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Une journée toute en couleurs changeantes

Une journée tout en changements de couleurs, en brusque revirements du temps, pluvieux et brumeux ce matin, caniculaire à midi, venteux, précurseur d’orage à l’instant. Revenue brièvement à Hossegor pour enregistrer des images de grand large avec Jean Luc Veyssy et Dominique Emmanuel Blanchard qui ont pris par en mains une année de blog pour en faire un livre à visages multiples : nos trois campagnes à Bordeaux, le fil intérieur de la vie, la matière multiple de la politique.

Le livre contiendra un DVD qui commence et finit, comme toute chose, au bord d’un horizon sans limites. Moment heureux où nous avons travaillé en nous sentant en vacances. Merci à tous les deux.

Maintenant, les volets tapent, l’humeur du temps se gâte sans qu’on puisse deviner si c’est un caprice après un moment d’assoupissement, ou une colère durable. La mer est moirée de grands courants contraires, bleu marine et argent, les estivants ferment les parasols en hâte et se pressent pour rentrer.

Pour quelques heures encore, l’été m’appartient.

Qui a une réponse ?

Eh bien oui, on peut être socialiste et y prendre plaisir ! C’est le sentiment que nous avons eu à Melle, dans une totale liberté, sans allégeance à personne, c’est aussi celui que nous avons eu bien souvent pendant les trois campagnes de l’année passée. J’en ai un peu assez pour tout vous dire, d’entendre parler matin, midi et soir, de la déconfiture du Parti Socialiste, du combat des chefs et du désarroi des sous-chefs, des quadras qui montent, des quinquas qui ceci, des sexas qui cela…

Je vais vous dire : le parti socialiste va plutôt mieux que la société où il essaye de penser et de s’exprimer. Bien sûr, nous avons quelques bétassons, des qui s’y croient, des qui se prennent pour Fouquier-Tinville… Comment en serait-il autrement ? Je trouve même que le ratio bétassons/nombre de militants est grandement en notre faveur.

Ma jeune expérience à l’Assemblée m’a conforté dans cette idée : j’ai écouté des prises de paroles remarquables, sans effets de manches, sans caricature ni excès, basées sur un vrai travail et un vrai engagement ; cela de la part, de NOS députés ; Alain Vidalies, Jean Yves le Bouillonec, François Brotte, Jerome Cahuzac, bien d’autres, je ne veux pas faire ici un tableau d’honneur, parlant du droit du travail, de la justice, quelle leçon ! Ma jeune collègue Delphine Batho, tenant tête à la ministre de la justice et à son staff avec un calme parfait, quel encouragement !

Curieux, de tous ceux-là, la presse ne dit rien. Ils ne publient pas de livre assassin, ils travaillent, ils mettent leur énergie là où nous devons la mettre aussi : le secours -et je n’emploie pas la mot de gaieté de coeur- à une société qui va mal, à laquelle plus que jamais on présente de faux dieux et que l’on cherche plus à abêtir qu’à élever.

« Elever », voilà un mot ringard. C’était l’idéal des socialistes du début du siècle dernier. C’est celui de l’éducation populaire. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Qui cherche à élever, éduquer, instruire, qui cherche à donner à chacun les moyens de son autonomie et de son développement ?

Non, on cherche à vendre, à distraire et à faire taire.

Eh, bien, je trouve que nous sommes sur le sujet un peu meilleurs que la plupart, et c’est ce que j’avais envie de vous dire. Non, les socialistes ne sont pas en déconfiture, ils doutent, ils cherchent. Ils ont raison. Comment pourrait-il en être autrement ? Tout est question ; chaque chiffre que l’on lit dans le journal est une interrogation : sorties du système scolaire sans qualification, consommation de drogue, mal-logement, dette publique… Je m’amuse bien souvent quand quelqu’un pose dans une réunion l’habituelle question « Avez-vous des questions ? » , à répondre « Non, nous n’avons que des réponses.. ». Tout le monde reste médusé.

La seule question est aujourd’hui : « Qui a une réponse ? »

Melle

A Melle hier, le ciel était grand bleu, le soleil d’un or ardent… « Qu’est-ce que cela ! » ont aussitôt tonné les caciques de notre parti dont je viens de découvrir les commentaires dans la presse. « Dans une réunion du parti socialiste, le ciel doit être rose et le soleil rouge ! Ségolène, décidément, n’a rien compris ».

Hors de cette faute majeure, beaucoup d’entre nous pourraient signer les points essentiels de son discours (dont on trouvera un compte-rendu simple mais très juste dans l’édition de ce jour de Sud-Ouest dimanche) :

1 – La politique de Nicolas Sarkozy, toute d’agitation et de mouvement brownien, est de fait une politique d’immobilisme. Vieille recettes : allègements fiscaux à destination principale de son électorat (« donner beaucoup à ceux qui ont beaucoup, peu à ceux qui ont peu, rien à ceux qui n’ont rien »), empilement de lois à effet d’annonce, alors que les moyens d’appliquer les précédentes ne sont toujours pas données, création de commissions pour mettre les problèmes de côté, sans que les rapports des commissions précédentes n’aient été jamais lus ou, en tout cas, utilisés.

Au passage Ségolène, qui pour une fois, a su utiliser l’humour, a brocardé le rapport confié à Attali pour « lever les freins au développement économique ». Les conclusions du rapport Camdessus, il y a à peine quelques mois, débouchait sur « 110 propositions pour lever les freins au développement économique » !

2 – Le Parti Socialiste est empêtré dans les motions, les courants, les écuries, les synthèses que personne ne lit, et il y urgence à le remettre en phase avec les nouveaux défis du monde, les aspirations et les souffrances. Combien se sont comme moi ennuyés à périr dans des réunions de section où le problème du siècle était de répartir les postes entre les motions, minoritaires, semi-majoritaires, neo-hollandiennes, crypto-mermazienne, mélanchonistes dissidentes… Ceci pour des commissions ou des groupes de travail où, après trois mois, personne n’allait plus !

« Etre un laboratoire d’idées écrivais-je dans ce blog il y un an. « L’intelligence est la réponse nouvelle à la question nouvelle ». Le parti socialiste doit être intelligent. Il l’est, disons qu’il lui reste à le rendre plus visible !

3 – Un langage, des attitudes, de responsabilité et d’éthique doivent être exigé de chacun de nous. On se doute que cela m’a ravi moi qui réclame un comité d’éthique au sein du PS, pour contrecarrer en particulier tous les manquements au respect du travail militant. Ségolène a en particulier demandé que personne ne dénonce, ne fustige ses camarades, mais se porte davantage vers l’extérieur. La débauche d’ouvrages qui se profile pour la rentrée lui donne raison. Je préfèrerais que nos leaders aient mis l’été à profit pour des titres tels que « Redonner sens à l’Europe » ou « Pour une éducation populaire » que ceux qui s’annoncent « Au revoir Royal », « La défaite en chantant ».. Tout un programme, ou plutôt toute une absence de programme.

C’est dans cet esprit de modération envers nos habiles censeurs que je n’ai parlé en commençant ce billet que de la couleur du ciel et de l’ardeur du soleil.

Dans cet esprit aussi que j’écris ce billet : « Soyons unis, soyons forts, soyons libres ». Tiens, j’ai déjà lu ça quelque part… Cela vaut plus que jamais au sein du PS.

Femme de ?

Femme de .. ou personne assumant son job, et au passage femme tout court ? Dans un billet lointain (j’ai la flemme de chercher), j’évoquais un problème en apparence superficiel : la place de l’épouse d’un notable, relativement à ses congénères occupant une place proche de celle du mari. Exemple pour éclairer le débat : dans le protocole, l’épouse du maire vient avant la première adjointe, l’épouse du Président avant une ministre.

Au passage, j’évoquais une question que j’avais posée à mes copines au lycée ; que préfèreriez-vous être : Présidente de la République, ou épouse du Président de la République ? Tout bien pesé, la réponse n’est pas si claire pour la plupart des femmes, dont moi.

Vous devinez où je veux en venir… Jusqu’à présent, je me suis abstenue, sans peine d’ailleurs, d’évoquer dans ce blog Cecilia Sarkozy. Les quotidiens, magazines, journaux parlés ou télévisés, nous gavaient suffisamment sans que j’ai besoin de leur apporter mon concours. Et pourtant, combien de fois m’a agacé, dans ces deux semaines de vacances où j’ai lu un grand nombre de ces journaux et magazines, que l’on qualifie Cecilia Sarkozy de « femme moderne ». Elle est tout le contraire. La première caractéristique d’une « femme moderne » est de s’assumer professionnellement, financièrement, intellectuellement. Cecilia n’a pas fait ce choix, n’a jamais eu de profession, ce qui n’est pas en soi critiquable mais qui n’est pas la caractéristiqu d’une femme contemporaine, au demeurant celui de la plupart des épouses de chefs d’état « modernes ».

Cecilia se situe quelque part entre Eugénie de Montijo (choisie par l’empereur pour sa beauté brune) et Elisabeth d’Autriche, dite Sissi, connue pour ses caprices, sa difficulté à se plier à son rôle de représentation, la fascination qu’elle éxerçait sur son époux et nombre de ses sujets, par sa beauté, son égocentrisme et sa neurasthénie.

Tout cela serait sans importance, et même « romantique », façon Gala, si Cecilia ne voulait aussi « jouer un rôle », et si son royal époux ne tenait à la confirmer dans ce rôle.

Un rôle politique s’entend. Car le rôle, pas méchant et même plutôt sympathique d’ « épouse » charmante, elle s’y refuse. Déjeuner chez les Bush ! Quel ennui ! Pourtant, elle aurait pu y porter les robes Prada, qui ont valu à la famille « l’invitation » de la responsable de comm » de la maison Prada à Wolfeboro. Quant on connait le prix d’une page de pub dans un seul magazine, le prix n’est pas excessif.

Non, ce n’est pas cela dont il est question : Cecilia est désormais l’émissaire spécial du Président.

Et à ce propos (d’où ce billet), on apprend une chose extraordinaire : la constitutionnalité d’une mission est transmissible par mariage, et seulement par mariage !

Cecilia a emporté la décision de Kadhafi grâce à son sens exceptionnel de la psychologie du dictateur libyen ? (Nous savons qu’il n’en est rien, mais ce sont les mots mêmes de Sarkozy). Elle n’a pas pour autant à témoigner devant la commission d’enquête réunie à la demande de notre groupe au parlement. Ce serait « anti-constitutionnel » , puisque le Président lui-même ne doit pas se rendre au Parlement.

Le secrétaire de l’Elysée, lui, OK, il peut y aller, il n’a qu’une « fonction » à l’Elysée. Christine Lagarde, au troisième rang des ministres du gouvernement, elle, peut exprimer qu’elle a trouvé un moyen de contourner l’avis du Conseil Constitutionnel (voir le billet « Christine et les juges »), pas de problème, elle n’est que ministre.

Nous sommes dans l’Ancien régime, et mon évocation d’Eugénie de Montijo et de Sissi, n’était pas vaine. Les prérogatives républicaines du Président se transmettent désormais à son épouse (on pourrait parler, avec quelque licence j’en conviens, de PST, comme on parle de MST, comprenne qui veut).

En cent jours, Nicolas et Cecilia Sarkozy ont largement atteint et dépassé le principe de Peter. Cela pose une vraie question : comment restaurer la démocratie ?

Atmosphère de rentrée

Mer de bronze dense sur laquelle la pluie coule sans discontinuer. Après la tempête, l’automne s’installe, la plage redevient un lieu de solitude.

Je vais partir aussi. Le téléphone sent la rentrée et recommence à sonner comme une sorte de gendarme qui entend qu’on ne l’oublie pas. Notre année va être bien occupée. Toutes le sont, mais celle-ci nous avons un enjeu particulier. Je n’en ai pas parlé jusqu’alors car je pense que toute déclaration, d’oû qu’elle vienne, est hâtive et sans doute même fâcheuse, tant qu’elle n’est pas fermement appuyée sur une volonté et sur une possibilité réelle.

Dans cet enjeu municipal, nous ne devons avoir qu’un principe : nous pouvons gagner (le résultat des législatives a mis, si l’on peut dire, « le pied dans la porte ») et nous devons gagner.

Exprimé autrement : nous ne devons pas nous rater. Liste large, crédible, union, véritable programme, mise en marche rapide.

Contrairement à beaucoup, j’ai toujours aimé la rentrée des classes. J’ai changé d’école cette année, mais cette rentrée ne va pas être la moins intéressante.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel