31 juillet
Nicolas Sarkozy a si souvent célébré la mémoire de Jaurès pendant sa campagne (37 citations dans un seul discours..) que l’on aurait légitimement envisagé qu’en ce jour anniversaire de sa mort, il aurait demandé que l’on mît les drapeaux en berne au fronton des mairies. Que ne relit-il ce soir le volume des « Thibault » de Martin du Gard titré « juillet 14 » et le récit de la trainée de poudre qui, au propre et au figuré, a suivi son assassinat ?
Au lieu de cela, nous célébrons cet anniversaire en discutant de pied ferme d’un texte qui ouvre un coin dans le droit du travail et qui, plus gravement, sera inopérant. Le projet de loi intitulé « Dialogue social et continuité du service public dans les transports terrestres publics réguliers de voyageurs » ne va nullement régler les perturbatiions des transports : 2% seulement d’entre elles sont dues à des faits de grèves ; l’immense majorité à des problèmes d’insuffisance ou de vétusté du matériel, de manque de personnel…
Il ne va pas davantage instaurer un « service minimum », comme l’avait promis le candidat Sarkozy : le texte se borne à fixer aux collectivités de fixer des objectifs sans garantie qu’ils soient tenus.
Il comporte enfin un certain nombre de dispositions, comme la déclaration personnelle de se déclarer gréviste à l’employeur 48 heures avant le début du conflit, qui enfreignent le droit de grève. D’autres dispositions, complexes à analyser dans un court billet ont mis aujourd’hui les syndicats unitairement dans la rue. Peut-être est-ce ce long défilé dans toutes les rues de nos villes qui fera finallement souvenir du peuple descendant dans la rue à l’annonce de l’assassinat de Jaurès « Ils ont tué Jaurès ! »?
Aucune banderole pourtant, à ma connaissance, n’a porté trace de ce souvenir. La collusion des deux événements eût pourtant été signifiante.
Je m’aperçois en finissant d’écrire que nous sommes déjà le premier aout. La 29ème séance de cette XIIIème législature n’est pas encore achevée et va sans doute se prolonger encore tard dans la nuit. Le temps file si vite.