m

Compil’ et tubes de députés

Un livre des éditions Ramsay (« Parole de député ») fait la compil’ des plus savoureuses professions de foi de députés, au cours des 125 ans précédents.

Les grands noms ont la part belle : Mitterand, Bigeard, l’abbé Pierre. Le meilleure tube revient pourtant à un inconnu, Emmanuel Arène, qui se présenta en 1898 à Ajaccio avec un programme qui demeure de la plus haute actualité et pourrait reservir à beaucoup :

« Quant à toutes ces promesses dont on est si prodigue en période électorale, vous me permettrez de m’en dispenser. Mes concurrents vous les ont toutes faites. Mais c’est à moi que vous confierez le soin de les tenir. »

Ce qui fut fait..

Une année de sable

Tranquillement, heureusement, dans la lumière voilée de ce dimanche d’août, je relis une année du blog (juillet 06 à juillet 07) qui va devenir, par la grâce des éditions du bord de l’eau (quel nom merveilleux !) un petit livre qui n’est pour l’instant entre mes mains qu’un « tapuscrit » assez touffu. Je cite souvent le proverbe chinois qui résume une vie réussie « planter un arbre, faire un enfant, écrire un livre ». Il y a, à ces trois préceptes, bien des variantes. Du moins c’est ainsi que je me le raconte et pourqui j’adore ce proverbe.

Une année de blog, commencée et finie ici, devant cet horizon marin qui m’est si familier même si je ne le vois que quelques poignées de jours par an. J’allège, j’abrège, pour donner au texte la rapidité d’un éphéméride dont on effeuille les pages. Du moins j’essaye : l’ennui avec ce qu’on écrit, c’est qu’on s’y attache facilement, et que tout, pour moi au moins, a un sens, évoque (le plus souvent anonymement) l’un ou l’autre des amis et camarades qui ont accompagné cette année aux trois campagnes (municipale partielle de Bordeaux, présidentielle et législative). Un assez bon entrainement ma foi pour 2008.

Bien souvent, les dimanches, j’ai écrit comme aujourd’hui plusieurs mini-billets, pour partager la journée et essayer de lui donner une consistance. Le temps, c’est une poignée de sable dans la main. Plus on ferme, plus il s’écoule.

Hossegor

Hossegor, avec la ferme intention de remettre la machine en bon état de fonctionnement. Deux semaines avec un intense programme de thalassothérapie (les vagues), de massage gommant (le sable finement graveleux du bord de l’océan), d’héliothérapie (le soleil du matin et du soir, de loin le plus amical). J’écris présentement sous le regard lointain et hautain d’un rang de goélands, alignés au faîte du toit le plus haut des environs, comme les statues de notables au toit des maisons romaines.

Temps doux et mélangé ce matin, entre nuages diffus et éclaircies. Le village d’Hossegor doit être noir de monde, tout le monde se pressant aux mêmes endroits aux mêmes heures. Sur mon bord d’océan, je suis loin et proche de tout selon ma guise. L’infini est à portée de promenade sur la plage nord qui remonte d’un seul trait de sable vers la Gironde. Les Landes paisibles commencent derrière les dunes, sous un toit presque continu de pins. Autrefois, quand aucun immeuble n’avait été construit pour remplacer ceux que l’armée allemande avait fait sauter, on voyait de mes fenêtres ces deux océans, l’un à l’ouest, tout de gris, de verts et de violence, l’autre à l’est du vert sombre et uni des frondaisons des pins.

Les goélands ont trouvé bon usage des toits qui barrent l’océan des pins. En bien des années, c’est la première fois où je les vois installés ainsi, hautains, inquisiteurs, jusqu’à ce que l’un se décide à fondre en direction de l’océan, ailes grandes ouvertes, et bien souvent accompagnant son vol de ce rire vulgaire qu’ils partagent avec les mouettes.

Le blog et moi sommes en vacances, dans le lieu le plus dépaysant qui soit si on veut bien le regarder à bonnes heures, plus inquiet de la direction des vents, du changement permanent des couleurs, que de la petite agitation estivale qui est partout la même. Je voulais inscrire sur l’écran une première carte postale.

L’ordinateur de Saint Expédit

J’ai reçu, depuis que mon ordinateur m’a été dérobé par un espion de l’UMP, de l’ex-KGB ou de la CIA (il faut toujours voir grand), beaucoup de témoignages de compréhension. Qui a vécu et travaillé de longs mois en bonne intelligence avec un ordi sait ce que signifie une rupture brutale qu’aucune brouille, aucune fâcherie ne rendaient prévisible.

Hier soir, un voisin m’aborde, levant les bras au ciel (on va voir que le ciel a beaucoup à faire dans cette histoire) : »Vous avez perdu votre ordinateur ! ».

Je confirme, le voisin compatit. Il faut dire que ce n’est pas un voisin ordinaire : très pieux, père de très nombreux enfants qui à eux seuls forment l’essentiel des convives du repas de quartier de la place Bardineau.

Désireux de m’aider, il a une brutale inspiration : – Avez vous prié Saint Expédit ?

Je reconnais que non, et je l’interroge sur ce saint, dont l’existence m’avait à vrai dire un peu échappé.

– C’est un saint très renommé (sans doute…), très efficace et surtout très rapidement efficace…

On devine qu’il y a un lien entre le nom d’Expédit et le qualificatif « expéditif ». Je ne sais lequel est à l’origine de l’autre, ou plutôt, je ne savais, car c’est bien Expédit qui serait à l’origine d’expéditif. Le Saint homme était par ailleurs un légionnaire romain, prompt à pallier de manière miraculeuse aux divers aléas de la vie militaire.

Mon voisin continue : – Un de mes fils récemment, lors d’une ascencion de la dune du Pyla a perdu un chapelet auquel il tenait beaucoup. Nous avons évoqué et prié Saint Expédit, il est remonté et il l’a trouvé, dépassant à peine du sable..

J’admire tout à la fois que son fils ne grimpe pas la dune du Pyla sans son chapelet, et qu’ils aient eu tous les deux la présence d’esprit d’en appeler à Expédit. J’émets cependant des réserves sur l’engagement du Saint à trouver mon ordinateur. D’abord parce qu’il est probablement plus motivé pour un chapelet, ensuite parce qu’étant donné qu’il connaissait mieux les légions romaines que l’Assemblée nationale et la dépendance où nous sommes de notre ordi, il ne se sentira probablement pas engagé à me secourir.

Mon voisin n’a cure de mes réserves : – Mais qu’est-ce que vous pensez, ils sont plus malins que nous là-haut !

Cela, à vrai dire, je le crois. Il faut être bien avec le ciel pour maîtriser l’informatique qui est toute de magie et de maléfices. Quatre jours quasi-entiers à – trouver un ordinateur tout beau, tout semblable au précédent – convaincre le responsable, qui était seul au magasin, de le remplir de la sauvegarde que j’avais faite en octobre dernier – appeler au secours mes meilleurs copains pour qu’ils réinstallent wifi, wanadoo, flickr upload et tous ces trucs qui ont un nom charmant mais qui sont capables d’être diaboliques – échec côté copains. Robert Lamoureux aurait dit « trois jours après le canard était toujours vivant ». – appel à un technicien, nouvelle demi-journée de souffrance…

.. Et voilà : j’écris ce billet aujourd’hui sur le nouvel ordi, qui semble branché à tout ce qu’il faut pour que le billet parte dans le vaste monde.

Si je pouvais faire une prière, c’est qu’en effet Saint Expédit s’occupe spécifiquement des ordinateurs et n’en démorde plus. Peut-être que, faute de les retrouver, on pourrait plus promptement les rendre opérationnels …

Cinq août

Mon Papa est mort dans cette maison où je suis maintenant il y a neuf ans exactement. La chaleur, le vide, le silence étaient les mêmes, et c’est eux que j’écoute en ce moment, effrayée de la rapidité du temps.

C’est d’une banalité écrasante, mais ce n’est bien sûr pas le temps qui passe, mais la vie elle-même. Dans une émission de France-culture faite uniquement de témoignages de cubains, il y a quelques soirs de là, j’ai entendu revenir à plusieurs reprises ce que je dis et répète sans cesse : chacun n’a qu’une seule vie. Et c’était cela qu’exprimaient les Cubains : voir leur vie passer, avec d’un côté l’absence d’avenir, et de l’autre, s’ils s’exilent, l’impossibilité de revenir dans un endroit dont ils aiment eux-aussi chaque bruit et chaque couleur. Après onze mois d’absence, un Cubain est déclaré déserteur de son pays, perd ses biens et le droit d’y revenir.

Chacun qu’une seule vie, si vite gâchée, si vite passée.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel