Dans le train, installée comme une reine, mon bel ordinateur et son « wifi volant » devant moi. Un « wifi volant » (appellation non déposée) est un mignon petit rectangle de plastique noir qui, judicieusement introduit dans la prise ad hoc de l’ordi, me relie avec le monde ; ça ne marche pas toujours bien, mais c’est quand même assez magique.
En face de moi, un monsieur balaise et peu engageant, le nez rivé sur ses dossiers…
A l’Assemblée, les choses sérieuses ont commencé. Je ne parle pas du discours de politique générale de François Fillon hier : j’ai dit le peu de souffle que j’y avais trouvé. La presse, Figaro compris, n’a pas été plus enthousiaste. Le Monde en date du 5 juillet « un discours sans fautes et sans relief » « du Sarko light ». C’était aujourd’hui principalement du travail de commission, avec l’audition de Martin Hirsch sur le projet de « Revenu de Solidarité Active » qui est censé remplacer le RMI au terme d’une phase d’expériementation dans une dizaine de départements.
Après cela, la présentation par un rapporteur du gouvernement du projet de loi « Travail, chômage, pouvoir d’achat ». Voilà un des éxercices clefs de la vie parlementaire. La commission concernée par le projet de loi, composée au prorata de la représentation de l’Assemblée elle-même, se réunit pour analyser la loi, présentée article par article par un « rapporteur ». Auparavant, les groupes politiques ont convenu individuellement des amendements qu’ils souhaitaient déposer. Et l’on examine parallèlement les amendements les uns après les autres. Exercice très précis où il convient de peser les mots un par un pour éviter toute ambiguïté au texte.
J’ai écouté sagement pour me pénétrer de la démarche. La loi étudiée comporte l’extension et la défiscalisation des heures supplémentaires. Mesure inique, extrèmement coûteuse, sans aucune chance de répercussion positive sur l’emploi. Les salariés bien sûr ne choisiront pas de faire des heures supplémentaires qui seront à la discrétion de leur patron (et de son carnet de commande) ; au contraire, s’ils refusent de les faire sans raison « légitime », ils pourront être sanctionnés, voire licenciés. Ce point a été soigneusement passé sous silence pendant la campagne électorale. « Travailler plus pour gagner plus » n’est ainsi d’aucune façon laissé au choix de l’employé comme on l’a laissé entendre.
Les partenaires sociaux n’ont aucunement été consultés, contrairement là aussi aux annonces d’ouverture et de dialogue social. Tous, à l’exception de la CFTC, ont fait connaitre leur opposition au projet. Cela ne fait que renforcer la volonté du Gouvernement de le faire avaliser par le parlement dans l’urgence de ces quelques semaines d’été.
Tout cela est pour moi un nouveau mêtier. Nous avons été en plein accord avec Pascale Got, nouvelle députée du Médoc, pour ressentir qu’il était plus difficile de rompre avec l’ancien que d’en aborder un nouveau. Celui-là est sans aucun doute passionnant, et je me réjouis d’avoir la possibilité de cette « formation tout au long de la vie ».
Je ne dis pas cela légèrement. Cela me conforte dans l’idée qu’une vie professionnelle peut-être évolutive et que mon âge n’est pas celui de la retraite mais peut-être d’une activité différente et nouveaux investissements.
Le train s’arrête à l’instant en gare de Poitiers et mon voisin s’apprête à descendre. Il fait bon, le voyage est calme et confortable. C’est bête à dire, mais je mesure ma chance de faire ce nouveau mêtier, de me sentir plus ou moins en bon état et capable de l’éxercer. Le vent se lève, il n’y a pas d’âge pour tenter de vivre.