Femme de .. ou personne assumant son job, et au passage femme tout court ? Dans un billet lointain (j’ai la flemme de chercher), j’évoquais un problème en apparence superficiel : la place de l’épouse d’un notable, relativement à ses congénères occupant une place proche de celle du mari. Exemple pour éclairer le débat : dans le protocole, l’épouse du maire vient avant la première adjointe, l’épouse du Président avant une ministre.
Au passage, j’évoquais une question que j’avais posée à mes copines au lycée ; que préfèreriez-vous être : Présidente de la République, ou épouse du Président de la République ? Tout bien pesé, la réponse n’est pas si claire pour la plupart des femmes, dont moi.
Vous devinez où je veux en venir… Jusqu’à présent, je me suis abstenue, sans peine d’ailleurs, d’évoquer dans ce blog Cecilia Sarkozy. Les quotidiens, magazines, journaux parlés ou télévisés, nous gavaient suffisamment sans que j’ai besoin de leur apporter mon concours. Et pourtant, combien de fois m’a agacé, dans ces deux semaines de vacances où j’ai lu un grand nombre de ces journaux et magazines, que l’on qualifie Cecilia Sarkozy de « femme moderne ». Elle est tout le contraire. La première caractéristique d’une « femme moderne » est de s’assumer professionnellement, financièrement, intellectuellement. Cecilia n’a pas fait ce choix, n’a jamais eu de profession, ce qui n’est pas en soi critiquable mais qui n’est pas la caractéristiqu d’une femme contemporaine, au demeurant celui de la plupart des épouses de chefs d’état « modernes ».
Cecilia se situe quelque part entre Eugénie de Montijo (choisie par l’empereur pour sa beauté brune) et Elisabeth d’Autriche, dite Sissi, connue pour ses caprices, sa difficulté à se plier à son rôle de représentation, la fascination qu’elle éxerçait sur son époux et nombre de ses sujets, par sa beauté, son égocentrisme et sa neurasthénie.
Tout cela serait sans importance, et même « romantique », façon Gala, si Cecilia ne voulait aussi « jouer un rôle », et si son royal époux ne tenait à la confirmer dans ce rôle.
Un rôle politique s’entend. Car le rôle, pas méchant et même plutôt sympathique d’ « épouse » charmante, elle s’y refuse. Déjeuner chez les Bush ! Quel ennui ! Pourtant, elle aurait pu y porter les robes Prada, qui ont valu à la famille « l’invitation » de la responsable de comm » de la maison Prada à Wolfeboro. Quant on connait le prix d’une page de pub dans un seul magazine, le prix n’est pas excessif.
Non, ce n’est pas cela dont il est question : Cecilia est désormais l’émissaire spécial du Président.
Et à ce propos (d’où ce billet), on apprend une chose extraordinaire : la constitutionnalité d’une mission est transmissible par mariage, et seulement par mariage !
Cecilia a emporté la décision de Kadhafi grâce à son sens exceptionnel de la psychologie du dictateur libyen ? (Nous savons qu’il n’en est rien, mais ce sont les mots mêmes de Sarkozy). Elle n’a pas pour autant à témoigner devant la commission d’enquête réunie à la demande de notre groupe au parlement. Ce serait « anti-constitutionnel » , puisque le Président lui-même ne doit pas se rendre au Parlement.
Le secrétaire de l’Elysée, lui, OK, il peut y aller, il n’a qu’une « fonction » à l’Elysée. Christine Lagarde, au troisième rang des ministres du gouvernement, elle, peut exprimer qu’elle a trouvé un moyen de contourner l’avis du Conseil Constitutionnel (voir le billet « Christine et les juges »), pas de problème, elle n’est que ministre.
Nous sommes dans l’Ancien régime, et mon évocation d’Eugénie de Montijo et de Sissi, n’était pas vaine. Les prérogatives républicaines du Président se transmettent désormais à son épouse (on pourrait parler, avec quelque licence j’en conviens, de PST, comme on parle de MST, comprenne qui veut).
En cent jours, Nicolas et Cecilia Sarkozy ont largement atteint et dépassé le principe de Peter. Cela pose une vraie question : comment restaurer la démocratie ?