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Les ayant-devoir

Moment de lecture dans mon jardin roussi par la proximité du feu et occupé de quelques dizaines de mêtres cubes de bouquins calcinés et de gravats. Décor peu engageant, dont j’essaye de m’abstraire en faveur du doux soleil d’automne.

Une interview de Catherine Camus, fille d’Albert, me tombe sous les lunettes. Catherine et son jumeau, Jean, sont nés en 1945. Elle avait 14 ans quand Camus et Michel Gallimard se tuèrent en Facel Véga sur la route de Lourmarin. Sur la route, à côté de Camus, le manuscrit du « Premier homme » dans une petite serviette de cuir Bordeaux.

En 1979, à la mort de sa mère, Catherine devint « ayant droit », c’est à dire détentrice des droits moraux et patrimoniaux de l’oeuvre de Camus. A propos de cette charge, qui l’occupe désormais toute entière, elle dit seulement
– « On devrait dire « ayant devoir »… »

Dans mon jardin de gravats, le mot sonne tellement juste.

Le socialisme est un humanisme

C’est avec une certaine gourmandise que je place ce billet après le tumulte qui a suivi les précédents… Nous avons eu à la Rochelle un atelier très intéressant, même s’il était un peu généraliste et philosophique.Le titre officiel était je crois « les rapports entre socialisme et individualisme ». La question peut être posée autrement : y a-t-il un individualisme de gauche et un individualisme de droite? Comment concilier intérêt collectif et individualisme ?

La réponse est bien évidemment que la gauche et le socialisme ne négligent aucunement l’individu ; au contraire l’essence même du socialisme est de rendre possible l’épanouissement personnel de chacun dans sa singularité, et ceci dans la perspective de l’intérêt collectif.

La philosophe qui menait le débat et qui a publié un ouvrage sur le sujet a défini ainsi ce qu’est -ce que doit être- un individualisme de gauche : – un individualisme de l’être et non pas un individualisme marchand, axé sur la consommation et le repli sur soi – le respect de la singularité de l’être humain favorisant son apport particulier à la collectivité – une culture du dissentiment et de la prise de parole. Le mot de « dissentiment », au contraire d' »assentiment », n’est pas usuel mais je le trouve en effet très signifiant. J’ai compris qu’il désignait ce que Camus appelait dans « L’homme révolté » « la capacité de dire non », en citant Sisyphe, remontant constamment son caillou en exemple. – une attention à l’autre en tant qu’individu ayant des problèmes spécifiques, une souffrance spécifique..

Ces idées ne sont pas nouvelles (les idées ne sont jamais nouvelles), mais elles étaient bien remises dans l’actualité. J’ai pris la parole pour m’interroger sur l’absence d’un mot que l’on n’ose plus utiliser. Qu’est-ce qu’un individualisme de l’être plutôt qu’un individualisme de l’avoir ? Qu’est-ce qu’une prise en compte de « la grandeur et de la misère de l’homme » ? Qu’est ce que l’apprentissage de son autonomie et de sa liberté ?

Eh bien, cela s’appelle depuis Montaigne, et au fond tant d’autres, l’humanisme. Et j’aimerais qu’on ose dire aujourd’hui que le socialisme est avant tout, un humanisme.

Halte au feu !

Non, ce titre n’a rien à voir avec le pénible épisode qui fait définitivement de moi la Jeanne d’Arc du Parti Socialiste, mais avec l’embrasement des commentaires consécutifs au billet « Municipales à Bordeaux ».

Nous démontrons ce qui est je crois si délétère en notre sein : une passion immodérée du débat (et même du combat) interne, une capacité quasi-surnaturelle à nous nuire. Au passage, et exprimé sans aucune acrimonie, l’envol de ces commentaires montre que toute initiative personnelle était prématurée avant que nous n’ayons statué entre nous et, je l’espère, que nous soyons parvenu à un maximum d’accord.

Je n’ai jamais censuré les commentaires de ce blog. Chacun a pu constater qu’ils apparaissent aussitôt en ligne et dans leur entier. J’ai été obligée d’en soustraire un, trop désobligeant, à l’égard de l’un d’entre nous.

Je suis persuadée que nous souhaitons tous apporter le maximum et le meilleur à l’élection municipale qui approche. Chaque candidat potentiel ou éventuel (moi y compris bien évidemment) doit se demander non seulement si il est prêt et si il est légitime, mais si il apporte au Parti Socialiste et à la Gauche les meilleures chances de gagner. De gagner en 2008, pas en 2040. C’est un exercice d’ honneté, de prise de distance par rapport à soi même, et il n’est pas obligatoirement facile. Chaque militant doit avoir la même perspective. pour éclairer son choix.

J’étais hier à la cérémonie d’investiture du Premier Président de la cour d’appel. Cérémonie très solennelle et très formelle dont chaque temps a une signification. Le discours du nouveau Président, Jean Nouvel, qui a clôturé la séance a été articulé autour de deux thêmes : l’indépendance et l’humilité. Ils me paraissent faire également bon office dans l’entreprise qui est la nôtre.

Municipale à Bordeaux

L’intelligence et la discipline ne sont pas contradictoires. Concernant les élections municipales de Bordeaux, et la candidature socialiste, je trouve même qu’elle font excellent ménage.

La situation à Bordeaux est meilleure pour nous qu’elle ne l’a jamais été. Pour autant, cette élection va être extrèmement difficile. Elle exige de nous tous un grand sens de la responsabilité et de la stratégie. Nous devons être brillants, du premier au dernier jour.

Lors de nombreux entretiens à l’Assemblée, nous avons convenu avec François Hollande de ne pas nous exprimer de manière désordonnée. Alain Anziani nous l’a rappelé par une circulaire.

Un point, et ce sera le seul commentaire d’une manifestation qui a lieu ce jour. Il existe une règle d’or pour chaque élu : de ne pas organiser de manifestation publique sur le territoire où l’un de nous est élu, sans l’assentiment, de préférence même l’invitation, de cet élu. Si c’est le cas, l’élu du territoire ouvre la manifestation et accueille les participants.

Irais-je faire une réunion à Saint Laurent du Médoc sans que Pascale Got m’y accueille ? Réunirais-je des militants à la salle Bouscaillet sans que Philippe Dorthe m’y invite, ou à la salle Son Tay sans que Jacques Respaud m’y reçoive ?

Autant en emporte le feu

On se souvient de la scène finale d’ « Autant en emporte le vent » : Tara, brûlant et Vivian Leigh sur fond de flammes et de ciel rouge… Eh bien, nous avons joué hier un remake de cette scène grandiose en plein coeur de Bordeaux et une partie de ma maison, qui était pleine de livres, d’archives, de dossiers, de tout ce qu’on peut imaginer de plus gourmand pour l’appétit d’un feu est présentement réduite devant moi à un mur, un toit écroulé et un énorme tas de gravats.

J’ai hésité à appeler ce billet « Actualité brûlante au PS bordelais », ce qui, dans la période, n’aurait pas été sans susciter l’intérêt. Mais le feu n’a emporté que de grands morceaux de passé, l’avenir demeure.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel