok et au delà. Manque de chance, lui non plus ne fonctionne plus. « Erreur de modem, veuillez vérifier vos connexions ».

C’est en ce moment Matthieu Rouveyre, le Barthez de la coupe du monde informatique, qui vérifie les connexions, avec un gros pli au milieu du front, qui lui donne l’air du Barthez des mauvais jours. Je squatte allègrement quant à moi son propre ordinateur, tellement j’étais en état de manque d’un petit billet du soir. Envie aussi un peu de me faire plaindre, comme les enfants qui pleurent pour le plaisir de pleurer.

Une histoire juste au vol. C’est Barthez qui m’y a fait penser. J’ai écouté dans le poste aujourd’hui une information consternante. Nicolas Sarkozy a demandé(exigé) que l’on donne lecture de la lettre de Guy Moquet aux joueurs de l’équipe de France de rugby juste avant d’aller sur le terrain. C’est affligeant et plus grave qu’il n’y parait. Quel rapport entre un match de la coupe du monde, occasion d’esprit sportif et de fête populaire, et l’exécution de ce jeune résistant plein de foi ? Cette volonté cachée de sacraliser et de nationaliser à l’extrème cet évènement pas grave et, je l’espère, plutôt sympa, qu’est un match de rugby est presque inquiétante. Le résultat a été, semble-t-il à la hauteur de l’exigence sarkozienne.

Mon Barthez, penché sur l’écran, continue ses recherches. Heureuses auspices, le pli sur son front a disparu.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel