Retour de la Rochelle
Je découvre au retour de la Rochelle que ce week-end a été un très beau week-end d’automne débutant et que je n’en ai rien su. Ce que nous donnons ici, nous le perdons là, et le temps est si court.
Parlons d’autre chose… S’il est possible, car ce blog finallement, qui va paraître en un petit livre dont le titre est plus qu’un aveu, parle-t-il d’autre chose ?
La Rochelle donc. Une université d’été sans excès d’éléphants, ce qui est plutôt une bonne chose. Les éléphants, c’est connu, prennent beaucoup de place, trop, dans le paysage. Un ça va, deux, trois… Au delà, bonjour les dégats ! Là, c’était trois et on a donc pu se raconter autre chose que des histoires d’éléphants. Je me souviens de ma première Université d’été. J’avais participé à des ateliers passionnants, écouté des interventions du meilleur niveau, la presse ne parlait que d’un sujet « Est-ce que Jospin viendra dîner ce soir ? ». Je crois qu’il était finallement venu, pour ma part je ne m’en étais pas aperçue, mais j’avais été ahurie de constater que les journalistes et moi n’avions pas assisté à la même manifestation. Cette expérience curieuse s’est reproduite depuis à de multiples reprises.
Tout le monde nous mettait en garde : le moral au PS était en berne, l’ambiance à la déconfiture et à la déstabilisation. Comme souvent, cet excès d’affres et de malheurs a secrété des anticorps salutaires et l’atmosphère était plutôt positive. Aucun des militants présents n’avaient le coeur à « battre sa coulpe sur la poitrine des autres », selon la formule de Hollande. Regret donc de nos trois échecs successifs au présidentielles, interrogations, diagnostics, scanners, tomographies, tout l’arsenal du questionnement idéologique était déployé, mais d’excès de repentance, de flagellations distribuées à tout va, point. Et c’est franchement une bonne nouvelle.
Je dis et je répète que des pimpins qui sont volontaires pour s’enfermer dans l’atmosphère surchauffée de « l’encan », boire un mauvais, très mauvais pineau des Charentes comme une fête que l’on partage, ceci tout un week-end, dont la beauté a été cet été une denrée rare, ne peuvent pas être foncièrement mauvais.
Donc mes amis : « Peu quand je m’estime, beaucoup quand je me compare ». Nous sommes certainement déconfits, mais les confits, les cramoisis, les sûrs d’eux, sont à tout prendre plutôt pires.
O bien sûr, nous en avons aussi quelques uns comme ça, qui se sentent appelés à de hautes destinées comme le fût Jeanne à Orléans, Hannibal à Carthage, Bonaparte à Arcole, Sarkozy à Neuilly… Toutes les villes ont leurs faiblesses. Rien de grave.
Discours de Royal, tout en réconfort. Discours de Hollande tout en encouragements à nous dépasser, ou plutôt à dépasser nos travers (nombreux) pour utiliser au contraire toutes nos forces, et elles ne sont pas minces, et elles sont de plus une force dans une société où ces qualités se raréfient : le dévouement militant, la sincérité et le désintéressement de tant d’engagements, la force de réflexion, l’expertise… .
Le soleil rase le sommet de mon marronier, dont les feuilles toutes brûlées par la maladie des marroniers semblent souffrir et appeler à l’aide. Les oiseaux se taisent. Brel en ferait une chanson « nous sommes un soir d’été »…